Un ancien juif ultra-orthodoxe a claqué la porte de sa communauté religieuse à 42 ans pour enfin réaliser le rêve qui l’a habité toute sa vie: celui de devenir chanteur rock. « Je dirais sans aucune hésitation que la musique m’a sauvé la vie. Je n’aimais pas mon style de vie, mais je pouvais toujours me réfugier dans la musique », confie l’auteur-compositeur-interprète Danny Blueberry, rencontré à son domicile de Hampstead, sur l’île de Montréal.......Portrait.........
Sa vie
Une dizaine d’années après avoir tourné le dos au judaïsme, Blueberry a lancé en août son premier album, intitulé Isolation (Isolement).
« Ma vie entière s’est déroulée en isolement, et c’est pourquoi j’ai appelé l’album ainsi », indique le chanteur.
L’artiste a été élevé dans une communauté juive ultra-orthodoxe de Montréal, une branche très conservatrice du judaïsme. Ce style de vie ne laisse à peu près aucune liberté, soutient le chanteur et guitariste, une dimension de la religion qu’il a toujours détestée.
« Je n’ai jamais aimé les règles, jamais aimé l’habillement, tu n’étais pas sensé posé de questions, et j’en avais des milliers en tête », indique-t-il.
Rock interdit
Pas question non plus d’écouter de la musique rock, également interdite par la religion. C’est donc par hasard – voire par erreur – qu’il a entendu, vers l’âge de 12 ans, ses premières notes de guitare électrique, un événement qui l’a « secoué ».
« J’étais en vacances à New York avec mes parents. Mon père a démarré la voiture, puis pendant une fraction de seconde, j’ai pu entendre Walk This Way d’Aerosmith. C’est entré dans ma tête et ça ne voulait plus en sortir », raconte-t-il, les yeux brillants.
Complètement fasciné par cette musique « différente », Danny Blueberry écrit des dizaines de chansons au fil des ans.
Une passion qui lui permet de « survivre », bien qu’il reste profondément malheureux.
Prisonnier
« Ma vie était très routinière, et j’avais l’impression d’être prisonnier. Je me disais que j’allais mourir avec elle », raconte-t-il.
Puis, en 2005, tout s’écroule. Son mariage bat de l’aile, l’entreprise familiale connaît des difficultés, et Danny Blueberry, alors Danny Fonfeder, décide de tout quitter.
« Je me suis dit : “Ça y est, je quitte !” À 42 ans, de toute façon, je n’avais jamais cru en la religion », laisse-t-il tomber.
Malgré des années de dépression et un divorce douloureux, Blueberry ne regrette pas une seconde d’avoir opté pour ce changement de vie radical.
« En 2019, je me dis qu’il était temps de lancer officiellement ma carrière de musicien, et advienne que pourra. C’est le temps de changer ma vie », dit-il, tout sourire.
Des guitares sculptées dans le bois
Le chanteur Danny Blueberry a mis sur pied une entreprise qui vend des guitares sculptées dans le bois grâce au savoir-faire ancestral d’artisans de Bali, en Indonésie.
« J’en ai déjà vendu des milliers. Elles sont très populaires », soutient l’homme d’affaires.
Et pour cause : une de ces guitares a été utilisée en 2013 par le président indonésien Susilo Bambang
Yudhoyono pour chanter bon anniversaire au président russe Vladimir Poutine.
Chemin tortueux
Le chemin vers ce succès commercial a cependant été aussi tortueux qu’audacieux.
Les balbutiements des guitares Blueberry remontent à 2005.
Lors d’un voyage en Indonésie, l’entrepreneur est ébloui par le talent des artisans locaux.
Ainsi germe l’idée d’utiliser leur savoir-faire pour concevoir des guitares où serait intégrée la sculpture artistique du bois.
« J’ai donné 200 $ à un artisan en lui demandant de fabriquer cinq guitares. Puis je lui ai dit que je serais de retour dans quelques mois », raconte Danny Blueberry.
Si les guitares fabriquées par les Balinais respectaient l’esthétique de l’instrument, elles étaient cependant loin d’offrir un son de qualité. Alors, ne reculant devant rien, il a convaincu un luthier du Vermont de se rendre en Indonésie pour enseigner aux artisans comment fabriquer l’instrument à cordes. Il y sera resté un an.
« Tout le monde croyait que j’étais tombé sur la tête », dit Blueberry, en riant de bon cœur.
Son empreinte
Après des dizaines d’essais-erreurs, le chanteur obtient finalement un produit qui le satisfait, lui permettant alors d’entamer l’étape de la commercialisation, vers 2007.
Aujourd’hui, chaque guitare vendue est unique et porte l’empreinte digitale de son créateur, une façon de rendre hommage à l’artiste derrière l’instrument.
Source TVA Nouvelles
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