Le Cartoonmuseum de Bâle qui fête cette année ses 40 ans consacre une grande rétrospective à Joann Sfar, dessinateur phare de sa génération et notamment père de la série « Le Chat du Rabbin ». À découvrir jusqu’au 11 août.......Détails.........
À 48 ans, Joann Sfar est un dessinateur et auteur prolifique : l’auteur des aventures du Chat du Rabbin a signé plus de 160 livres et albums. Le Cartoonmuseum de Bâle lui consacre une exposition.
« C’est une première grande rétrospective avec plus de 200 dessins originaux, aquarelles, peintures et extraits de film » , explique la directrice de la maison, Anette Gehrig. Qui sourit : « Nous avons mis l’accent sur ses œuvres les plus récentes. Même si ce n’est pas facile avec Joann Sfar. Ça va si vite qu’on a du mal à le suivre ! »
C’est avec ce « chat parlant qui embarque un rabbin orthodoxe dans des débats philosophiques » que le visiteur découvre l’exposition – le huitième tome de la série est paru l’an dernier.
Mais ce n’est qu’une introduction à l’œuvre de Joann Sfar. Car, rappelle Anette Gehrig, il a été philosophe avant d’être dessinateur. Et il a écrit : « Pour le dialogue philosophique, la bande dessinée convient mieux que le film, parce qu’on ne peut pas visionner un film à son rythme, et mieux que le texte typographique seul, parce que les locuteurs y sont incarnés. »
Ajoutez à cela ses origines juives et une longue pratique de l’étude de la torah… Et vous aurez aussi une des clefs de l’esthétique de ses dessins : « Il ne veut pas gaspiller l’énergie de l’inspiration par la quête de la perfection » , commente Anette Gehrig.
C’est aussi le sens du titre de l’exposition, Sans début ni fin. Il s’agit de comprendre son œuvre comme un tout, « un cheminement aux ramifications nombreuses. »
La fantaisie de Joann Sfar est sans limite – elle lui a permis de créer les mondes de Petit Vampire , L’Ancien Temps ou Donjon qui révèle ses talents de conteur et de fabuliste en digne héritier de La Fontaine.
Des mondes peuplés de monstres plus ou moins sympathiques, « des marginaux chacun chargé de complexes et de problèmes, d’angoisses et d’espoirs, qui recherchent l’amour, l’amitié et un sentiment de sécurité dans un monde lugubre. »
Mais Joann Sfar est aussi celui qui, depuis 2002, n’a jamais renoncé à prendre la parole, avec ses dessins, quand l’actualité le commandait : après Charlie, après le Bataclan…
Et dans la postface de son dernier volume de sa série Klezmer , il explique pourquoi il ne se tait pas face à la montée des extrêmes droites en Europe : « Qu’est-ce que nous attendons d’un artiste ? Toujours le même monologue ? Personne ne lui prête oreille.
Et si les hommes ne veulent pas être des frères ? Crions encore plus fort ! » Le musée bâlois laisse aussi découvrir quelques dessins originaux faits pour Paris Match, « journal pour qui Joann Sfar travaille depuis un an et demi » , note Anette Gehrig.
Le Cartoonmuseum, qui lance l’année de son 40e anniversaire avec le père de la série Le Chat du Rabbin , propose aussi de voir des extraits de son film très remarqué, Gainsbourg. Vie héroïque (sorti en 2010) – film qui sera d’ailleurs projeté, intégralement, lors d’un rendez-vous au Filmhaus Basel le 23 mai prohain.
Son œuvre de peintre est sans doute moins connue. C’est avec quelques nus que s’achève l’exposition.
Toujours dans une réflexion sur la création artistique – avec Je l’appelle Monsieur Bonnard , par exemple, Joann Sfar se confronte à Pierre Bonnard quand il fait poser son modèle en choisissant des poses inspirées par les célèbres nus du peintre postimpressionniste.
Y ALLER
Joann Sfar. « Sans début ni fin ».
Rétrospective jusqu’au 11 août.
Cartoonmuseum de Bâle
Sankt-Alban Vorstadt 28
Bâle
Ouvert du mardi au dimanche de 11 h à 17 h
Visites guidées en français programmées les dimanches 28 avril, 16 juin et 4 août à 14 h.
Tout le programme (y compris des activités pour les enfants) sur www.cartoonmuseum.ch.
Source L'Alsace
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