Ra’hamim Kalanter a été, dans les années 50 un pionnier peu honorable : celui de la désertion politique. Membre du conseil municipal de Jérusalem sous l’étiquette du Hapoel Hamizra’hi (sioniste-religieux), il avait quitté sa formation d’opposition pour rejoindre la coalition travailliste du maire de l’époque Guershon Agron, lui permettant ainsi de conserver son fauteuil de maire. En échange, Kalanter avait reçu le titre d’adjoint au maire…
Depuis, dans le monde politique israélien, tout transfuge d’un parti vers un autre porte un nom : le kalantérisme. Et le moins que l’on puisse dire, après la clôture des dépôts de listes électorales, c’est que Ra’hamim Kalanter n’a jamais eu autant de disciples ! Oublié Alex Goldfarb qui en 1995, avait déserté le parti de droite Tsomet pour rejoindre la coalition d’Its’hak Rabin et lui permettre, en échange d’un poste de vice ministre et… d’une limousine de fonction, de faire ratifier par la Knesset les accords d’Oslo 2.
Dépassé également Its’hak Mordé’haï qui en 1999, avait quitté un poste de ministre de la Défense dans le gouvernement de Nétanyaou pour rejoindre un éphémère parti centriste. Au cours des dernières semaines, les personnalités politiques se sont surpassées dans l’art du transfuge. Avec bien entendu une palme incontestable pour Amir Péretz qui, une semaine à peine après avoir été désigné par les adhérents à la troisième place de la liste du parti travailliste, n’a pas hésité à leur faire un grand pied de nez en rejoignant la formation de Tsipi Livni « Hatnoua ».
Avec également une mention particulière pour Amram Mitzna, un autre ancien président travailliste qui avait pris, l’an dernier, l’engagement solennel de rester dans le parti et qui, en dépit de son image de « Mr Propre », s’est empressé de rejoindre la même Livni à la seconde place. Avec deux ex-présidents travaillistes qui prônent ouvertement un vaste compromis territorial et la création d’un État palestinien, le parti « Hatnoua » ressemble plus à une pâle copie de Méretz qu’à un véritable parti centriste. Également dans cette catégorie, les députés Kadima qui voyant leur formation s’enliser, ont trouvé refuge au Likoud (Tzahi Hanegbi), à « Hatnoua » (Méïr Chitrit) et au parti travailliste (Nahman Chaï). À ceux-là se rajoutent les éternels hésitants. Exemple : le général (rés.) Élazar Stern, qui porte kippa, et qui avait été pressenti pour être le No 2 dans la liste Am Chalem avant de tomber lui aussi dans la liste accueillante de Tsipi Livni (No 4). Comme si la formation de l’ancienne présidente de Kadima était devenue une sorte de supermarché politique, où l’on trouve un peu de tout, souvent à bas prix.
Et puis il y a ceux, et ils sont nombreux, qui manipulent le zigzag avec une incroyable dextérité : Binyamin Nétanyaou qui sur la base d’un sondage réalisé par son expert Arthur Finkelstein a enclenché la fusion des listes du Likoud et d’Israël Béteinou au grand dam de militants Likoud relégués à des places inéligibles par d’illustres inconnus fidèles à Lieberman ;ou encore Yaïr Lapid, qui a clamé que jamais il ne fera entrer de personnalité politique dans sa formation avant de proposer à Tsipi Livni la seconde place de sa liste. Bref, lorsque les Israéliens contemplent la galerie des candidats qui ont la prétention de les représenter dans la 19e Knesset, ils ont tendance à avoir la nausée. Le pire c’est qu’il y a fort à parier que ces phénomènes de mouvement et de promesses bafouées iront en s’amplifiant dans les prochaines années. À moins d’une réforme du système électoral…
Source Hamodia