lundi 1 février 2016

« Maman, je ne veux plus être juif », le beau témoignage d’Harry Bleiberg




Professeur en cancérologie, Harry Bleiberg revient dans son témoignage sur son passé d’enfant caché en Belgique. Un voyage important et douloureux 70 ans en arrière. Le père et la mère, A. et F., sont juifs et sont venus d’Autriche et de Pologne en Belgique où ils espèrent prospérer en paix. Ils ont un fils, H. La guerre éclate, l’Allemagne occupe la Belgique et A. est déporté. F. place leur fils, H. ballotté par l’histoire en pension, et entre elle-même en Résistance...



H. devient alors en toutes lettres Henri Courtois, un enfant caché, bientôt orphelin.
Alternant les points de vue des trois personnages de cette famille nucléaire et éclatée, puis décimée par la Guerre, c’est sous des initiales beckettiennes que Harry Bleiberg se réapproprie son histoire.
Avec son père, si tôt disparu, il va jusqu’à Auschwitz, jusqu’au bout.
Avec sa courageuse mère, c’est la force et la tendresse qui reviennent à la vie.
Quant à sa propre histoire, elle remonte à la surface, pleine de cette question et de ce ressentiment violent : si être juif, c’est vivre tant de souffrance, si de toute façon il faut faire semblant de ne pas l’être pour survivre, alors le petit garçon solitaire, apeuré et interdit ne veut plus l’être, juif : « Ne plus être Juif, ne plus avoir de parents qui ne font que disparaître. Etre Henri Courtois, pour toujours! ».
Dans une tribune récemment publiée dans le Huffington Post et qui porte le titre « Pourquoi encore écrire sur l’extermination des juifs?« , Harry Bleiberg revient sur les phénomènes profonds qui l’ont poussé à écrire des dizaines d’années après avoir dû se cacher et perdu son père : « Je devais réinvestir le corps de ceux qui m’étaient chers, les habiter, vivre leur vie, penser leurs souffrances, leurs désirs, leurs incertitudes. Je devais retrouver A. J’étais resté dans le ressentiment de l’enfant qui avait été abandonné ».
Harry Bleiber, Maman, je ne veux plus être juif, HBC/ Amazon, 327 p., 6.60 euros.


Source Toute la culture