mardi 29 mai 2018

Hedy Lamarr, celle qui nous manque dans le monde sexiste des start-up


Ce week-end avait lieu à Paris le salon Viva Tech, grand raout de la start-up et de la nouvelle technologie auquel Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, est venu faire un tour. À l'occasion de ce salon, la secrétaire d'Etat à l'égalité femmes-hommes Marlène Schiappa s'est fendue d'un discours en faveur des femmes dans les start-up, en introduction d'une table ronde subtilement intitulée "Girl Power".......Détails.......

On notera la référence à Ada Lovelace, mathématicienne anglaise du 19ème siècle, considérée comme l'autrice du premier programme informatique jamais réalisé.
On notera aussi que cette table ronde a fait l'objet de très peu de reprises par les médias. Tout juste a-t-on pu lire une dépêche AFP (inexplicablement illustrée par la photo d'une femme portant un masque de réalité virtuelle Dior) sur le sujet qui, semble-t-il, passionne bien moins la presse que le voile de la porte-parole du syndicat étudiant l'Unef.
Dommage. Parce que ce qui s'est dit lors de cette table ronde à Viva Tech est sacrément important. On aurait tort de laisser les femmes à l'écart de la révolution technologique. Or "en 2017 en France, les femmes ne représentent que 28% des salariés dans le numérique.

Ce chiffre est encore plus faible dans la Tech, où seulement 16% des salariés sont des femmes. Personne ne voudrait d'une intelligence artificielle entièrement pensée par des hommes, pour la plupart blancs, pas vrai?
Et pourtant, c'est déjà bel et bien le cas et les résultats font peur.
C'est là que je vous dégaine ma Copine d'Avant: l'extraordinaire Hedy Lamarr. Je savais que cette actrice et inventrice suscitait depuis quelques années l'intérêt des femmes de la Tech, et que Google, en 2015, lui avait consacré l'un de ses fameux Doodles.

On va dire que c'était la moindre des choses, vu ce que le patriarcat lui a volé, c'est-à-dire, en résumé, ses idées, son argent, sa santé et sa vie. J'ai eu l'occasion de connaitre plus en détail son parcours grâce à un merveilleux documentaire, "Hedy Lamarr: from Extase to WiFi", réalisé par Alexandra Dean, qui sera en salle le 6 juin 2018.
Si vous parlez d'Hedy Lamarr à votre grand-mère, il y a de grandes chances pour qu'elle vous réponde "Casbah" (1938), "Tondeloyo" (1943) ou "Samson et Dalida" (1949), des films qui ont fait de cette beauté brune, autrichienne de naissance, la quintessence de la femme fatale d'Hollywood. On dit que Disney s'inspira d'elle pour dessiner Blanche Neige. C'est simple, Hedy Lamarr était la plus belle femme du monde.
Pourtant, le plus grand accomplissement d'Hedy Lamarr est l'invention, en 1942, d'un système de transmission de données cryptées basé sur le saut de fréquence, et qui est aujourd'hui encore utilisé pour la téléphonie mobile ou le wifi.
À l'époque, Hedy Lamarr n'en est pas à sa première invention. Bien que n'ayant jamais reçu la moindre formation scientifique, elle tient cette faculté de son père, un riche banquier qui avait l'habitude de lui décrire le fonctionnement du monde.
Le documentaire mentionne aussi des femmes célèbres et rebelles qui dans les années 20, lui ont servi de modèles, comme la photographe Trude Fleischman, ou l'écrivaine Gina Kaus.
Mariée très jeune à un armateur autrichien qui fricote avec les nazis, elle se passionne pour l'industrie de l'armement et la géopolitique. Hedy Lamarr est juive, bien qu'elle rejete complètement sa culture lorsqu'elle décide de quitter l'Autriche et son premier mari (il y en aura cinq autres) pour conquérir Hollywood, à 19 ans.
Mais elle traîne dans ses bagages un boulet bien lourd: "Extase" film scandaleux tourné à Vienne dans son adolescence et dans lequel elle simule un orgasme. Ambiance.
On ne lui pardonnera jamais cette "erreur" de jeunesse. Dans le documentaire, Hedy Lamarr explique qu'elle a été trompée lors du tournage. "J'était seule dans la pièce. On me demandait de lever les bras, et j'ignorais pourquoi je devais faire cela".
Mais pour les magnats de la Metro Goldwyn Meyer, Hedy Lamarr sera toujours la fille légère, la dévergondée, la séductrice, la putain.
Heureusement, il y a dans sa vie quelque hommes pour prêter une attention sincère à son incroyable intellect qui la pousse, sans cesse, à vouloir prendre part aux progrès technologiques de son époque.
Elle glisse à Howard Hughes, un copain, l'idée d'un design plus aérodynamique pour les ailes de ses avions.
Et c'est avec le pianiste Georges Antheil qu'elle en vient donc un jour à mettre au point ce système révolutionnaire de communication par "saut de fréquences" qui devait permettre aux sous-marins de communiquer avec les torpilles.
Bien qu'elle n'ait pas encore à l'époque la nationalité américaine, lorsqu'Hedy Lamarr dépose le brevet de son invention en 1942 et propose de le céder à l'armée américaine, c'est un geste de patriote, décidée à contribuer à vaincre les nazis.
Mais l'US Army lui balance ses schémas à la tête, tourne en ridicule son idée, et l'envoie récolter, à coup de baisers et de décolletés, des obligations de guerre auprès des Américains. Elle s'exécute avec brio et ramène à la cause plus de 45 millions de dollars.
La suite de sa vie, c'est quelques mariage, autant de navets, deux enfants qu'elle élève seule, des millions engloutis dans un film qu'elle essaie de produire, de l'alcool et des amphétamines, la station de ski d'Aspen dont elle dessine les plans, beaucoup de drames, beaucoup de chirurgie esthétique (jamais à court d'une idée, elle contribue aussi à l'innovation dans ce domaine) et une fin de vie solitaire, précaire et recluse.
Ce n'est qu'en 1990 qu'un article reconnait le rôle d'Hedy Lamar dans l'invention du système de saut de fréquences. Le journaliste découvre alors que son brevet a servi à fabriquer les drones de surveillance utilisés par l'armée américaine pendant la guerre du Viêt Nam.
On estime aujourd'hui que son invention aurait dû lui rapporter des centaines de milliards de dollars. En 1997, l'Electronic Frontier Fondation américaine lui décerne un prix pour sa découverte. "C'est pas trop tôt", commentera-t-elle, bien qu'elle refuse d'assister à la cérémonie.
Hedy Lamarr aurait dû être payée pour ce que son brillant cerveau a apporté au monde des télécommunications.
Mais aussi, et surtout, elle aurait pu servir de modèle aux jeunes filles de son époque, et les inciter à embrasser des carrières scientifiques plutôt qu'à rêver de paillettes.
Aujourd'hui, la légende qui s'écrit autour du destin de celle dont on a nié, une vie durant, les formidables capacités scientifiques, sert peut-être d'inspiration à toute une nouvelle génération de femmes.
"C'est toujours mieux que rien", ai-je l'impression de l'entendre dire.

Koide9enisrael a publié un article sur Hedy Lamarr en Avril 2018 ici:

Source HuffingtonPost
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