jeudi 31 mai 2018

Selon Yoram schweitzer, l'attaque de Liège, l'acte d'un "loup solitaire"


Yoram Schweitzer a dirigé les services de renseignement contre le terrorisme au sein de l’armée israélienne. Pour ce spécialiste des attaques suicides, l'attaque de Liège n'est pas un événement isolé. C'est l'attaque "d'un loup solitaire", un délinquant radicalisé. Il recommande une plus grande surveillance du salafisme en prison, mais aussi sur Internet.......Analyse........


Benjamin Herman, l’auteur de l’attaque de Liège qui a coûté la vie à deux policières (photo ci-dessus) et un homme de 22 ans, présente un profil de terroriste radicalisé.
L’utilisation d’une arme blanche, les cris d’"allahou akbar" proférés durant l’attaque, les propos tenus à la femme d’ouvrage du lycée de Waha, épargnée parce qu’elle faisait le ramadan, à qui il aurait dit qu’il agissait au nom de ses "frères palestiniens" et de ses "frères syriens"…
Sous réserve des conclusions de l’enquête en cours, tout correspond au profil d’un "loup solitaire".
Un terroriste seul passant à l’acte, encouragé par la propagande de l’État islamique diffusée via un mentor ou sur internet.
Un délinquant pour qui l'attaque est une manière de se racheter envers l'islam. La revendication par l'Etat islamique n'indique pas qu'il a été prémédité par l'organisation terroriste, mais l'attaque a été perpétrée en conformité avec ses prescrits.
Benjamin Herman s’est converti et radicalisé lors de ses séjours en prison, à l’insu du personnel de surveillance.
Hormis deux contacts avec des individus radicalisés, relevés par la Sûreté de l’État, rien ne laissait transparaître cette radicalisation.

Yoram Schweitzer

L’attaque terroriste, un acte de purification

"Ce n’est pas un phénomène unique. Beaucoup de jeunes ayant un lourd bagage criminel adoptent l’interprétation de l’islam qui leur est enseignée en prison par des extrémistes salafistes, car c’est une religion qui leur donne un but, une manière de se purifier de leurs crimes", explique Yoram Schweitzer, l’ancien patron des services de renseignement contre le terrorisme au sein de l’armée israélienne.
"Il a suffi qu’il rencontre une personne radicalisée en prison pour qu’il décide de suivre ce chemin de purification. Ces personnes ne sont pas éduquées, elles ne connaissent rien de l’islam et sont déboussolées. C’est d’autant plus facile de les influencer", ajoute-t-il.
Benjamin Herman est sorti de la prison de Marche-en-Famenne lundi à 7h30 et est passé à l’acte mardi matin, alors qu’il devait rentrer en cellule mardi soir. Cette proximité entre l’attaque et la sortie de prison étonne l’expert.
"Le fait qu’il soit sorti de prison et commette une attaque aussi rapidement n’est pas habituel", poursuit-il, "il est probable qu’il n’ait pas agi seul, qu’il ait suivi des orientations dictées ou inspirées par une autre personne".
Yoram Schweitzer est un des experts les plus réputés du monde en matière d’attaques terroristes.
Spécialisé depuis une vingtaine d’années dans les attentats suicides, il a interrogé en prison des dizaines de candidats terroristes et kamikazes radicalisés, s’attachant à décrypter leurs motivations psychologiques. Et a contribué à réduire les attaques en Israël.

Benjamin Herman, le tueur

L’incapacité des surveillants de détecter la radicalisation de Benjamin Herman étonne l'expert israélien.
"Les signes de radicalisation dépendent de la personnalité et de la manière dont ceux qui ont radicalisé cette personne ont opéré. Il peut avoir été programmé pour une mission spécifique", poursuit Yoram Schweitzer.

Chercher et interpréter les signes de radicalisation

L’auteur de la tuerie de Liège était resté discret sur sa conversion à l’islam. "Difficile de voir s’il s’est radicalisé. Il peut cacher ses tendances en se donnant un air studieux. Quelques fois, ils portent des signes sur eux montrant la radicalisation", dit-il.
Le conseil de Yoram Schweitzer? "Traquer le moindre signe de radicalisation chez les prisonniers", dit-il. "Nous savons que les prisons sont des hauts lieux de radicalisation. Ces gens sortent de prison et finissent par commettre l’irréparable. Il faut dont agir avant".
La radicalisation instillée par les salafistes ne s’apparente pas à l’islam courant. "Ce n’est pas de l’islam, c’est une interprétation de l’islam. Un djihad. Une mission. Il faut le traiter comme tel.
Il y a des méthodes pour contrer la radicalisation", insiste Yoram Schweitzer, "c’est une question de sécurité, de surveillance.
Il faut faire en prison comme dans les quartiers difficiles, il faut interroger les éléments de la communauté musulmane pour obtenir des renseignements sur les radicalisés".
Yoram Schweitzer estime que "ce genre d’attaque arrivera à nouveau. C’est inévitable. Il y a encore beaucoup de loups solitaires. Ils sont visibles sur internet, c’est là qu’il faut les détecter".
En Belgique, les prisonniers les plus radicalisés sont connus et isolés des autres détenus. Mais cette mesure d’isolement n’est pas suffisante pour prévenir des dérives.
Le contact physique est-il nécessaire pour radicaliser un individu? "Il suffit que le prisonnier regarde la télévision, s’inspire de l’actualité. Il suffit qu’il aille sur internet.
Généralement, ce genre de personnage n’apprend pas seul. Il a besoin de directives." Même s’il finit par attaquer seul.

Source L'Echo
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