Claire Gimpel veut récupérer les trois toiles de son grand-père. Son grand-père a été spolié pendant la guerre. Ce mardi, soit 77 ans plus tard, sa petite-fille va tenir tête à l’Etat français qui refuse de lui rendre les tableaux exposés dans les musées........Détails........
Elle a passé une petite enfance insouciante, entre Londres et Paris, sans savoir qu’elle avait des origines juives.
Il y avait bien le culte d’un grand-père mystérieux, René Gimpel, disparu, grand résistant, collectionneur et célèbre marchand d’art parisien. Et cet oncle dont le bras était tatoué d’un numéro…
Et puis, un jour, jeune adulte, Claire voit « Nuit et brouillard » (NDLR : le film d’Alain Resnais sur les camps de concentration). « Et là, mon histoire familiale me saute au visage. »
Le ventre serré, pendant des années, elle n’aura de cesse de reconstituer le puzzle, de découvrir l’histoire de ce grand-père spolié, mort d’épuisement en camp de concentration.
Cette ancienne éditrice de livres scientifiques cherchera à comprendre pourquoi sa famille « qui voulait après la guerre ne pas pleurer sur son sort, aller de l’avant » avait tu cette tragédie à sa descendance…
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Claire découvre alors que les nazis avaient fait main basse sur 82 caisses d’œuvres diverses, tableaux, meubles, objets… appartenant à son grand-père et se met en tête de récupérer ce qui n’a pas déjà été retrouvé par sa famille après la guerre.« J’oscillais entre les pleurs et la rage »
Mardi, au tribunal de grande instance de Paris, ce sont trois tableaux du fauviste André Derain que Claire Gimpel demandera à l‘Etat de lui restituer, au nom des cinq petits enfants du collectionneur.
« Nous avons fourni au ministère de la Culture tous les éléments prouvant la spoliation », assure-t-elle.
« La Pinède à Cassis » est actuellement détenue par le musée Cantini à Marseille. « C’est le tableau vedette du musée », souligne-t-elle. Les deux autres toiles, la plaignante les a retrouvés lors de la rétrospective Derain à Beaubourg en 2017. « J’oscillais entre les pleurs et la rage… »
Le ministère de la Culture, pour qui ce dossier « fait l’objet d’échanges avec la famille Gimpel depuis plusieurs années » affirme « chercher à approfondir » : « Les recherches sont toujours en cours pour en savoir plus sur la provenance ». La bataille judiciaire s’annonce âpre…
« La difficulté dans ces affaires, résume le spécialiste Jean-Luc Boyer, commandant de police à l’OCBC (Office central de lutte contre le trafic des biens culturels), sorte de « policiers de l’art », c’est de faire tenir le volet pénal. Il faut s’accrocher pour prouver la mauvaise foi des acheteurs et des intervenants ! La majorité des affaires se terminent au civil avec un arrangement financier. »
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