Aux premières heures de ce lundi, Tsahal a frappé neuf cibles à l’intérieur du territoire syrien à proximité de la frontière israélienne. Cette attaque constitue la riposte des Hébreux à l’agression gratuite de l’Armée régulière syrienne, dimanche matin, contre des ouvriers civils travaillant à l’entretien de la barrière de sécurité sur la frontière, dans le Golan central. Ce guet-apens à la grenade antichar a coûté la vie au jeune Mohamed Fahmi Krakra, âgé de 14 ans, et a blessé trois autres civils, dont l’un se trouve dans un état critique. Les interventions israéliennes de cette nuit ont été menées par l’aviation, ainsi qu’à l’aide de missiles Tamouz ( voir photo ci-dessus )...
Les objectifs comprenaient des centres de commandement de l’Armée de Béchar al Assad, ainsi que des positions de tir face au territoire tenu par les rebelles sur le plateau du Golan.
Tsahal annonce des coups au but, ce qui signifie que toutes les cibles ont été atteintes et détruites.
Le porte-parole de l’Armée de Défense d’Israël, le lieutenant-colonel Peter Lerner, a déclaré au sujet des récents événements : "L’attaque d’hier était un acte d’agression non provoqué contre Israël, s’inscrivant dans la continuité d’attaques récentes qui se sont produites dans la région. Tsahal ne tolérera aucune tentative visant à violer la souveraineté israélienne et agira de manière à protéger les civils de l’Etat d’Israël".
Les frappes de ce matin constituent l’avertissement le plus sérieux adressé par Israël au régime alaouite de Damas. En les assénant, l’Etat hébreu entend indiquer à Béchar al Assad que si ce dernier désire instaurer une guerre d’usure dans le Golan, faite d’agressions sporadiques, Israël ripostera fermement, en s’en prenant à des objectifs stratégiques.
Nous sommes en mesure d’ajouter que si le despote syrien n’a pas saisi le message et persiste dans ses agressions, les ripostes israéliennes iront s’amplifiant graduellement, jusqu’à s’en prendre à des objectifs militaires clés du régime dans la Guerre civile.
L’équation que les stratèges Israéliens sont en train d’imposer détermine que : "si l’Armée syrienne prend l’initiative d’attaquer des objectifs sans importance stratégique à l’intérieur du territoire qu’elle protège, Tsahal riposte en détruisant des positions névralgiques, nécessaires à Assad pour mener sa guerre contre les rebelles".
A la Ména, tout comme, très probablement, parmi les analystes stratégiques de l’Armée israélienne, nous n’entrevoyons pas la rationalité justifiant, pour le pouvoir syrien, l’activation d’un nouveau front face à Israël.
L’ouverture d’un tel front ne pourra qu’affaiblir les forces alaouites, et, si la situation venait à dégénérer, à rompre le rapport de forces dans la Guerre civile syrienne au profit de l’opposition armée.
L’unique justification du sacrifice par Assad de ses postes de commandement et de ses bases dans la région limitrophe participe d’un acte de propagande visant à se positionner dans le monde arabo-musulman comme le plus sérieux adversaire de l’ "ennemi israélien".
Nul doute que ces provocations (mal) calculées sont instillées en coordination avec la "République" Islamique d’Iran dans le but de générer une aire de friction entre l’alliance chiite-alaouite et l’Etat hébreu.
Cette initiative particulière, qui semble dictée par une sorte de "désespoir stratégique", coïncide avec la progression d’EIIL dans l’ouest iraquien et dans le centre de la Syrie, ainsi que par le fait que les djihadistes iraquiens ont atteint hier la frontière jordanienne.
Le royaume hachémite a renforcé son dispositif militaire à l’est de son territoire afin de faire face à une éventuelle tentative d’invasion de la part de l’Etat Islamique en Iraq et au Levant. Si celle-ci devait se produire, on s’attendra à une implication immédiate des Israéliens et des Américains aux côtés des forces du roi Abdallah II.
Et si ce scénario devait se réaliser, les Israéliens deviendraient des alliés malgré eux du despote Béchar al Assad dans la guerre contre les islamistes.
Dans le cadre de la dégradation de la situation régionale face à l’avancée d’EIIL, les provocations autodestructrices de Damas paraissent inexplicables, ou issues d’une mauvaise appréciation stratégique de la situation. On est tenté d’écrire : d’une mauvaise appréciation stratégique, "une fois de plus" de la part du clan alaouite. A sa place, nous ferions tout pour maintenir le calme sur le front israélien afin de pouvoir utiliser la totalité de nos forces face à l’opposition sunnite et à ses alliés iraquiens. Mais nous ne sommes pas à sa place.
Source Mena Press