"Je dois reconnaître qu’être dans ce palais très impressionnant et entendre résonner l’Hatikva (hymne national israélien) a été quelque chose de très émouvant", a déclaré l’ambassadeur d’Israël en Turquie Eitan Naeh à i24news, en référence à la cérémonie de remise de ses lettres de créances le 5 décembre dernier à Ankara....
Interrogé tour à tour sur la normalisation des relations entre les deux pays, les propos d’Erdogan contre Israël, le rôle de la Turquie dans la région et les enjeux économiques de cette réconciliation, Naeh insiste avant tout sur "l’amitié de longue date" entre les deux alliés régionaux.
Normalisation
"La chaleur de cette relation n’a pas disparu", insiste-t-il, évoquant l’accueil "chaleureux" des Turcs, au-delà du "simple langage diplomatique" habituel, lors de la cérémonie officielle en présence du président turc Recep Tayyip Erdogan.
La prise de fonctions de Naeh intervient après six ans de brouille diplomatique entre l’Etat hébreu et la Turquie, suite à l’incident du Mavi Marmara au cours duquel neuf activistes turcs avaient été tués par des soldats israéliens alors qu’ils tentaient de briser le blocus de Gaza.
Si les deux pays n’avaient pas totalement rompu leur relation, ils avaient toutefois rappelé leurs ambassadeurs respectifs.
Profondément convaincu de la force des liens bilatéraux entre Jérusalem et Ankara, Naeh explique n’avoir "jamais partagé le désespoir ambiant".
"Sur la page Facebook de l’ambassade, la vidéo de la présentation des lettres de créances a été visionnée des dizaines de milliers de fois avec des commentaires très encourageants", indique-t-il.
Au sujet de l’accord de normalisation qui prévoit entres autres une compensation financière de 20 millions de dollars versés aux familles des victimes par l’Etat hébreu, Naeh, qui a participé aux négociations, considère tout de même qu’Israël "a beaucoup obtenu".
"Les pourparlers ont été menés de manière responsable, avec beaucoup de réflexion et de prudence. Ils ont duré des années, pour la plupart du temps à l’abri des projecteurs", dit-il, se félicitant du résultat qui a mené à la nomination d'ambassadeurs respectifs.
Position vis-à-vis du Hamas
Interrogé sur la position turque vis-à-vis du Hamas, l'ambassadeur affirme que "nous allons préserver les intérêts israéliens. Un accord a été signé et les deux parties devront respecter leurs engagements" pour que la Turquie ne serve plus de base arrière au mouvement islamiste palestinien.
En outre, Eitan Naeh reste confiant quant au rôle que pourrait jouer la Turquie en cas de nouvelle confrontation armée entre Israël et le Hamas. "La Turquie est un grand pays qui peut remplir un grand rôle. Je crois qu’elle aspirera, en tout cas je l’espère, à jouer un rôle de modération", soutient-il.
Et d’ajouter que la Turquie pourrait même prendre part à la reconstruction de la bande de Gaza. "Israël a toute intérêt à ce que la Bande de Gaza soit reconstruite et que le terrorisme soit combattu", a-t-il fait remarquer.
Coopération économique
Parmi les intérêts communs, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a évoqué récemment d’"immenses" perspectives économiques. La Turquie représente un marché très important avec ses 80 millions d’habitants pour l’Etat hébreu, qui souhaite entre autres exporter son gaz naturel.
"Nous voulons vendre et les Turcs veulent acheter et diversifier leurs fournisseurs, et quand ces intérêts se rencontreront et seront réglementés, nous verrons alors une plus grande proximité dans la relation", indique l’ambassadeur.
La Turquie et Israël devraient même examiner la construction d'un gazoduc reliant les deux pays pour acheminer le gaz israélien en Turquie, mais aussi jusqu'en Europe.
Le Président israélien Reuven Rivlin a pour sa part reçu lundi, lors d'une cérémonie à sa résidence à Jérusalem, les lettres de créance du nouvel ambassadeur turc en Israël, Mekin Mustafa Kemal Okem, expert en politique étrangère.
"Nous espérons que la réconciliation et la nomination de nouveaux ambassadeurs ouvriront une nouvelle page prometteuse. Nous devons travailler ensemble pour promouvoir nos relations économiques, notre coopération commerciale et énergétique, en tant que véritable moteur de croissance pour notre amitié", a insisté le Président Rivlin.
L'intégralité de l'interview de l'ambassadeur Eitan Naeh à retrouver ce jeudi soir dans le magazine "Orient" présenté par Cyril Amar à 21h10 (heure française)
Source I24News
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