jeudi 27 décembre 2018

Shoah : une dérangeante enquête de l’Ifop....


Le 20 décembre, l’Ifop a publié les résultats d’une étude portant sur la connaissance des génocides du 20e siècle dans la population. Réalisée en collaboration avec plusieurs partenaires dont la Dilcrah (Délégation interministérielle de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT) et la Fondation Jean-Jaurès, cette édifiante enquête a livré dans notre pays des résultats surprenants. Elle a également été caractérisée par un choquant « oubli » des promoteurs de cette étude.....Détails.......



Toutes les données de cette enquête – réalisée les 12 et 13 décembre selon la méthode des quotas sur un échantillon de personnes représentatives de la sociologie française – sont à retrouver dans ce document : L’Europe et les génocides : le cas français. 
Comme l’on pouvait le pressentir, c’est le génocide des Juifs qui est le plus connu des Français : 90 % des personnes de plus de 18 ans interrogées disent en avoir entendu parler. 
Avec respectivement 85 % et 79 %, le génocide des Arméniens et le génocide des Tutsis sont moins connus dans la population.
Des différences qui n’ont rien d’étonnant, eu égard au poids considérable de l’« Holocauste » dans les livres d’histoire, la littérature, la filmographie et les commémorations relativement  aux rares narrations du génocide arménien et du génocide rwandais dans la culture française. 
L’éloignement géographique de l’Arménie et du Rwanda, de même que la distance dans le temps du génocide commis par les Turcs, sont également des éléments explicatifs de cette moindre connaissance.
Ajoutons à cela que, contrairement à la Shoah, les génocides des Arméniens et des Tutsis n’ont pas donné lieu à des actes commis sur le territoire français, ce qui n’a évidemment pas été le cas du génocide juif : dans notre pays, celui-ci s’est traduit par des déportations massives vers les camps d’extermination nazis de dizaines de milliers de Juifs français ou étrangers résidant en France. La tristement célèbre Rafle du Velodrome d’Hiver en est l’une des illustrations les plus emblématiques.
Que 10 % de la population française n’ait pas entendu parler du génocide des Juifs est évidemment étonnant, et même inquiétant lorsqu’on apprend que ce taux de personnes ignorantes de la Shoah s’élève à 19 % chez les 25 à 34 ans et à 21 % chez les 18 à 24 ans ! 
L’enquête de l’Ifop met également en évidence de surprenantes lacunes chez ceux qui disent avoir eu connaissance de la Shoah. 
Si 79 % situent correctement le génocide durant la 2e Guerre mondiale, ils ne sont pas moins de 21 % à se tromper d’époque : 9 % placent la Shoah dans l’Entre-deux-guerres, 6 % durant la 1ère Guerre mondiale, 4 % au début du 20e siècle, les 2 % restant situant ce génocide durant la Guerre froide !
Ces données montrent qu’en dépit des programmes scolaires et des initiatives didactiques prises ici et là, l’enseignement de ce qu’a été la Shoah – plus de 5 millions de Juifs exterminés ! – reste un défi à relever sans cesse pour que ce terrifiant génocide ne soit pas oublié. 

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85 % des personnes interrogées par l’Ifop sont d’ailleurs favorables à ce que la Shoah soit enseignée dans les écoles pour prévenir le retour de l’antisémitisme et la résurgence de telles abominations. Si les chiffres révélés par l’Ifop sont dérangeants en termes de méconnaissance du génocide juif par un pourcentage relativement élevé de personnes, notamment jeunes, est également dérangeante dans cette étude l’absence du génocide des Tziganes (Samuradipen) qui a pourtant débouché au sein de l’Europe sur l’extermination de plusieurs centaines de milliers d’êtres humains – principalement des Roms – dont environ 15 000 déportés dans notre seul pays.
D’autres épurations, qualifiées de « génocidaires » et commises elles aussi au cours du 20e siècle, ont également été passés sous silence dans cette enquête.
D’aucuns penseront évidemment au terrible génocide des Ukrainiens (Holodomor), mais peut-être à tort si l’on se réfère strictement à la définition communément admise d’un génocide : « un crime d’état visant à détruire un groupe national, ethnique, racial ou religieux ». 
Or, la grande famine qui a touché la région dans les années 30 et fait tant de victimes dans la population a été dramatiquement aggravée par la politique de Staline envers les paysans ukrainiens – les koulaks – qui refusaient la collectivisation des terres, mais cette politique meurtrière visait à faire plier ces paysans sans volonté d’extermination de la population. 
On ne peut donc pas, a priori, parler de génocide même si l’Ukraine et quelques pays dans le monde appliquent officiellement ce mot à l’Holodomor.
Le même type de débat est posé par les massacres massifs commis sous l’autorité du Chinois Mao Zedong, du Cambodgien Pol Pot à la tête de ses Khmers rouges, ou bien encore du Coréen Kim Jong-il. 
Comme dans le cas de l’Ukraine, ces monstrueuses dérives criminelles ont été dictées par des objectifs politiques ou économiques à l’encontre des opposants au régime. Mais comme en Ukraine sans que ces massacres répondent stricto sensu à la définition du mot génocide.
Eu égard à l’horreur qu’inspirent ces faits qui ont marqué l’histoire du 20e siècle, n’auraient-ils pas dû, eux aussi, être soumis au questionnement des sondés ?

Source Cent Papiers
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