Le 25 février 1941 un événement eut lieu sous l'occupation nazie à Amsterdam qui portera plus tard le nom de « grève de février. » En apprenant la déportation de quelque 425 Juifs néerlandais du quartier juif d'Amsterdam, des centaines de milliers de travailleurs néerlandais arrêtèrent le travail, quittèrent leur poste et firent une grève sauvage...
Les conducteurs de tramway locaux furent les premiers à rejoindre la grève organisée par le Parti communiste néerlandais interdit et peu après, à mesure que la grève s’étendait dans toute la ville, les dockers du chantier naval local d’Amsterdam-Noord rejoignirent la protestation et débrayèrent en masse.
La grève s’étendit à d'autres villes hollandaises voisines dont Utrecht et Zaanstad.
La protestation des travailleurs contre la persécution de la population juive locale par les forces militaires d'occupation allemandes fut violemment écrasée par l'occupant nazi le lendemain.
Trois communistes locaux furent fusillés immédiatement après la répression de la grève et douze autres furent envoyés dans les prisons allemandes. La grève néerlandaise de février resta la seule protestation de ce genre organisée par des non-Juifs au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Dans les jours précédant la grève, il y avait eu des combats de rue entre les nervis nazis locaux du WA (Weerbaarheidsafdeling) et les groupes d'autodéfense juifs, pendant lesquels un membre du WA avait été mortellement blessé. Le 12 février, le commandement allemand stationna des militaires aux entrées du quartier juif dont l’accès était interdit aux non-juifs.
D’autres affrontements violents eurent lieu jusqu'à ce que les autorités allemandes organisent un pogrom à grande échelle le 22 février où 425 jeunes juifs furent pris en otage, puis déportés.
Avant le déclenchement de la guerre en 1940, environ 80 000 Juifs habitaient à Amsterdam. La plupart vivaient dans le quartier juif de la ville (Jodenbuurt). Dès février 1941 cependant, les occupants nazis avaient encerclé le secteur juif de la ville avec des barbelés et transformé le quartier en ghetto.
Après qu’un groupe de résistants hollandais eut brûlé le registre des naissances à Amsterdam pour entraver les recherches des troupes allemandes, les juifs ont été emmenés de chez eux par ordre alphabétique, puis rassemblés et enregistrés dans le théâtre Hollandsche Schouwberg. Presque tous les adultes entrés dans ce théâtre furent plus tard assassinés dans les camps de concentration polonais.
La quasi-totalité de la communauté juive d’avant-guerre aux Pays-Bas, 140.000 personnes, a été transportée vers les camps de la mort nazis, dont la jeune Anne Frank dont les parents vivaient à l'extérieur du quartier juif. Seule la Pologne a perdu une proportion plus grande de ses citoyens juifs que les Pays-Bas pendant l'Holocauste.
Aujourd'hui, la grève de février est toujours commémorée par un défilé annuel devant la statue du Dokwerker, érigée en souvenir de la grève. La statue du docker se trouve sur le trottoir devant la vieille synagogue portugaise d’où fut expulsé le philosophe Baruch Spinoza par ses coreligionnaires juifs orthodoxes.
Source WSWS