Venu à l’idée du Quatuor de Jérusalem par une demande d’Harmonia Mundi de proposer un album original, le programme donné au Théâtre des Champs-Élysées se construit autour de trois ouvrages de compositeurs juifs, sur le thème du cabaret yiddish.
Écrite par Leonid Desyatnikov à la demande de la formation, la pièce médiane reprend Cinq Chansons de cabaret yiddish, transcrites pour voix et quatuor à cordes, alors qu’elles étaient jouées pour ensembles divers entre les deux guerres à Varsovie et Łódź.
La soprano Hila Baggio y tient la partie vocale, mise en scène grâce à quelques accessoires, dont sa robe en strass rouge.
On apporte alors sur le plateau un disque vinyle, une boite, une veste et un chapeau, tous récupérés au dernier chant par trois des musiciens du quatuor, qui s’échappent au fur et à mesure vers la coulisse, pour ne laisser finalement que le second violon et son accord répété, ainsi que la chanteuse, assise et désabusée.
D’un hymne de Varsovie à une chanson sur une prostituée juive, en passant par des chants de voleurs, la pièce démontre une certaine qualité d’écriture, mais également un style trop contraint de la part d’un Quatuor de Jérusalem qui semble pourtant vouloir se prendre au jeu de la légèreté, notamment par ses cris de participation pour accompagner la soprano.
Déjà, les Cinq pièces pour quatuor à cordes composées en 1923 par Erwin Schulhoff, bien que mieux adaptées aux musiciens, dévoilent de la crispation dans le traitement de morceaux écrits en hommage au baroque, habituellement interprétés d’un caractère plus enjoué.
En dernière partie, le Quatuor n° 2 opus 26 d’Erich Wolfgang Korngold leur permet de mieux s’exprimer, surtout lors du sombre Larghetto.
Ici, la qualité des quatre instrumentistes, à commencer par le premier violon d’Alexander Pavlovsky, crée une atmosphère plus concentrée, mais aussi plus libre dans le geste de ces artistes classiques.
L’Allegro initial, comme l’Intermezzo ensuite, maintient un jeu plus aéré. Puis la Waltz du finale conclut l’ouvrage autant que le programme officiel du concert, avant un bis donné sans archet, l’Allegretto pizzicato du Quatuor n° 4 de Béla Bartók.
Paris.Théâtre des Champs-Élysées. 27-X-2019. Erwin Schulhoff (1894-1942) : Cinq pièces pour quatuor à cordes. Leonid Desyatnikov (né en 1955) : Cinq chansons de cabaret yiddish pour voix et quatuor à cordes. Hila Baggio, soprano. Erich Wolfgang Korngold (1897-1957) : Quatuor à cordes n° 2 op. 26. Quatuor de Jérusalem
Source ResMusica
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