Lorsqu’il était enfant, une famille hollandaise l’a protégé des nazis pendant la Shoah. Aujourd’hui, il est l’un des héros de l’Armée de l’Air de Tsahal qui a sauvé des milliers de vies à travers le monde. De la Shoah à l’aviation israélienne...
Arieh Oz naît sous le nom d’Harry en Allemagne en 1936. Entre 1942 et 1945, une famille hollandaise le cache dans un grenier des Pays-Bas avec sa sœur de 12 ans. “Notre père a fui en Palestine et notre mère était cachée quelque part aux Pays-Bas”, se souvient le lieutenant-colonel, aujourd’hui réserviste de Tsahal.
“Nous ignorions complètement le sort des uns et des autres. Ce n’est qu’après la fin de la guerre que nous avons découvert que nous étions tous les quatre en vie. Par miracle, nous avons réussi à tous nous retrouver. Dès lors, en 1946, nous avons pris la décision de faire notre alyah“.
Ses premières années de liberté sont plus difficiles que prévues. Arieh a du mal à s’acclimater à sa nouvelle vie d’enfant. “Quand je suis arrivé en Israël, j’avais déjà 11 ans. Je n’étais jamais allé à l’école et je devais d’un coup étudier et apprendre l’hébreu.”
Une fois le bac en poche, Oz est accepté dans une école de l’aviation israélienne et obtient ses ailes de pilote le 5 janvier 1956. Jeune diplômé, il est envoyé en Éthiopie pour former les nouvelles recrues de l’aviation éthiopienne. Plus que satisfait des services d’Arieh, le commandant des forces aériennes impériales d’Ethiopie en personne lui rédige une lettre de recommandation.
A cette époque, Tsahal cherchait à acquérir des avions capables de voler sur de longues distances afin de transporter des armes depuis la France et d’autres pays européens ainsi que de venir en aide à l’Afrique.
“Après avoir fait l’acquisition de cinq appareils américains, il fallait trouver des pilotes“, explique Arieh.
Le plus jeune commandant d’escadron de Tsahal
Ezer Weizman, à l’époque commandant de l’aviation de Tsahal (qui deviendra plus tard le 7ème président de l’Etat), décide de confier la mission à Arieh, alors simple capitaine.
“Tout son entourage lui disait qu’il était impensable de promouvoir un capitaine inexpérimenté au rang de lieutenant-colonel. Il leur a répondu : je peux faire ce que je veux”, se souvient Arieh en rigolant.
Un vendredi matin, il reçoit l’ordre de se rendre dans le bureau d’Ezer Weizman. “Il m’a demandé si je voulais diriger mon propre escadron. Je lui ai dit que si un simple capitaine pouvait occuper cette fonction alors je serais d’accord. Il m’a regardé et m’a dit : “félicitations, vous êtes désormais le commandant de votre propre escadron.” Deux jours plus tard, le lieutenant-colonel Arieh Oz devient le commandant de ce qui deviendra l’escadron 120.
“C’est ainsi que la success story a commencé“, explique Arieh.
Si aujourd’hui l’escadron se focalise surtout sur ses missions d’aides à l’international, sa mission principale, à l’époque, était bien plus complexe puisqu’il s’agissait d’acheminer des armes vers Israël depuis la France et d’autres pays voisins.
“Nous avons accompli des opérations complexes et très difficiles. Nous avions trois avions toujours en mission, toutes les semaines. Deux d’entre eux acheminaient des armes depuis la France tandis que le troisième était en Afrique pour des missions d’aide humanitaire.“
Son service militaire s’achève avec la Guerre des Six Jours en 1967. Arieh Oz devient alors lieutenant-colonel de réserve et pilote de ligne chez El Al, la principale compagnie aérienne israélienne. Bien que n’étant plus soldat, Tsahal le rappelle régulièrement pour effectuer des opérations secrètes.
Aujourd’hui, l’escadron 120 est souvent envoyé à l’étranger dans le cadre de missions humanitaires, notamment au Japon et en Haïti après les catastrophes naturelles qui ont frappé ces pays.
“Bien que le caractère humanitaire de l’escadron est apparu après mon départ de l’armée, j’ai été personnellement impliqué dans plusieurs missions devenues célèbres.“
Le 27 juin 1976, des terroristes du « Front Populaire de Libération de la Palestine » et de la Fraction Armée Rouge prennent en otage les passagers d’un avion Airbus d’Air France qui effectue un vol Israël-Paris. L’avion est détourné peu de temps après avoir décollé d’Athènes en Grèce où il fait escale. L’équipage est ensuite contraint par les terroristes de faire atterrir l’avion à Entebbe, en Ouganda, où les passagers et les membres de l’équipage sont retenus en otages.
A bord de l’avion se trouvent 228 passagers et 12 membres d’équipage, dont une centaine de Juifs qui étaient en partie israéliens.
A l’époque, Arieh Oz est un spécialiste de l’Afrique. A ce titre, il est l’un des quatre pilotes choisis pour remplir cette difficile mission. Arieh pilote alors pendant plus de sept heures un avion dont le poids dépasse le maximum autorisé, chargé de matériel de secours. Deux des pilotes de Tsahal se sont déjà posés lorsque les terroristes comprennent qu’une opération israélienne est en cours.
C’est dans l’obscurité presque totale qu’Arieh pose son avion sur la piste. Son sang-froid, son calme et son professionnalisme ont permis de sauver plus de 100 otages.
“J’ai transporté 1087 Juifs éthiopiens en Israël”
En 1991, le lieutenant-colonel Arieh Oz participe à l’Opération Salomon visant à rapatrier en Israël des Juifs d’Ethiopie. “Je pilotais un Jumbo 747, le premier 747 à se poser à Addis-Abeba“, se souvient-il.
“Vous n’allez pas me croire, mais j’ai transporté à bord de mon avion 1087 Juifs éthiopiens en Israël. A l’époque, c’était le record du plus grand nombre de passagers transportés dans un même avion.“
“Il est très important pour nous d’être partout dans le monde quand quelqu’un a besoin de nous. Bien que notre aide apparaît parfois limitée et modeste, notre drapeau, notre armée, doivent être reconnus mondialement pour leur professionnalisme et leur rapidité d’action dans n’importe quel endroit de la planète frappé par une catastrophe naturelle.”
Source Chiourim ( Tsahal.fr )