Pour la première fois depuis les tueries de Charlie Hebdo, Montrouge et la Porte de Vincennes dans la semaine du 7 janvier, la France a connu ce mardi, à Nice, une nouvelle alerte qui lui rappelle qu’elle n’en a pas fini avec le péril djihadiste. L’agression de trois militaires par un individu armé de couteaux confirme les craintes des pouvoirs publics comme celles de la communauté israélite : la menace demeure très importante et n’émane pas nécessairement de filières organisées...
C’est a priori le cas de l’individu qui a agi en début d’après-midi hier devant le centre communautaire juif niçois. Ce loup a priori solitaire s’en est pris sans réel motif aux trois militaires en faction devant le site.
Laissant tomber devant eux un sac plastique pour détourner leur attention, l’homme a sorti un couteau de sa manche avant de viser le visage de sa première victime qui portait un gilet pare-éclats. Il a été maîtrisé par les forces de l’ordre, faisant au passage un deuxième blessé léger. Un potentiel complice de 43 ans, de nationalité canadienne mais natif du Tchad, a été interpellé vers 16 heures.
L’enquête a d’ores et déjà révélé plusieurs choses sur cet agresseur, bien connu de la justice française mais aussi de la police aux frontières (PAF) : le 28 janvier dernier, Moussa Coulibaly (rien ne permettait hier soir d’établir un lien de parenté entre lui et Amedy Coulibaly, l’auteur des tragédies de Montrouge et de Vincennes) avait été refoulé par les autorités turques après un signalement de la PAF à Ajaccio qui avait jugé douteux qu’il ne dispose que d’un aller simple pour la Turquie.
Une pratique répandue chez les candidats au djihad qui utilisent Istanbul comme porte d’entrée pour l’Irak ou la Syrie. Entendu par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) dès son retour sur le territoire français, rien n’avait permis de transmettre son dossier à la justice.
Âgé de 30 ans et originaire de la région parisienne, il avait été repéré mi-décembre alors qu’il se prêtait à un prosélytisme agressif dans une salle de sport des Yvelines. Il compte par ailleurs à son casier judiciaire six condamnations à des peines d’amende et de prison avec sursis pour des faits de droit commun (vol, outrage et rébellion, usage de stupéfiants, dégradation) commis à Mulhouse entre 2006 et 2009.
À l’Élysée, ce nouvel attentat a été pris très au sérieux. Bernard Cazeneuve et Jean-Yves Le Drian, ministres de l’Intérieur et de la Défense, étaient hier à Nice. François Hollande a pour sa part condamné cet « acte criminel » et demandé que toute la lumière soit faite sur les motivations et les circonstances de ce qui aurait pu se solder par un nouveau carnage.
Les 10 500 militaires déployés partout en France devant les journaux, établissements et lieux de culte juifs et musulmans, dans le cadre du plan Vigipirate renforcé, n’en sont semble-t-il qu’aux prémices de leur mission.
Tout comme la justice qui a ordonné hier en Isère le placement de cinq enfants dont le père bigame est soupçonné de radicalisation et suspecté de « départ à l’étranger ».
Par Fabrice Veysseyre-Redon
Source L'Est republicain