mercredi 14 décembre 2016

« Une semaine et un jour »


 
Dans ce film entre drame et comédie, lorsque s’achèvent les sept jours de deuil du rituel juif, un couple qui vient de perdre son grand fils tente de reprendre le cours de sa vie.....



En Israël, la tradition juive impose une cérémonie, la shiv’ah, pour pleurer et honorer le défunt, ainsi que pour permettre aux proches de vivre pleinement la douleur afin de mieux la surmonter. Pendant sept jours, parents, enfants, conjoint, frère et sœur du disparu vivent ensemble dans la même maison où, assis sur le sol, ils reçoivent les visiteurs.
En 2008, Ronit et Shlomi Elkabetz consacraient un film intense, Les Sept Jours, à ces journées hors du quotidien pendant lesquels le confinement faisait surgir les différends et les tensions d’une famille en crise. Comme le titre l’indique, Une semaine et un jour se situe après la shiv’ah. La parenthèse s’achève pour Eyal et Vicky qui ont perdu leur fils Ronnie, grand adolescent décédé d’une longue maladie.
Les proches sont partis, le couple se retrouve seul.
S’ouvre une période flottante et indéfinie, hors des jalons classiques du deuil, où l’existence doit reprendre ses droits. Vicky s’arrime à son quotidien avec une détermination frénétique : faire son jogging, reprendre sa place d’enseignante devant sa classe et se rendre coûte que coûte à son rendez-vous au cabinet dentaire. Eyal, lui, décroche.
Chacun fait face différemment, même si le couple partage la même colère pour des voisins qui ont pris leurs distances lors de l’hospitalisation de leur fils et veulent reprendre une relation normale, comme si de rien n’était.

Des scènes à la poésie décalée

Outre qu’il aborde une phase du deuil rarement évoquée par le cinéma, Une semaine et un jour se distingue par sa tonalité, entre drame et comédie. Jamais ses acteurs ne jouent sur le registre comique, mais l’humour naît des situations, de l’absurde qui affleure, de la fuite d’Eyal.
Parti à l’hôpital pour retrouver une couverture de son fils, il prend le reste de cannabis qu’on faisait fumer au malade pour atténuer la douleur. Eyal n’a jamais été consommateur, ne sait pas rouler un joint, mais demande de l’aide à Zooler, le fils de ses voisins, à peine plus âgé que Ronnie. Entre l’homme mûr endeuillé et le jeune homme fantasque se noue un lien inattendu qui peut-être rapproche le père de son enfant disparu.
Néanmoins, le film n’a pas le mauvais goût de remplacer le chagrin par les rires. Si Eyal tente l’esquive, l’absent est présent partout, dans la chambre vide, dans l’obsession de réserver la tombe à côté de la sienne pour passer l’éternité auprès de lui.
Des scènes à la poésie décalée évoquent la perte et la vie qui continue : les chatons que Vicky emporte partout comme des talismans, l’opération mimée par une fillette, amie de Ronnie à l’hôpital. Shai Avivi, acteur israélien célèbre pour ses comédies et ses stand-up, et Evgenia Dodina, familière de rôles graves sur scène, convainquent en vieux couple tendre et soudé.




Source La Croix
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