Le bureau du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a répondu froidement à la déclaration dramatique du président de l'Autorité palestinienne, mercredi en fin d'après midi. " Mahmoud Abbas sera jugé sur ses efforts pour ramener les garçons à la maison et en annulant son pacte d'unité avec le Hamas", a déclaré le Premier ministre. Mahmoud Abbas a accusé un peu plus tôt mercredi les ravisseurs des trois jeunes Israéliens enlevés la semaine dernière près de Hébron de vouloir "détruire les Palestiniens" et a plaidé en faveur de la coordination en matière de sécurité avec Israël...
Mahmoud Abbas a précisé que l’Autorité palestinienne continuerait à coopérer avec les forces de sécurité israéliennes engagées dans la recherche des otages. "Ce n’est pas une honte, c’est ce que la situation exige", a-t-il indiqué.
"Les otages sont des êtres humains. Ils doivent retourner auprès de leurs proches", a précisé le président de l'Autorité palestinienne.
De son côté, le mouvement terroriste Hamas a vivement dénoncé les déclarations de Mahmoud Abbas. "Elles sont dépourvues de justification", a affirmé un porte-parole du Hamas à Gaza, Sami Abou Zouhri, dans un communiqué.
"Elles nuisent à l'intérêt national, sont contraires à l'accord du Caire et au consensus national et blessent les milliers de prisonniers palestiniens qui font face à une mort lente dans les prisons de l'occupant (israélien)", a ajouté M. Abou Zouhri, en faisant référence au premier accord de réconciliation signé en 2011 entre le Hamas et le président Abbas.
Evoquant l'enlèvement des jeunes Israéliens survenu jeudi dernier, le porte-parole du Hamas a reproché au chef de l'Autorité palestinienne d'avoir fondé ses déclarations uniquement sur les allégations israéliennes sans présenter la moindre preuve.
Par ailleurs, les services de sécurité israéliens ont reçu l'ordre d'utiliser "des moyens spéciaux" afin d'obtenir des informations des suspects arrêtés, selon les médias israéliens.
Ces moyens spéciaux comprennent la privation de sommeil et les pressions psychologiques, selon un rapport de la chaîne israélienne Channel 2 qui cite la Cour suprême.
51 terroristes de l'accord Shalit arrêtés de nouveau
Les forces de Tsahal et du Shin Beth, le service de sécurité intérieure, ont arrêté dans la nuit de mardi à mercredi 64 suspects en Judée-Samarie, dont 51 terroristes libérés lors de l’accord Shalit et deux députés du Hamas, au 6ème jour de l’opération "Gardien de nos frères" pour retrouver les trois jeunes Israéliens enlevés jeudi soir, selon un communiqué de l'armée israélienne.
"L’arrestation de terroristes du Hamas, pour la plupart libérés dans le cadre de l’accord Shalit, constitue un message important", a indiqué mercredi le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou qui a également salué le "travail remarquable" des forces de sécurité israéliennes.
Par ailleurs, près de 800 bâtiments ont déjà été fouillés, avec une attention particulière aux institutions appartenant à "Dawa", la branche économique et sociale du Hamas utilisée selon l'armée israélienne pour "recruter, disséminer des informations et faire entrer de l'argent liquide".
"Nous avons effectivement deux opérations en parallèle, la première vise à ramener les garçons, la deuxième consiste à porter un coup substantiel aux infrastructures et aux institutions terroristes du Hamas", a expliqué mercredi aux journalistes le porte-parole de l'armée, affirmant que l'armée agissait avec la présomption que les trois jeunes "sont toujours vivants".
L'armée a également mené une perquisition et a fermé les bureaux de la radio du Hamas en Judée-Samarie, "Radio Al Aqsa" à Ramallah et Hébron, a indiqué le indiqué le lieutenant-colonel Peter Lerner, porte-parole de l'armée pour la presse internationale.
Les prisonniers sécuritaires seront privés de postes de télévision dans leur cellule, selon une décision des autorités carcérales, a rapporté mercredi le site d'informations israélien Walla. Le décret empêchera de facto aux prisonniers palestiniens de regarder la Coupe du Monde 2014 qui a débuté la semaine dernière au Brésil.
Cette nouvelle mesure vise à durcir les conditions d'incarcération dans les prisons israéliennes où près de 5300 membres du Hamas sont détenus.
