mercredi 10 avril 2019

Les nazis, le QI et la bonté


Si le quotient intellectuel joue un rôle important dans notre destin, il ne garantit en rien les valeurs morales d'un individu, sa bonté ou son altruisme. La mesure de l'intelligence est un sujet éminemment politique et passionnel depuis longtemps. On imagine que l'Allemagne du IIIe Reich en était fanatique. En réalité, les tests de quotient intellectuel (QI) y étaient quasiment interdits........Détails.........



Les dirigeants hitlériens craignaient que les juifs ne se servent de bons résultats aux tests pour accroître leur pouvoir et justifier leur influence, notamment dans les domaines scientifique et universitaire. 
Deux auteurs allemands, F. Becker et E. Jaensch, expliquaient en 1938 que la mesure de l'intelligence serait un instrument de la "juiverie" pour fortifier son hégémonie. 
Staline bloqua pour sa part les travaux d'Alexander Luria sur les capacités intellectuelles pour éviter que les "bourgeois" s'en servent comme outil politique.  

Le QI, tabou de l'extrême gauche à l'extrême droite

En France, Bourdieu, notamment dans un article intitulé "Le racisme de l'intelligence", expliqua également qu'il fallait refuser la mesure de l'intelligence et bloquer les études sur l'origine des différences de capacités cognitives. Selon lui, les résultats de ces études permettraient à la classe dominante de justifier ses privilèges du fait de ses meilleures capacités intellectuelles. Le QI est donc un vieux tabou de l'extrême gauche à l'extrême droite !  
Fils de juifs émigrés d'Autriche, Gustave M. Gilbert devient psychologue militaire au cours de la Seconde Guerre mondiale. 
Germanophone, il est envoyé à Nuremberg en 1945 et devient psychologue de la prison pour les détenus jugés comme criminels de guerre. 
Il devint le confident de Wilhelm Keitel, Hermann Göring, Joachim von Ribbentrop... en passant sous silence dans un premier temps le fait qu'il était juif. La plupart des bourreaux nazis refusèrent de lui parler quand il leur avoua la "vérité". 
Gilbert participa au procès de Nuremberg en tant que psychologue en chef de l'armée américaine. Il publiera son expérience dans Nuremberg Diary, en 1947, dans lequel il raconte en détail ses entretiens avec les bourreaux nazis en s'affranchissant du secret professionnel, lequel concerne aussi les psychologues et interdit normalement de révéler le contenu des entretiens.
On a d'ailleurs reproché à Gilbert de traiter les criminels de guerre mis à sa disposition comme des souris de laboratoire.  

Rien à voir avec les valeurs morales

Lors de ce procès, les psychologues ont pu mesurer le QI de tous les monstres nazis, à l'exception de Hitler, Himmler et Goebbels, qui s'étaient suicidés (Göring a été testé avant son suicide, qui a eu lieu au cours du procès, dans sa cellule). 
Tous avaient des QI supérieurs à la moyenne et beaucoup étaient surdoués, ce qui bouleversa les psychologues américains. 
Gilbert rappelle à cette occasion que le QI n'est qu'une évaluation de "l'efficience mécanique de l'esprit, et n'a rien à voir avec le caractère et les valeurs morales". 
Les chefs nazis étaient pour la plupart très intelligents, ce qui les a rendus encore plus dangereux. 
Le QI prédit relativement bien de multiples aspects de notre vie sociale, professionnelle et intellectuelle, à quelques exceptions près.  
Les grands joueurs d'échecs, par exemple, ont des QI relativement modestes en moyenne. 
L'influence du QI sur la sécurité routière est choquante : les hauts QI ont trois fois moins d'accidents mortels de la route (50 pour 10 000 conducteurs) que les bas QI (147 pour 10 000) ! 
Ce qui est logique : la chercheuse Linda Gottfredson fait remarquer qu'un haut QI est associé à de bons réflexes et à une bonne capacité d'anticipation des risques...

Source L'Express
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