A sept jours d’élections législatives au cours desquelles il joue clairement son avenir politique, Benjamin Netanyahu (69 ans) jette toutes ses forces dans la bataille.
Au point de faire des promesses destinées à récupérer les voix de l’extrême-droite mais qui plongent dans le même temps toute la région dans l’inquiétude, voire l’angoisse. Ainsi, mardi, reprenant peu ou prou des promesses d’avril dernier - lors des élections législatives, déjà, qui n’ont débouché sur aucune formation de gouvernement, d’où ce retour aux urnes pour les Israéliens le 17 septembre prochain - le Premier ministre israélien a annoncé son intention d’annexer une partie importante de la Judée Samarie dès sa victoire aux élections proclamée.
"Aujourd'hui, j'annonce mon intention d'appliquer, avec un futur gouvernement, la souveraineté d'Israël sur la vallée du Jourdain et la partie nord de la mer Morte", a déclaré le chef du parti Likoud (droite), lors d'une conférence de presse, précisant que cette mesure serait prise "immédiatement" après une victoire aux législatives.
Cette vallée du Jourdain représente environ 30% de la Judée Samarie, un territoire occupé par Israël depuis 52 ans, et Netanyahu a indiqué qu’il entendait annexer les villes juives qui représentent environ 90% du territoire de la vallée, mais "pas des villages ou des villes arabes comme Jéricho".
Pas "un seul Palestinien" ne sera concerné par ce plan, a également précisé le Premier ministre israélien.
Difficile de ne pas voir dans cette promesse un appel du pied très clair destiné à attirer les voix de l’extrême-droite israélienne et l'électorat des juifs favorables à l'annexion de la Judée Samarie alors que le Likoud et le parti centriste "Bleu-blanc" de son rival, l'ancien chef de l'armée Benny Gantz, sont au coude-à-coude dans les projections pour ces élections législatives israéliennes.
Un parti "Bleu-blanc" qui est d’ailleurs également favorable à l’annexion de la vallée du Jourdain…
En attendant les résultats des urnes, cette annonce inquiète sérieusement le monde arabe.
En première ligne face à la promesse de Netanyahu, la Palestine ne peut envisager un tel scénario : "C'est une violation flagrante du droit international, c'est du vol de terre flagrant, c'est du nettoyage ethnique, a réagi Hanane Achraoui, une cadre de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), selon des propos rapportés par l’Agence France Presse.
Il détruit non seulement la solution à deux Etats, mais toute chance de paix, ça change la donne."
Du côté du mouvement terroriste islamiste Hamas, même défiance devant l’annonce du chef de file du Likoud :
"Netanyahu est à la recherche de votes d'extrême droite en vendant à son public l'illusion qu'il peut occuper les terres palestiniennes pour toujours", a ainsi dit à l'AFP Hazem Qassem, porte-parole du mouvement islamiste palestinien, au pouvoir à Gaza.
Quant à la Jordanie, gardienne des lieux saints musulmans à Jérusalem-Est, elle a rapidement averti que cette décision "entraînerait toute la région dans la violence".
Pour sa part, l’Arabie Saoudite parle de "dangereuse escalade". Une escalade qui pourrait donc atteindre son sommet après les résultats des législatives israéliennes dans une semaine.
Le président palestinien Mahmoud Abbas pour sa part a mis en garde mardi que tous les accords de paix prendraient fin si le Premier ministre israélien agissait pour annexer la vallée du Jourdain en Judée Samarie.
M. Abbas a indiqué que les accords signés avec Israël prendraient fin si la partie israélienne impose sa souveraineté sur la vallée du Jourdain, le nord de la mer morte ou toute autre partie des territoires occupés par Israël depuis 1967.
"Nous avons le droit de défendre nos droits et de réaliser nos objectifs par tous les moyens à notre disposition, quels qu'en soient les conséquences, car les décisions de M. Netanyahou enfreignent la légitimité internationale et le droit international", a déclaré le dirigeant palestinien.
Les ministres arabes des Affaires étrangères ont condamné les menaces de M. Netanyahu d'annexer la vallée du Jourdain, qualifiant ce développement de dangereux et de "nouvelle offensive israélienne" qui sape les chances de paix.
Les ministres arabes, réunis au Caire pour la 152ème session du Conseil de la Ligue arabe, ont promis qu'ils étaient prêts à prendre toutes les mesures juridiques et politiques pour contrer cette politique unilatérale d'Israël.
Ils ont mis en garde que le gouvernement israélien porterait la responsabilité des conséquences de ces déclarations, qu'ils ont qualifiées de "dangereuses, illégales et irresponsables".
Ils ont réaffirmé leur adhésion aux principes de la position arabe soutenant les droits légitimes du peuple palestinien, y compris l'établissement d'un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.
Enfin, l'ONU a mis en garde mardi Israël contre une annexion partielle de la Judée Samarie, évoquant une "perspective dévastatrice".
"Une telle perspective serait dévastatrice pour la possibilité de relancer les négociations, la paix régionale et l'essence même d'une solution à deux Etats", Israël et la Palestine, a affirmé le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric.
"Toute décision israélienne visant à imposer ses lois, ses juridictions et son administration en Judée Samarie n'aurait aucun effet international légal", a ajouté Stéphane Dujarric.
Interrogé sur la réaction du chef des Nations unies Antonio Guterres, le porte-parole a répondu: "La position du secrétaire général est claire. Les actions unilatérales n'aident pas au processus de paix".
Source LCi & French Xinhuanet & I24News
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