La promesse du gouvernement israélien de briser le monopole de la production de gaz ne sera pas respectée : alors au moins un contrôle des prix ? La semaine dernière fut agitée pour le secteur du gaz en Israël. Le directeur de l’Autorité de la Concurrence (David Gilo) a démissionné à défaut d’avoir reçu le soutien du gouvernement dans son projet d’introduire un peu de concurrence sur le marché du gaz...Analyse...
Peu après, c’est le ministre des Finances lui-même (Moshé Kahlon) qui décidait de transférer ses prérogatives en matière de gaz au Premier ministre ; ses relations amicales avec Kobi Maimon, un des patrons du gaz israélien, constituent un conflit d’intérêts qui lui interdit de prendre des décisions objectives.
RÉGULATION ET CONFLITS D’INTÉRÊTS
Pourtant, Moshé Kahlon avait promis à ses électeurs de combattre les monopoles qui dominent l’économie israélienne et qui ne permettent pas la baisse des prix.
Sur sa ligne de mire : le monopole du gaz et des services bancaires, mais aussi les monopoles de l’agroalimentaire, ou de l’Internet.
Après le succès qu’il a obtenu sur le marché de la téléphonie mobile, Kahlon avait surtout promis de s’attaquer au secteur du gaz. Celui-ci reste dominé par deux consortiums monopolistiques, Nobel-Energy et Delek.
Or le candidat Kahlon avait omis de révéler à ses électeurs que son amitié avec un des Tycoons du gaz, Kobi Maimon, lui interdisait en fait de s’occuper du dossier gazier.
Devenu ministre des Finances, Kahlon a dû se rendre à l’évidence : ce n’est pas lui qui démantèlera le monopole du gaz.
Au même moment, le régulateur de la concurrence David Gilo rendait aussi son mandat ; le ministère de l’Économie et celui de l’Énergie s’opposaient à son projet de briser le monopole du gaz et d’introduire de nouveaux concurrents sur le marché.
LES ENJEUX : 500 MILLIARDS DE SHEKELS
En fait, les intérêts du gouvernement israélien ne sont pas très éloignés de ceux des sociétés gazières : en maintenant un prix du gaz élevé, les caisses de l’Etat, tout comme les poches des actionnaires privés, vont se remplir.
Selon les calculs de la Banque d’Israël, les royalties que l’Etat percevra de l’exploitation du gaz se monteront à 125 milliards de dollars au cours des 25 années à venir, c’est-à-dire de 2015 à 2040.
Au taux de change actuel du billet vert, 125 milliards de dollars représentent environ 500 milliards de shekels. Le gouvernement israélien a décidé que 60% de cette somme seraient conservés dans un fonds souverain et 40% seront versés au budget de l’Etat.
Autrement dit, tous les partenaires (gouvernement et sociétés exploitantes) ont intérêt à ne pas trop tirer les prix à la baisse.
À la différence de la Norvège, Israël a privatisé l’exploitation gazière. Alors que le gouvernement norvégien a pris le risque d’investir des fonds importants dans la recherche gazière, en Israël le gouvernement a laissé des investisseurs privés se partager le pactole du gaz.
À défaut de démanteler le monopole du gaz, le gouvernement israélien peut encore imposer un contrôle des prix. S’il le veut.
Jacques Bendelac (Jérusalem)
Source Israel Valley