Dès ce lundi, une petite rue dans un lotissement de l’ouest de Limoges (Haute-Vienne) portera le nom de Fernande et de Gustave Goetschel. Tombés dans les oubliettes de l’Histoire, les époux Goetschel, qui avaient organisé un réseau d’entraide envers les réfugiés à Limoges pendant la Seconde Guerre mondiale, sont honorés par la ville… 75 ans après.......Détails.......
Tout est parti de deux boîtes contenant une histoire familiale oubliée, qui semblait perdue à jamais dans les arcanes de la grande Histoire de France… « Tu en feras ce que tu veux », dit à Pierre Goetschel son père, en les lui offrant il y a quelques années.
Pierre trouve à l’intérieur un trésor : des archives familiales composées de dizaines de documents, de lettres, de papiers officiels et des noms de personnes aidées durant la Seconde Guerre mondiale à Limoges (Haute-Vienne) par ses grands-parents, Gustave et Fernande Goetschel.
Un couple jusqu’à présent oublié, mais dont l’action sera saluée, 75 ans plus tard.
Ce lundi, dans la cité porcelainière, une rue baptisée du nom des époux sera inaugurée en présence de leurs descendants.
Gustave est mort à Auschwitz en février 1944. Fernande est sortie des camps après 17 mois passés à Auschwitz puis Birkenau.
S’ils ont été déportés, c’est que les Goetschel, juifs originaires d’Alsace, commerçants à Limoges, ont pris une part active à l’organisation d’un réseau d’entraide pour les réfugiés, en particulier pour les juifs alsaciens ou étrangers qui ont transité par Limoges.
Au 1er octobre 1939, ils furent 91 000 réfugiés à trouver hospitalité dans le département de la Haute-Vienne, parmi lesquels une dizaine de milliers de juifs.
L’adresse de leur boutique de chapeaux est connue. Le couple reçoit les personnes qui frappent à leur porte, les aide par le biais de leur comité d’accueil des réfugiés.
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Très connu dans la ville, ami du préfet de police, Gustave fait jouer ses relations haut placées pour se consacrer à ce réseau. Ses actions permettent de porter assistance aux populations juives mais aussi de récupérer des enfants de moins de 5 ans des camps français de Gurs, Agde, Argeles ou Rivesaltes pour les placer dans une pouponnière de Limoges. Et les sauver.
Deux documentaires diffusés ce lundi
En 1942, Gustave intègre le mouvement des Francs-Tireurs et entre dans la clandestinité, bientôt suivi de sa femme.
Le silence entourant les actions du couple s’érige finalement en règle au sein même de la famille.
Une fois la guerre terminée, on ne parle pas aux enfants du rôle joué par les aïeux.
« Je ne savais qu’une chose d’eux, c’est qu’ils avaient été déportés. La mémoire de la déportation avait tout avalé », se rappelle Pierre Goetschel.
À Limoges, en 1949, le conseil municipal a bien voté une délibération pour baptiser une rue en leur nom.
Mais aucune plaque n’est finalement posée. « Peut-être était-ce compliqué à l’époque de donner à une rue un nom à consonance juive », pense Pierre. La famille Goetschel tombe dans l’oubli… jusqu’à ce que le petit-fils alors âgé de 43 ans, exhume ces documents. 43 ans : l’âge qu’avait son grand-père lorsqu’il a rejoint les camps.
Pierre reconstitue le puzzle de leur vie durant des années et réalise deux documentaires de 52 minutes, l’un sur « la destinée collective des juifs réfugiés à Limoges » à travers l’histoire de ses grands-parents, l’autre sur la déportation. « Il fallait qu’ils cessent pour moi de n’être que des fantômes, les fragments d’une histoire restée dans l’ombre », résume le réalisateur.
« La Dernière d’entre elles » et « L’Héritage retrouvé », films de Pierre Goetschel diffusés ce lundi 29 avril sur France 3 Nouvelle-Aquitaine (23h50 à 01h35)
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