La capacité à distinguer les odeurs prédirait le rétablissement des patients en état altéré de conscience.
Telle est la conclusion d’une nouvelle étude signée par l’équipe d’Anat Arzi, chercheuse au département de psychologie de l’université de Cambridge (Royaume-Uni) avec l’Institut des sciences Weizmann et l’Hôpital de rééducation Loewenstein (Israël).
Un test olfactif avec 43 personnes victimes d’une lésion cérébrale grave
"Pendant ma thèse nous avons découvert que la réponse olfactive - c’est-à-dire le changement du flux nasal selon le type d’odeur, plaisante ou déplaisante - était visible même pendant le sommeil, en dépit du manque d’éveil conscient, raconte Anat Arzi.
Nous nous sommes donc demandé ce qui se passe dans les autres états de conscience altérée."
Pour répondre à la question, la chercheuse a fait passer un test olfactif à 43 personnes victimes d’une lésion cérébrale grave. Certaines étaient en état d’éveil non-répondant (anciennement dit végétatif : yeux ouverts, pas de conscience de l’environnement) et d’autres en état de conscience minimale (éveillés, conscience fluctuante). Différents récipients contenant une odeur agréable (shampoing), désagréable (poisson pourri) ou neutre ont été placés placés sous leur nez.
Leur flux nasal était alors mesuré grâce à une canule insérée dans l’appendice. Réitéré durant plusieurs semaines, ce test a été suivi d’examens standards de conscience (stimulations, IRM fonctionnel, électroencéphalogramme…). Observation : chez certains patients, le flux nasal varie en fonction des bonnes ou mauvaises odeurs (discrimination olfactive), chez d’autres, non.
Mais 100 % de ceux dont le flux nasal a varié ont vu leur état de conscience s’améliorer avec le temps. Et plus de 91 % ont survécu plus de trois ans après leur blessure.
A contrario, 63 % des sujets qui n’ont pas discriminé les odeurs sont décédés. Il semblerait donc, selon les auteurs, qu’une bonne réponse olfactive indique un niveau de conscience probable, alors que les autres signes peuvent être absents.
Une autre façon de tester le cerveau
"C’est une très belle étude, commente le professeur Steven Laureys, fondateur du Coma Science Group au CHU de Liège (Belgique).
Les tests standards permettent de rechercher plutôt l’activité du thalamus, par lesquels passent tous nos sens, sauf l’olfaction, qui dépend directement du cortex orbitofrontal.
C’est donc une autre façon de tester le cerveau." Reste à savoir comment utiliser cette découverte. " La précision du “test du snif” est remarquable, note Anat Arzi. Nous envisageons maintenant un examen très simple au chevet du malade, qui pourrait aider à la détection de la conscience chez les patients blessés. "
Le professeur Laureys, lui, tempère. "L’équipe de l’Institut Weizmann est connue pour sa très grande maîtrise de ce type de mesures.
Il faudrait s’assurer qu’elles sont reproductibles par tous dans des situations cliniques routinières."
Source Sciences et Avenir
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