En octobre 2011, en échange de la libération du sous-officier Gilad Shalit, Israël avait relâché 1.027 prisonniers Palestiniens dont plus de la moitié étaient retournés en Judée-Samarie.
L’hypothèse avancée par les services de sécurité est que les trois adolescents capturés jeudi près de Hébron sont toujours en vie et qu'ils n'ont pas été transférés vers la bande de Gaza. Israël affirme que la prise d'otage a été menée par des membres issus du Hamas indépendants de l'organisation à Gaza.
Il s'agit de la plus grande opération de la sorte par l'armée israélienne en Judée-Samarie depuis la seconde intifada en 2002.
Les points de passage d'Erez et de Kerem Shalom vers Gaza sont également fermés, limités aux mouvements humanitaires pour Erez et au transfert de carburants pour Kerem Shalom.
Eyal Yifrah (19 ans), Gilad Sha'ar (16 ans) et Naftali Frankel (16 ans) ont été enlevés jeudi soir alors qu'ils faisaient de l'auto-stop près d'une station de bus en Judée-Samarie pour se rendre à Jérusalem, après avoir terminé leur cours en école talmudique.
Dans une lettre adressée mardi aux forces de sécurité israéliennes, la mère de Naftali Frenkel, Rachel Frenkel, a tenu à remercier les soldats pour les efforts déployés afin de retrouver les trois Israéliens capturés. "Nous vous considérons comme nos propres enfants", a affirmé la mère de l'otage.
Hamas/Frères musulmans : même sort
"Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et le ministre de la Défense Moshe Ya’alon infligent au Hamas ce que le président égyptien Sissi inflige aux Frères musulmans depuis juillet 2013", a estimé l’analyste Ron Ben Yishai sur le site Ynet.
"Le gouvernement israélien, par le biais du Shin Bet et de Tsahal, est en train de tout mettre en œuvre pour empêcher le Hamas, affilié aux Frères musulmans, de prendre contrôle de la rue palestinienne en Judée-Samarie ", poursuit M. Ben Yishai, "de la même manière, Sissi a mis en place des mesures systématiques pour empêcher le renouveau politique des Frères musulmans".
"Il existe néanmoins une différence évidente : on ne retrouve pas la brutalité et la violence utilisée par al-Sissi dans la méthode israélienne", ajoute l’analyste israélien.
"L’enlèvement a sûrement contribué à augmenter la popularité du Hamas dans la rue palestinienne, mais ce n’est qu’une victoire à court-terme. Le Hamas est en train de perdre sur le long-terme, sa possibilité d’atteindre son but stratégique : la prise de contrôle politique et physique sur les Palestiniens, y compris en Judée-Samarie "
Selon Ben Yishai, le premier but de l’opération "Gardien de Nos frères" lancée par l’armée israélienne en Judée-Samarie, n’est pas de ramener les otages israéliens mais d’empêcher la victoire du Hamas sur l’Autorité palestinienne et l’OLP.
La coopération Fatah-Hamas se poursuit
Des responsables de l’Autorité palestiniennes ont affirmé à des acteurs internationaux que la réconciliation palestinienne Fatah/Hamas était en danger après l’enlèvement des trois adolescents israéliens, mais la réalité sur le terrain indique une tendance contraire.
Ynet rapporte qu'une délégation palestinienne de Judée-Samarie est actuellement en Egypte pour tenter de convaincre le gouvernement d'al-Sissi de rouvrir le point de passage de Rafah qui sépare la bande de Gaza du Sinaï. Par ailleurs, des discussions sont toujours en cours au sein du nouveau gouvernement palestinien d’union pour régler la crise liée au payement des fonctionnaires du Hamas.
Mardi soir, des représentants de l'aile militaire du Hamas ont tenu une conférence de presse au cours de laquelle ils ont félicité les terroristes responsables de la prise d’otage des trois Israéliens, sans revendiquer la responsabilité du mouvement terroriste palestinien dans l'attaque.
"La Judée-Samarie remplit sa mission sacrée de tenir tête à l’ennemi", ont déclaré les représentants du Hamas, affirmant que la bande de Gaza pouvait à tout moment décider de prendre part à la confrontation actuelle si Israël poursuivait ses opérations en Judée-Samarie.
Le responsable du Hamas Moussa Abu Marzouk a de son côté ajouté : "quelque soit le réel responsable de la prise d'otage, le peuple palestinien a le droit de se défendre et de faire preuve de solidarité avec les prisonniers".
Source I24News