lundi 19 décembre 2016

La production de séries en Israël par Hot, le « telco » de Patrick Drahi : un laboratoire pour la France

 

Pour développer ses propres séries, SFR s'appuie sur Hot, son cousin israélien, à qui il vient notamment d'acheter « Sirènes ». S'il débute en France dans la production de séries, Patrick Drahi a déjà développé ce business en Israël avec son opérateur télécoms Hot....



Dans ce pays, où il débarque en 2009, il prend le contrôle de Hot en quatre ans, avant de racheter l'opérateur Mirs et de décrocher une licence de téléphonie mobile 3G. Il y lance ensuite, en 2013, la chaîne d'information internationale i24 News.
Hot (1.600 salariés) est aujourd'hui le numéro deux dans le fixe en Israël. Il est numéro quatre dans le mobile dans un pays où la concurrence est extrêmement vive, avec pas moins de cinq opérateurs, dont l'un, Golan Telecom, est détenu à 30 % par Xavier Niel, le grand rival de Patrick Drahi en France. Mais Hot est surtout le numéro un de la télé avec 60 % de part de marché, devant l'opérateur satellite Yes. Il possède deux chaînes de télévision, Hot 3 et Hot Plus, mais en distribue plus de 190.
Ici, où la créativité des auteurs fait référence, Hot est connu pour ses séries. Celles qu'il achète (plus de 150 par an), mais surtout ses productions propres : fictions, « docu- réalité », séries pour enfants... qui rencontrent un certain succès, que Patrick Drahi rêve de réitérer en France avec SFR. Après avoir cofinancé une première production, « Les Médicis », l'opérateur s'appuie depuis peu sur son cousin Hot, à qui il vient de racheter la série « Sirènes », que SFR Play (SVoD) va diffuser à partir de la semaine prochaine.
Un autre projet de coproduction, « Paris-Tel-Aviv », est à l'étude entre SFR et Hot.
« Tous les mois, nous programmons une nouveauté, avec une série soit inédite, soit exclusive », explique Nora Melhli, directrice de la création originale d'Altice. En Israël, la loi impose à Hot de consacrer 8 % de son chiffre d'affaires à la production de séries, mais il a su en tirer profit et il est aujourd'hui à 9,5 % (87,7 millions d'euros).
Il faut dire que cela permet aux opérateurs de fidéliser les abonnés dans un pays où les forfaits sont sans engagement.
Certes, ce n'est pas Hot qui a produit « Hatufim », la célèbre série israélienne qui a inspiré « Homeland » et conquis le monde, mais ses productions sont très populaires.
« Very Important Person », sur un acteur célèbre qui tombe amoureux d'une femme qui ne le connaît pas, ou « Zaguri Empire », racontant l'histoire de la famille marocaine Zaguri, comptent parmi celles qui ont le plus cartonné en Israël.

Production à bas coût

Chez Hot, on produit à bas coût. « Le coût d'un épisode de fiction en Israël est de 200.000 à 250.000 dollars, contre 600.000 en France et jusqu'à 2 millions aux Etats-Unis », affirme Yoram Mokady, vice-président de Hot, en charge des contenus.
« On ne travaille  pas épisode par épisode, comme aux Etats-Unis. Par exemple, les scènes d'une série au restaurant, on les tourne toutes ensemble. » Les salaires sont aussi moins élevés et les auteurs ont pour consigne d'écrire des séries faciles à produire.
Difficile cependant d'amortir les coûts de production sur les seuls 8 millions d'habitants que compte Israël. « Je ne rentre jamais dans mes frais avec une série.
On rentabilise grâce à l'augmentation de nos abonnés Hot », reprend Yoram Mokady. Les clients sont précieux car, et c'est un cas assez inédit, la publicité est interdite sur les chaînes du câble en Israël. Pour gagner de l'argent, il faut exporter, ce que Hot fait pour environ 30 % de ses productions. « In Treatment » ou encore « Connected », vendus dans plus de 20 pays, en sont de bons exemples.
Mais il faudrait faire plus. Hot est aussi le leader de la SVoD en Israël. Mais Netflix vient marcher sur ses plates-bandes. « Notre plus gros challenge va être de rivaliser avec les nouveaux acteurs de la télé, déclare Tal Granot, directrice générale de Hot. Netflix commence à sous-titrer ses productions en hébreu, donc ce n'est plus la même histoire. »
Il y a deux ans, le numéro un local du mobile a lancé Cellcom TV. En Israël, on regarde encore beaucoup la télé.
« Les foyers ont trois box en moyenne. Celles de Hot ont chacune leurs caractéristiques : une pour la cuisine, une pour le salon, une pour les enfants », explique Tal Granot. Cet appétit a ses raisons : dans ce pays, il n'y avait qu'une seule chaîne de télé disponible... jusqu'en 1991 !

Fabienne Scmitt

Source Les Echos
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