dimanche 16 décembre 2012

La double destruction de Tsfat



Pour la deuxième fois en moins d'un mois, la ville de Safed –Tsfat -, en Galilée, est frappée par un tremblement de terre terrible qui ravagea tout le long de la zone de la faille du Levant.

Le premier séisme avait eu lieu à 4 h du matin le 30 Octobre avec une force de 6,6 sur l'échelle de de Richter. Il avait été ressenti jusqu'à Damas et tout le long de la côte méditerranéenne.
Quelque 2.000 personnes ont péri dans la catastrophe, près de 200 dans la ville elle-même.

Le 25 Novembre 1759,se produit une réplique, évaluée à 7,5 sur l'échelle de Richter, encore plus destructrice, détruisant également un tiers de la ville de Damas et tuant des milliers de personnes en Syrie, endommageant Tripoli et abattant sur les survivants les colonnes du temple de l'époque romaine à Baalbek. Safed, quant à elle, n'est plus que ruines.

Bien que la ville soit mentionnée dans la Bible et le Talmud, elle n'a commencé à jouer un rôle important dans la vie juive en Terre d'Israël qu'au 13ème siècle sous la protection des mamelouks qui occupaient alors la région.

L'expulsion des Juifs d'Espagne en1492 y amena un afflux vivifiant de juifs séfarades et, au 18ème siècle, à l'aube de ces deux tremblements de terre, Safed était considérée comme l'une des quatre villes saintes du judaïsme, avec Jérusalem, Hébron et Tibériade.

Les communautés juives séfarades, mais aussi ashkénazes ou d'origine italienne font de la ville l'épicentre du développement de la pensée mystique juive et de l'étude rabbinique. Centre commercial et économique, Safed a abrité en ses murs dès 1563, la première imprimerie au Moyen-Orient.

En 1759, cependant, victime des guerres qui opposaient Druzes et les forces ottomanes depuis 1660 puis de la flambée de peste dans les années 1740, la ville avait déjà décliné,
Les deux tremblements de terre de 1759 finissent de l'abattre; elle renaîtra pourtant de ses cendres.

La plupart des Juifs ayant survécu avaient fui la ville mais un sang neuf arrivait déjà : des immigrants juifs venus d'Europe. Tout d'abord, en 1778, quelque 300 partisans du Baal Shem Tov, fondateur du hassidisme, et, quelques années plus tard, près de 450 disciples du Gaon de Vilna, les rejoignent.

Pourtant ces deux groupes antagonistes – les disciples du Gaon de Vilna sont appelés mitnagdim (les opposants) précisément parce qu'adversaires farouches du hassidisme – vont cohabiter dans la ville et la faire revivre en ce début du 19e siècle.

Les catastrophes ne vont pas les épargner : guerre, épidémie et, le 1er Janvier 1837, un nouveau grand tremblement de terre (celui-ci le long de la faille courant depuis la Mer Morte).
Le quartier juif de la ville, érigé sur une colline, est quasiment détruit, toutes les maisons construites au sommet s'effondrant sur les toits de celles d'en-dessous.

Les équipes de secours ne commencent à arriver que le 19 Janvier. Environ la moitié de la population juive, estimée à près de 4000 personnes, trouve la mort dans ce désastre.
La ville aura du mal à s'en remettre, autant sur le plan humain que sur le plan économique. L'activité d'imprimerie s'éparpille.
Les premières vagues d'alya à la fin du 19 ème siècle décrivent Safed comme une ville misérable et désertée.

Source Israel-infos