Le présent de Sarcelles et sa routine se racontent souvent au passé. Ville mythique en périphérie parisienne, sur la ligne du RER D, qui sert de prétexte ou d’illustration à décrire la banlieue cocotte-minute : on la sort du chapeau comme un prédicateur le ferait pour expliquer le début de la fin des temps. En misant tout sur une genèse sans ratures, pour introduire la tripotée de catastrophes.......Détails........
Paradis
Ainsi il y eut, après les années 50, des grands ensembles bienheureux, où des communautés - Blancs, Noirs, Arabes, Turcs, Juifs - coexistaient avec leurs croyances sans se demander comment ni pourquoi.
Epoque formidable et jolis récits d’antan, déroulés parfois par des gens n’y ayant jamais vécu : Sarcelles est si médiatique que même ceux qui lui sont étrangers jureraient la connaître.
A la longue, on y verrait presque un bout de paradis perdu - banlieue sainte ? Après tout, un quartier là-bas a bien été baptisé «la petite Jérusalem» (environ un tiers de la population y est de confession juive).
Et là, en 2018 ?
Depuis un an et demi, Sarcelles, ex-fief de Dominique Strauss-Kahn, a connu quatre maires.
François Pupponi, le premier à s’en aller, fut le taulier officiel deux décennies durant.
Mais le député (ex-PS), empêtré dans une affaire d’abus de biens sociaux, a dû passer la main pour cause de cumul des mandats.
Et ses successeurs, issus de son écurie, ont jeté l’éponge.
De loin, tout pourrait se résumer désormais à une trinité satanique. Faits divers, antisémitisme, paupérisation.
En 2014, le magazine Causeur ne s’était embarrassé de rien. Il avait titré «Gaza-Mossoul-Sarcelles, l’été de tous les jihads».
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Source Liberation
Repli
Lorsqu’on s’y balade, les habitants avancent des explications diverses. Quand certains voient des communautés qui se recroquevillent - avec les malentendus et la haine que cela peut engendrer -, d’autres accusent la main de la classe politique locale d'avoir fabriqué des rivalités entre les Sarcellois a des fins électoralistes.
Les 33,6 % de pauvres cernent en filigrane toutes les hypothèses. Schéma classique : les quartiers populaires se remplissent d’habitants en grande difficulté économique et culturelle.
Après tout, cette ville-là résume peut-être ce qui se passe ailleurs. Le repli, le déclassement, le racisme, la perte de confiance.
Simplement, c’est en plus voyant - une quarantaine de nationalités cohabitent -, peut-être aussi du fait de son passé lumineux, en plus fantasmé.
Drôle de ville, au vrai, où on peut lire «laïcité» ajoutée à la devise républicaine «Liberté, égalité, fraternité» sur la devanture d’un établissement public.
Où Emmanuel Macron, dans l’entre-deux-tours de la présidentielle, s’était rendu pour prendre un bain de foule, au moment où il sentait le Front national souffler sur sa nuque.
Où la thématique du «vivre ensemble» donne l’impression que tout le reste est anecdotique.
Pourtant tout est lié, à y regarder de plus près. Les professeurs du lycée Jean-Jacques-Rousseau sont à bout depuis des lunes.
Le sous-effectif des enseignants, le sureffectif des élèves, l’insécurité : des profs avaient voté une grève une semaine avant les vacances de Noël.
Que se passe-t-il quand, dans un lieu donné, l’éducation faillit ?
Lorsqu’on s’y balade, les habitants avancent des explications diverses. Quand certains voient des communautés qui se recroquevillent - avec les malentendus et la haine que cela peut engendrer -, d’autres accusent la main de la classe politique locale d'avoir fabriqué des rivalités entre les Sarcellois a des fins électoralistes.
Les 33,6 % de pauvres cernent en filigrane toutes les hypothèses. Schéma classique : les quartiers populaires se remplissent d’habitants en grande difficulté économique et culturelle.
Après tout, cette ville-là résume peut-être ce qui se passe ailleurs. Le repli, le déclassement, le racisme, la perte de confiance.
Simplement, c’est en plus voyant - une quarantaine de nationalités cohabitent -, peut-être aussi du fait de son passé lumineux, en plus fantasmé.
Drôle de ville, au vrai, où on peut lire «laïcité» ajoutée à la devise républicaine «Liberté, égalité, fraternité» sur la devanture d’un établissement public.
Où Emmanuel Macron, dans l’entre-deux-tours de la présidentielle, s’était rendu pour prendre un bain de foule, au moment où il sentait le Front national souffler sur sa nuque.
Où la thématique du «vivre ensemble» donne l’impression que tout le reste est anecdotique.
Pourtant tout est lié, à y regarder de plus près. Les professeurs du lycée Jean-Jacques-Rousseau sont à bout depuis des lunes.
Le sous-effectif des enseignants, le sureffectif des élèves, l’insécurité : des profs avaient voté une grève une semaine avant les vacances de Noël.
Que se passe-t-il quand, dans un lieu donné, l’éducation faillit ?
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