vendredi 23 octobre 2015

Haftara Lekh Lekha : Abraham et Cyrus


Voici la traduction de la Haftara Lekh Lekha suivi par deux analyses du Rav Kohn...



Texte de la Haftara

Pourquoi dis-tu, Jacob, Pourquoi dis-tu, Israël : Ma destinée est cachée devant l’Éternel, Mon droit passe inaperçu devant mon Dieu ?
Ne le sais-tu pas ? ne l’as-tu pas appris ? C’est le Dieu d’éternité, l’Éternel, Qui a créé les extrémités de la terre ; Il ne se fatigue point, il ne se lasse point ; On ne peut sonder son intelligence.
Il donne de la force à celui qui est fatigué, Et il augmente la vigueur de celui qui tombe en défaillance.
Les adolescents se fatiguent et se lassent, Et les jeunes hommes chancellent ;
Mais ceux qui se confient en l’Éternel renouvellent leur force. Ils prennent le vol comme les aigles ; Ils courent, et ne se lassent point, Ils marchent, et ne se fatiguent point.

Iles, faites silence pour m’écouter ! Que les peuples raniment leur force, Qu’ils avancent, et qu’ils parlent ! Approchons pour plaider ensemble.
Qui a suscité de l’orient Celui que le salut appelle à sa suite ? Qui lui a livré les nations et assujetti des rois ? Qui a réduit leur glaive en poussière, Et leur arc en un chaume qui s’envole ?
Il s’est mis à leur poursuite, il a parcouru avec bonheur Un chemin que son pied n’avait jamais foulé.
Qui a fait et exécuté ces choses ? C’est celui qui a appelé les générations dès le commencement, Moi, l’Éternel, le premier Et le même jusqu’aux derniers âges.
Les îles le voient, et sont dans la crainte, Les extrémités de la terre tremblent : Ils s’approchent, ils viennent.
Ils s’aident l’un l’autre, Et chacun dit à son frère : Courage !
Le sculpteur encourage le fondeur ; Celui qui polit au marteau encourage celui qui frappe sur l’enclume ; Il dit de la soudure : Elle est bonne ! Et il fixe l’idole avec des clous, pour qu’elle ne branle pas.
Mais toi, Israël, mon serviteur, Jacob, que j’ai choisi, Race d’Abraham que j’ai aimé !
Toi, que j’ai pris aux extrémités de la terre, Et que j’ai appelé d’une contrée lointaine, A qui j’ai dit : Tu es mon serviteur, Je te choisis, et ne te rejette point !
Ne crains rien, car je suis avec toi ; Ne promène pas des regards inquiets, car je suis ton Dieu ; Je te fortifie, je viens à ton secours, Je te soutiens de ma droite triomphante.
Voici, ils seront confondus, ils seront couverts de honte, Tous ceux qui sont irrités contre toi ; Ils seront réduits à rien, ils périront, Ceux qui disputent contre toi.
Tu les chercheras, et ne les trouveras plus, Ceux qui te suscitaient querelle ; Ils seront réduits à rien, réduits au néant, Ceux qui te faisaient la guerre.
Car je suis l’Éternel, ton Dieu, Qui fortifie ta droite, Qui te dis : Ne crains rien, Je viens à ton secours.
Ne crains rien, vermisseau de Jacob, Faible reste d’Israël ; Je viens à ton secours, dit l’Éternel, Et le Saint d’Israël est ton sauveur.
Voici, je fais de toi un traîneau aigu, tout neuf, Garni de pointes ; Tu écraseras, tu broieras les montagnes, Et tu rendras les collines semblables à de la balle.
Tu les vanneras, et le vent les emportera, Et un tourbillon les dispersera. Mais toi, tu te réjouiras en l’Éternel, Tu mettras ta gloire dans le Saint d’Israël.

1er Analyse de la Haftara

« Qui, de l’Orient, réveilla Celui dont la justice accompagne les pas ? Il livra les nations devant lui, et lui soumit les rois ; il les livra à son épée comme de la poussière, et à son arc comme du chaume chassé [par le vent] » (Isaïe 41, 2).
Ce verset, selon beaucoup de commentateurs comme Rachi et Radaq , désigne Abraham, que ses pérégrinations depuis Ur-en-Chaldée jusqu’en terre de Canaan ont mené depuis l’Orient jusqu’en Occident, d’où peut-être le choix de ce passage comme haftara de la parachath Lekh lekha .
Mais ce verset vise aussi, selon d’autres comme Ibn Ezra, Cyrus, fondateur de l’empire perse. Venu du lointain Orient, il a détruit l’empire babylonien fondé par Nabuchodonosor, le destructeur du premier Temple de Jérusalem.
C’est Cyrus, en qui certains ont vu le fils d’Assuérus et d’Esther, qui a autorisé les Judéens exilés à Babylone à retourner en Erets Yisraël et à y reconstruire le Temple.
Cyrus a toujours été tenu en haute extime par la tradition juive, et il a même été appelé « oint (משיח) de Hachem » par le prophète Isaïe (45, 1).

2eme analyse de la Haftara

« Ne crains point, vermisseau de Jacob, faible reste d'Israël ! Moi je t’aiderai, parole de Hachem, et ton libérateur, le Saint d’Israël » (Isaïe 41, 14).
Si ce verset constitue une promesse de réconfort que nous fait Hachem et s’il nous assure de Son soutien quoi qu’il arrive, son emploi du mot « vermisseau » ne laisse pas d’être étonnant, d’autant que le nom de Jacob est le seul, dans tout le Tanakh, à lui être associé.
Pour le Targoum Yonathan, le « vermisseau de Jacob » correspond tout simplement aux « tribus de la maison de Jacob » , tandis que cette expression, selon Rachi, est à prendre dans son sens premier : Elle traduit la faiblesse d’Israël, dont la force ne réside que dans sa bouche, c’est-à-dire dans ses prières.
On peut rapprocher cette idée d’un texte midrachique (Midrach Tan‘houma Bechala‘h 9) : « Pourquoi Israël est-il comparé à un vermisseau ? Parce que, de même qu’un vermisseau ne s’en prend aux cèdres que par sa bouche et que malgré sa vulnérabilité il réussit à attaquer plus dur que lui, de même Israël ne résiste-t-il aux peuples idolâtres, que l’on compare aux cèdres (Voir notamment Psaumes 29, 5 : « La voix de Hachem brise les cèdres : Hachem brise les cèdres du Liban »), que par les prières sorties de sa bouche. »

Jacques Kohn


Source Massorti et Chiourim