dimanche 15 février 2015

Ces juifs qui ont défendu la cause algérienne

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De son vivant, comme dans sa mort, Roger Hanin a été un symbole de la fidélité au pays de sa naissance : l'Algérie. Il rappelle ces noms illustres, juifs ou chrétiens, qui, par amour à l'Algérie, sont restés fidèles à notre pays, dans les moments difficiles et pendant la gloire...


Roger Hanin. Un nom qui sera, tant que le monde existe, associé à l'Algérie. Une histoire d'amour véritable. Un amour qui n'a jamais diminué en intensité, même quand cet acteur et réalisateur était au summum de sa réussite, refusant pourtant toute distinction, hormis celle du président de la République, Abdelaziz Bouteflika.
«Paris. Il fait nuit. Je suis dans mon bureau. Je pense à l'Algérie. Comme elle me paraît loin. J'ai peur de ne plus pouvoir la retrouver en pensée. Je ne veux forcer ni mon cœur ni ma mémoire. Où en suis-je de l'Algérie ?» J'écoute cette phrase et j'entends : «Où en suis-je de ma vie ?» Même sensation. L'Algérie, comme ma vie, m'a laissé bonheur, souffrances, frayeurs. Et pourtant, dans le silence de mon bureau, j'ai l'impression, ce soir, que je ne la connais plus et que je n'ai ni droit ni qualité pour en parler. Et si je me taisais tout simplement ? Ah, bien sûr !
Ce serait plus conforme à l'élégance intellectuelle et l'intelligentsia trouverait cette esquive correcte. Mais, décidément, ce soir je ne suis pas correct !... Je n'ai jamais été correct. Ni intellectuellement correct, ni politiquement correct, ni ‘algériennement’ correct», rapporte L'Humanité, citant une récente réflexion de Roger Hanin. D'autres juifs et non juifs, ayant embrassé la cause algérienne du temps de la colonisation française, imposent le respect, au même titre que le regretté Roger Hanin.
Parmi eux, un moudjahid, Fernand Yveton, guillotiné par l'armée française le 11 février 1957, dans la cour de la prison de Barberousse, à Alger, après avoir été torturé du mercredi 14 novembre au samedi 17 novembre 1956, au commissariat central d'Alger. Me Albert Smadja, son avocat commis d'office, témoin de l'exécution, rapporte qu'avant de mourir, Fernand Yveton déclara : «La vie d'un homme, la mienne, compte peu. Ce qui compte, c'est l'Algérie, son avenir.
 Et l'Algérie sera libre demain. Je suis persuadé que l'amitié entre Français et Algériens se ressoudera.» Le colonialisme reprochait à ce juif son soutien engagé à la lutte de libération contre l'occupation française. Il y a également Myriam Ben qui, dès le début de la Guerre d'Algérie, en 1954 et 1955, collabore au journal Alger Républicain. Elle s'engage dans la guerre de Libération de l'Algérie en devenant agent de liaison dans le maquis de l'Ouarsenis. Recherchée par la police, elle entre dans la clandestinité.
En 1958, elle est condamnée par contumace à vingt ans de travaux forcés par le tribunal militaire d'Alger. Le nouveau ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, a récemment confié son vœu de rouvrir les synagogues fermées en raison de menaces terroristes. L'éventualité évoquée par le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, de rouvrir les synagogues en Algérie, loin de refléter une «volonté de se rapprocher d'Israël», est une preuve de la reconnaissance de l'Algérie des sacrifices consentis par des juifs pour l'indépendance du pays.
Une évocation qui reflète, également, la tolérance de la différence religieuse et de race, prônée par la religion musulmane, contrairement à l'image montrée par le terrorisme et l'islamophobie. C'est l'Algérie qui, restée fidèle au principe de décolonisation des peuples, dont les peuples sahraoui et palestinien, ouvre les bras à tous ses enfants, sans distinction religieuse.
Source Le Temps Dz