lundi 24 décembre 2018

Quand le chef de la diplomatie iranienne démeni que son pays ait appelé à « rayer Israël de la carte »....


L'entretien qu'a accordé au Point le chef de la diplomatie iranienne a fait l'effet d'une « bombe » en Iran. Tels sont les mots d'un spécialiste iranien des relations internationales, en réaction aux multiples commentaires qu'ont suscités les propos de Mohammad Javad Zarif, notamment au sujet d'Israël........Détails.........



« Tous les sites et réseaux sociaux en parlent », souligne ce professeur de sciences politiques, qui a requis l'anonymat. « Ses propos étaient intéressants, notamment ceux rappelant que Mahmoud Ahmadinejad n'a jamais appelé à “rayer Israël de la carte”. »
L'interview a donné lieu à une véritable passe d'armes avec le ministre iranien des Affaires étrangères. 
Interrogé sur les craintes exprimées par Emmanuel Macron quant au programme balistique iranien, Mohammad Javad Zarif, en redoutable diplomate, tente une pirouette : 
« La question est de savoir si la France est prête à vendre à l'Iran les avions perfectionnés qu'elle livre à l'Arabie saoudite et aux Émirats afin que nous puissions nous défendre. » Et le responsable iranien d'insister : « Ou peut-être M. Macron ne souhaite-t-il simplement pas que nous puissions nous défendre ?».

Zarif interpelle Macron

Notre journaliste lui rappelle alors, à toutes fins utiles, que les pays arabes qu'il cite n'ont jamais appelé à la destruction d'Israël, et lui demande pourquoi certains missiles iraniens, dont le programme est contrôlé par les Gardiens de la révolution, comportent l'inscription en hébreu « Mort à Israël » ? 
Évitant, tout d'abord, de répondre à la question posée, le chef de la diplomatie iranienne rappelle que le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, s'est rendu le 29 août dernier à la centrale nucléaire israélienne de Dimona, et y a « déclaré qu'il détruirait l'Iran ». (En réalité, le chef du gouvernement israélien a dit, en visant l'Iran : « Quiconque nous menace de destruction se met dans le même danger. ») 
Et Mohammad Javad Zarif de demander à nouveau : « Pourquoi M. Macron n'a-t-il pas réagi à ce moment-là ? »
C'est alors que le chef de la diplomatie iranienne pose une autre question pour le moins étonnante : « Quand a-t-on dit en Iran que nous allions détruire Israël ? Amenez-moi une seule personne qui ait déclaré cela. Personne n'a prononcé de telles paroles. » 
Notre journaliste lui rappelle alors les propos prononcés par l'ancien président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, qui a déclaré en octobre 2007 qu'Israël devait « être rayé de la carte », provoquant la consternation dans le monde entier. 
Le bouillonnant ministre iranien lui répond alors du tac-au-tac : « Non, il n'a pas dit cela. Il a rappelé que l'imam [Khomeyni, NDLR] avait indiqué qu'Israël disparaîtrait des pages du temps. Il n'a pas dit qu'il allait le détruire ! Il a souligné qu'Israël, en poursuivant ses politiques, allait subir ce sort. »

Un discours datant de 2005

Le 25 octobre 2005, l'ancien président ultraconservateur, Mahmoud Ahmadinejad, participe à Téhéran à une conférence intitulée « Le monde sans le sionisme ». 
« Beaucoup de déçus dans la lutte entre le monde islamique et les infidèles ont essayé de rejeter la responsabilité en annonçant qu'il n'est pas possible d'avoir un monde sans les États-Unis et le sionisme. Mais vous savez que ce sont un but et un slogan réalisables. » 
Pour étayer ses propos, le chef de l'exécutif se réfère à la chute, dans l'histoire récente, de plusieurs régimes que personne ne voyait sombrer.
Il cite ainsi l'ayatollah Khomeiny, le fondateur de la République islamique : « Lorsque notre cher imam (Khomeiny) a annoncé que le régime (du Shah) devait être supprimé, beaucoup de ceux qui prétendaient être politiquement bien informés ont déclaré que ce n'était pas possible. » 

