Shoah: Entre 1933 et 1945, les nazis ont saisi environ 650.000 œuvres d’art, notamment des œuvres de Picasso, Matisse, Chagall et Van Gogh.
La plupart des peintures et autres œuvres volées aux familles juives ont été détruites, mais d’autres ont été vendus à l’étranger avec l’argent qui revenait à la machine de guerre nazie.
Les musées de New York n’ont jamais restituées les oeuvres d’art saisies.
Cela a pris 50 ans, mais les familles juives ont pensé qu’il pourrait enfin y avoir une justice pour ce vol massif. Plus de 40 pays se sont réunis à Washington, DC, en 1998, pour discuter de ces œuvres d’art volées et pour signer une série de principes sur le règlement des sinistres.
Les Etats-Unis ont adopté une déclaration pour enquêter sur le propriétaire des œuvres susceptibles d’avoir été pillées en Europe pendant l’époque nazie. Les principes ont appelé à une « solution juste et équitable» si les propriétaires d’avant-guerre viennent pour se réapproprier leur art.
Glenn Lowry, directeur du Musée d’Art Moderne, a promis que le Moma « n’expose et n’exposera pas sciemment des œuvres d’art volées ». Le MoMA et d’autres musées de New York ont promis d’enquêter sur leurs collections.
Plus de dix ans plus tard, le MoMA n’a rien restitué.
Le musée a commencé son « Projet de recherche sur la provenance » en 2001, se plongeant finalement dans les œuvres qu’il a acquises après 1932 et qui auraient été en Europe pendant l’époque nazie. D’autres musées de New York, y compris le Metropolitan Museum of Art, Guggenheim, musée juif et le Brooklyn Museum, ont commencé des efforts de recherche similaires.
Le site Web du MoMA dit qu’il a trouvé quelques 800 œuvres qui correspondaient à la définition de la cible, mais affirme que la majorité « a des dossiers de provenances suffisamment complets pour éliminer le risque de détournement nazi ». Un porte-parole du musée insiste même: «Nous n’avons actuellement aucune information selon laquelle l’une de ces œuvres aurait une provenance douteuse ».
Valley of the Lot at Vers
Pourtant, le site Web du musée décrit au moins une pièce, une peinture d’André Derain appelé « Valley of the Lot at Vers » comme étant saisie et «vendue par le gouvernement nazi ». Le musée l’a acheté en 1939 via une galerie détenue par un agent nazi. Le musée maintient que l’œuvre n’était pas considérée comme volée parce que les musées allemands étaient des institutions d’Etat « et l’art en leur sein appartenait au gouvernement allemand ».
Les recherches sur la provenance du Musée de Brooklyn ont abouti à environ 200 œuvres de la période nazie, mais le musée dit n’avoir reçu aucune demande et n’a rien retourné. Le Musée juif, avec environ 275 travaux concordant avec la période en question, a également déclaré qu’il n’avait pas reçu de réclamations. Le Guggenheim, qui a près de 300 œuvres concordant avec la période nazie, a refusé de dire s’il a retourné quoi que ce soit.
Une enquête menée en 2006 par la Claims Conference, une organisation basée à Manhattan qui a pour objectif la restitution des biens volés aux survivants de l’Holocauste, a conclu que les musées étaient loin de l’objectif décrit à Washington en 1998 pour identifier les œuvres d’art confisquées par les nazis.
Wesley Fisher, directeur de recherche pour la Claims Conference, a déclaré que les musées se tournent vers les tribunaux pour régler les plaintes. « Les choses devraient être jugés sur leurs faits et leur mérite« , dit Fisher. «Il y a un problème majeur aux États-Unis. Au lieu de poursuivre les discussions, les musées ont intenté des procès en utilisant des solutions techniques légales ».
Lorsque le spécialiste suédois Julius Schoeps a demandé en 2007, que lui soit retourné un Picasso du MoMA et un autre du Guggenheim, les musées ont uni leurs forces et l’ont poursuivi.
Schoeps a revendiqué que les peintures célèbres appartenaient à sa famille et qu’elles ont été vendues contre leur gré pendant le régime nazi. Les musées ont fait valoir que Schoeps n’avait pas de droit sur les œuvres.
Concernant les héritiers du peintre allemand George Grosz, ils ont essayé de récupérer trois œuvres, mais ont dit que le musée a agi de façon déloyale : le MoMA a revendiqué avec succès que la famille avait engagé une procédure trop tard.
George Grosz
L’an dernier, le MoMA a insisté sur le fait que les documents du musée obtenus par la famille Grosz dans le procès seront renvoyés ou détruits. Raymond Dowd, l’avocat de la famille Grosz, avait espéré faire don des papiers au musée de l’Holocauste pour une utilisation future dans une recherche permanente de redresser les torts de l’ère nazie.
Dowd affirme que la question va au-delà des poursuites individuelles. Alors qu’ils se sont engagés à bien agir, les musées n’ont rien fait pour trouver les familles lésées. Leur principal argument : Eh bien, personne ne s’est plaint.
« Ils cachent les registres faisant apparaître qu’ils ont reçu des biens volés puis blâment les victimes de ce crime« , a-t-il dit.