Réputée « tranquille », la capitale bretonne et son aristocratie catholique réservent un accueil très hostile au capitaine de confession juive. Pendant quelques semaines, Rennes sera la ville la plus scrutée de France. « Les autorités pensaient sans doute qu’en organisant le procès ici en plein été, cela passerait inaperçu », sourit Gilles Brohan, animateur du patrimoine à Destination Rennes.
Le 9 septembre 1899, Alfred Dreyfus est de nouveau jugé coupable de trahison et condamné à dix ans de réclusion. Avant d’être gracié quelques semaines plus tard, comme un aveu de l’erreur commise par la juridiction militaire.
Plus de 300 journalistes
Cent vingt ans plus tard, la capitale bretonne n’a pas oublié. Une exposition photos consacrée au procès habille les grilles du lycée Zola.
C’est là que le procès s’était tenu, sous les yeux de 300 journalistes venus du monde entier. « La salle du conseil de guerre située dans la prison militaire était trop petite. On a alors choisi la salle des fêtes du lycée situé de l’autre côté de la rue », détaille le spécialiste de l’histoire rennaise.
La salle des fêtes a été transformée en gymnase et le lycée a depuis pris le nom d’Emile Zola.
Le procès attire tellement les regards que le propriétaire d’un terrain situé en face du lycée installe une estrade et fait payer la place aux curieux qui veulent voir le capitaine arriver ou partir du tribunal improvisé.
Le Café de la Paix, rendez-vous prisé
Un peu plus loin, le Café de la Paix est également un témoin privilégié de ce scandale judiciaire.
C’est dans cette aile du palais du commerce tout juste construit que les journalistes venaient échanger après avoir envoyé leur compte rendu d’audience par télégramme à la Poste installée juste à côté. Moins nombreux, les dreyfusards, qui croyaient en l’innocence du capitaine, aimaient se retrouver à l’auberge des Trois Pas, devenue Lecoq Gadby.
Pendant toute la durée du procès, la tension sera palpable dans les rues de la capitale bretonne.
L’un des avocats d’Alfred Dreyfus sera même victime d’une tentative d’assassinat à deux pas de la salle d’audience. « Il faut se remettre dans le contexte de cette France coloniale qui subit la montée de l’antisémitisme », rappelle Gilles Brohan.
L’histoire se souviendra que des membres des renseignements généraux français ont été jusqu’à se déguiser en curé pour tenter d’en savoir plus sur la teneur des débats. Alfred Dreyfus ne sera réhabilité qu’en 1906. Il décédera en 1935 dans l’indifférence la plus totale. Mais son nom marquera à jamais l’histoire de Rennes et de la France.
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