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Il évoque ensuite la chute de l'Union soviétique : « Qui pouvait penser qu'un jour, nous pourrions être témoins de l'effondrement de l'empire de l'Est (Union soviétique) ? » 
Il répète ensuite de nouveau les propos de Khomeiny, au sujet de Saddam Hussein : « L'imam a annoncé que Saddam devait s'en aller, puis a ajouté qu'il s'affaiblirait plus vite que personne ne l'imaginait. »

Erreur iranienne de traduction

Puis il évoque enfin Israël et annonce, en persan : «  L'imam (Khomeiny) a annoncé que le régime occupant Jérusalem devait disparaître de la page du temps.  » 
Nulle part, dans tout le discours d'Ahmadinejad, ne sont prononcés en persan les termes «  rayer  », «  carte  », ou «  destruction d'Israël  ». 
Pourtant, la traduction du discours en anglais proposera bien «  Israël doit être rayé de la carte  ». 
Et la surprise est d'autant plus grande que c'est l'agence de presse officielle de la République islamique Irna qui en est l'auteur.
Pourtant, jamais par la suite Mahmoud Ahmadinejad ne corrigera ses propos. Pire, il qualifiera la Shoah de «  mythe  » et organisera même en décembre 2006 une conférence sur «  la réalité de l'Holocauste  ». 
En 2012, dans une interview à Al Jazeera, c'est le ministre israélien du Renseignement et de l'Énergie atomique, Dan Meridor, qui affirmera que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad n'a jamais prononcé la phrase «  Israël doit être rayé de la carte  ». 
Il ajoutera toutefois : «  Mahmoud Ahmadinejad et l'ayatollah Khamenei ont répété à plusieurs reprises qu'Israël était une créature artificielle, et qu'elle ne survivrait pas. »

«  Une nouvelle politique  »

Le 3 juin dernier, le Guide suprême et véritable chef de l'État iranien, l'ayatollah Khamenei, a écrit sur Twitter qu'Israël était une « tumeur cancéreuse maligne dans la région de l'Asie de l'Ouest qui [devait] être enlevée et éradiquée ». 
Puis, à nouveau, le 24 novembre, c'est le président «  modéré  » Hassan Rohani qui a qualifié l'État hébreu de «  tumeur cancéreuse  » et de «  faux régime  » établi par l'Occident pour avancer ses intérêts au Moyen-Orient.
Ainsi, le démenti de Mohammad Javad Zarif, dans son interview au Point, a été rapidement repris par les chaînes d'information du réseau social Telegram, très utilisé en Iran, puis par l'agence de presse semi-officielle Isna, avec le titre : « Zarif : quand a-t-on dit qu'on allait détruire Israël ? » 
« Ce qu'il a dit au Point est très important et aura des conséquences en Iran, sur les plans tant intérieur qu'extérieur », s'enthousiasme un journaliste iranien travaillant pour le quotidien de référence Shargh, qui a traduit et publié l'interview du Point. 
« Il s'agit d'une nouvelle position de la République islamique, qui par le passé le déclarait (qu'Israël devait disparaître) ou alors ne revenait pas sur ces propos. Or, aujourd'hui, ils démentent, ce qui correspond à une nouvelle politique. Et c'est important. »
Sans doute le ministre iranien des Affaires étrangères, un partisan des réformes extrêmement populaire en Iran, a-t-il voulu se démarquer des autres responsables iraniens. 
Avec un but politique ? Le 19 décembre dernier, Mohammad Javad Zarif a participé au rassemblement du parti réformateur Neda-ye-Iranian (la voix des Iraniens) durant lequel il a publiquement dénoncé la politique étrangère «  orientale  » souhaitée par le Guide suprême, qu'il n'a pas hésité à qualifier d'«  insensée  ». 
Interrogé par Le Point sur une possible ambition présidentielle pour 2021, le chef de la diplomatie iranienne a répondu, avec un grand sourire : « En aucune manière. »

Source Le Point
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