jeudi 22 novembre 2012

Guerre des étoiles à l'israélienne !



Ronald Reagan avait lancé le système antimissile de la "guerre des étoiles". Ce qui n'était encore qu'une ébauche de programme avait suffi à décourager l'Union soviétique de poursuivre une course aux armements qui mettait à genoux son économie. Depuis le 14 novembre, les Israéliens, pour protéger leurs civils des tirs venant de Gaza, ont rendu opérationnelle une "mini-guerre des étoiles". Il n'est certes pas sûr que ce parapluie anti-roquettes, bien plus modeste que le programme antinucléaire américain, parvienne à convaincre le Hamas de baisser les armes. Même si sa fiabilité n'est pas totale, il aura sauvé beaucoup de vies de civils.



 
Il y a une semaine, les premières roquettes palestiniennes tombées sur le territoire israélien n'ont pas seulement provoqué des tirs de riposte de Tsahal (missiles lancés depuis des hélicoptères ou depuis des drones, bombardements des canons de marine, strafing des chasseurs bombardiers), elles ont aussi amené Israël à déployer pour la première fois, à une grande échelle, un système baptisé Iron Dome, autrement dit bouclier d'acier, dont l'objectif est d'intercepter les roquettes et missiles palestiniens à courte portée et de les détruire en vol.

Haute technologie

Tout comme sur Times Square à New York, où on affiche le montant vertigineusement croissant de la dette américaine, en Israël, on donne en temps réel le décompte des engins tirés sur les agglomérations israéliennes depuis Gaza. À ce jour, le compteur indiquait 809 depuis le 14 novembre, date du début de l'opération "Pilier de défense". Sur ce total, 450 roquettes auraient été détruites par le système Iron Dome avant d'atteindre leur objectif. Sur un territoire dont la géographie et l'histoire ont voulu qu'il soit à la fois réduit, resserré et entouré d'ennemis de toutes parts, l'idée d'un bouclier contre les attaques extérieures a toujours été privilégiée.

Batterie Anti-missile Patriot

Déjà, lors de la première guerre du Golfe, en 1991, les Américains avaient fourni à Israël des batteries antimissiles Patriot, qui ont d'ailleurs stoppé plusieurs missiles à longue portée tirés d'Irak. Depuis, une entreprise israélienne d'armement basée à Haïfa, Rafael Defense, a développé, sans doute avec l'aide financière et technologique des Américains, un système capable d'offrir une protection contre les engins d'une portée de moins de 70 kilomètres, qu'il s'agisse de missiles de type Qassam ou Grad, ou même d'obus de 155 millimètres, voire de mortiers.

Coût exorbitant

La première batterie Iron Dome avait été installée en mars 2011, à côté de Beer-Sheva, une ville de 200 000 habitants située dans le Negev, donc proche de Gaza. Puis en 2012, ce fut le tour d'Ashkelon et d'Ashdod, sur la côte méditerranéenne. Enfin, une cinquième a pris position, le week-end dernier, en protection de Tel-Aviv. Les Israéliens estiment que, pour protéger tout leur territoire, il leur faudra au mieux déployer 13 batteries. Chacune comprend un radar de détection, un logiciel qui contrôle le tir et trois lanceurs équipés chacun de vingt missiles.


 
Lorsqu'un tir est détecté à Gaza par le radar, le logiciel contrôle si sa trajectoire l'amène sur une zone considérée comme critique. Si c'est le cas, un missile intercepteur est lancé dans les secondes qui suivent. Sa tête est elle-même équipée d'un radar qui, une fois la cible acquise, s'en rapproche à une distance prédéterminée. Son explosion entraîne alors celle de la roquette ou du missile ennemis. "C'est notre petit miracle, a déclaré un lieutenant-colonel israélien en montrant la fumée d'une explosion laissée par un intercepteur qui venait de toucher sa cible. Les civils, même s'ils doivent continuer à aller aux abris, savent maintenant qu'ils sont protégés. Imaginez où nous en serions si ces centaines de roquettes avaient atteint leur objectif !"



Il y a pourtant un inconvénient majeur à cette arme magique : c'est son coût. Cinquante mille dollars le missile intercepteur. Si l'on compte un minimum de 450 interceptions, la note se monterait déjà à plus de 20 millions de dollars en huit jours. Sans que les Palestiniens aient pour autant renoncé à des actions-suicides, comme celle contre le bus de Tel-Aviv mercredi matin, auxquelles on n'a pas encore trouvé de parade aussi efficace qu'Iron Dome.

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Source Le point