Des chercheurs de l’Université de Tel-Aviv, en collaboration avec une équipe de l’Université Rice aux Etats-Unis ainsi que de plusieurs centres médicaux en Israël, ont réussi à améliorer considérablement l’état de patientes souffrant de fibromyalgie, syndrome de douleur chronique qui touche principalement les femmes et n’avait jusqu’à présent pas de traitement, en utilisant une méthode innovante basée sur la médecine hyperbare. Au cours de la recherche, ils ont également réussi à localiser la source de la maladie dans le cerveau...
L’étude, qui vient d’être publiée dans la revue PLOS ONE, est susceptible de soulager la souffrance de millions de femmes dans le monde entier.
La fibromyalgie est un syndrome de douleur chronique qui touche environ 2 à 4% de la population du monde occidental, dont 90% de femmes.
Elle peut survenir dans trois situations : à la suite d’un traumatisme crânien, d’une infection impliquant le système nerveux ou d’un stress mental difficile et persistant.
Son origine était jusqu’à présent inconnue, ce qui explique l’efficacité limitée des traitements existants, limités aux symptômes. La nouvelle étude a permis de détecter la cause principale de la maladie: la perturbation des mécanismes du cerveau responsables du traitement de la douleur, et offre donc pour la première fois un traitement efficace.
Y ont participé le Dr. Shai Efrati, directeur du Centre de médecine hyperbare du Centre médical Assaf Harofeh, et professeur à l’Ecole des Neurosciences de l’Université de Tel-Aviv, le Prof. Eshel Ben-Jacob, récemment décédé, ancien professeur en chaire à l’École de Physique et d’astronomie et à l’Ecole des Neurosciences de l’Université de Tel-Aviv; le Prof. Dan Buskila de l’Université Ben-Gourion, spécialiste international de fibromyalgie, et le Dr Jacob Ablin, directeur du centre de fibromyalgie de l’Institut de rhumatologie du Centre médical Sourasky (Ichilov) à Tel-Aviv.
Le Dr Efrati rappelle : “Au cours de précédentes études, nous avions découvert qu’on pouvait améliorer de manière significative l’état de victimes d’accident vasculaire cérébral et de traumatismes crâniens par l’administration d’oxygène hyperbare (à une pression supérieure à la pression atmosphérique). Nous avons constaté que le traitement en chambre hyperbare régénère les tissus du cerveau chez ces patients et les répare, même de nombreuses années après la blessure”.
Forts de ce remarquable succès les chercheurs ont tenté d’examiner l’efficacité de la méthode pour d’autres maladies ou types de blessures, notamment la fibromyalgie.
L’étude a porté sur 60 femmes âgées de 21 à 67 ans, chez qui on avait diagnostisé une fibromyalgie il y a plus de deux ans. Au début du traitement, une cartographie du cerveau à haute résolution, montrant l’activité cérébrale au moyen d’outils d’analyse développés en son temps par le Prof. Ben-Jacob, a été réalisée pour chaque participante. Puis les patientes ont été réparties en deux groupes, la moitié devant recevoir le traitement, l’autre servant de groupe de contrôle.
Les patientes traitées ont subi cinq traitements par semaine sur une période de deux mois en chambre de pression au Centre médical Assaf Harofeh. Elles ont été exposées à une concentration en oxygène de 100% à une pression de deux atmosphères (2 fois la pression normale), pendant une heure et demie à chaque visite. Selon le Dr. Efrati, le résultat est très encourageant: “l’état de 70% des femmes traitées s’est amélioré à tel point qu’on ne peut plus les définir comme atteintes de fibromyalgie.”
Une nouvelle cartographie du cerveau, établie chez les patientes après une série de traitements, a par ailleurs permis d’importantes découvertes. “Nous avons constaté des changements dans le cerveau suite à l’amélioration de l’état clinique des patients, et avons pu identifier avec précision les zones cérébrales responsables de la fibromyalgie.
En fait, nous avons localisé la source de la maladie, et prouvé que la fibromyalgie est essentiellement en une atteinte du mécanisme de traitement de la douleur dans le cerveau. Le traitement en caisson hyperbare s’attaque à la racine du problème et répare le tissu cérébral endommagé, s’est pourquoi il est si efficace. Peut-être pourrons-nous même dans l’avenir la diagnostiquer sur la base de caractéristiques observables dans la cartographie du cerveau” explique le Dr. Efrati.
Les chercheurs poursuivent leur vaste projet de recherche sur la régénération des tissus cérébraux en caisson hyperbare. Leur prochaine étude portera sur les patients présentant un déclin cognitif léger, susceptible d’être un début de démence. Il y a quelques années, le Prof. Ben-Jacob avait déjà prédit le succès de cette thérapie: “Nous pensons que le traitement en caisson hyperbare a un grand potentiel comme outil thérapeutique pour une variété de maladies liées au cerveau, notamment les problèmes qui peuvent se produire dans la vieillesse, avec la diminution de l’efficacité du flux sanguin qui fournit l’oxygène au cerveau.
Il est donc fort possible qu’il puisse aider les personnes aux premiers stades de la démence ou de la maladie d’Alzheimer, et empêcher la détérioration de la maladie. Peut-être dans l’avenir, pourrons-nous même prévoir des traitements “anti-vieillissement” qui renforcent le cerveau, lui permettant de fonctionner normalement jusqu’à notre dernier jour”.
Source SiliconWadi