Ankara, en conflit avec la Russie, cherche à diversifier ses approvisionnements gaziers. Or Israël vient justement d’adopter un plan d’exploitation de ses gisements offshore. Jérusalem et Ankara vont-ils enterrer la hache de guerre ? Cinq ans après la rupture des relations diplomatiques après l’assaut israélien en 2010 de la flottille de Gaza « Mavi Marmara » ayant coûté la vie à dix citoyens turcs, le processus de normalisation semble en bonne voie...
Lors d’une rencontre secrète en Suisse, organisée voilà une semaine, des émissaires des deux pays sont parvenus à un projet d’accord. Projet que le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, et le président turc, Recep Tayyip Erdogan, doivent encore entériner, avant de le rendre officiel.
Compensation financière
L’accord prévoit notamment une compensation financière des familles des victimes du raid à hauteur de 20 millions de dollars, l’annulation des procédures judiciaires engagées par la Turquie contre Israël, ainsi que le retour des ambassadeurs des deux pays dans leurs bureaux respectifs. Mais ce rapprochement diplomatique est aussi sous-tendu par une forte logique économique.
Logique économique
A la suite de l’attaque, fin novembre, d’un bombardier russe par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne, Ankara est en effet menacé par Moscou de représailles économiques . A l’heure où la Russie pourvoit à 55 % ses besoins en gaz, la Turquie – un énorme marché qui absorbe chaque année entre 40 et 50 milliards de mètres cubes – cherche à tout prix à diversifier ses approvisionnements.
Or Israël, qui vient justement d’adopter un plan d’exploitation de ses gisements offshore , est en mesure d’offrir une coopération gazière.
Selon Matthew Bryza, ancien ambassadeur des Etats-Unis à Bakou, l’Etat hébreu pourrait ainsi livrer 20 % du gaz nécessaire à la Turquie, soit 8 à 10 milliards de mètres cubes.
Sous réserve de la construction d’un pipeline sous-marin de 600 km, reliant le gisement Leviathan situé au large de Haïfa et le littoral méridional turc. Estimé à 2 milliards de dollars, ce projet serait d’un coût inférieur aux investissements requis par les unités flottantes de gaz naturel liquéfié.
Source Les Echos