La diaspora syrienne en Israël regarde la chute de sa maison ancestrale jadis florissante causée par la guerre civile dans le pays.
En 1948, après que les Nations Unies aient voté pour la mise en œuvre d’une solution à deux Etats en Palestine, des émeutes anti-juives ont éclaté à Alep. A partir de ce moment-là jusqu’à la fin des années 1980, la communauté s’est elle-même démantelée, et la diaspora juive d’Alep a commencé à prendre forme, principalement en Israël, à Brooklyn, et en Amérique du Sud. «Nous avions l’habitude de passer l’été au Liban, près de Beyrouth, » raconte Assis. « Un été, mes parents ont loué un grand bus avec d’autres Juifs d’Alep, et seulement après avoir traversé la frontière vers le Liban ils nous ont informé que nous ne reviendrions plus jamais à Alep.«
Ils n’étaient pas seuls. Certains Juifs restent dans les pays musulmans, du Maroc à l’Iran. Leur nombre, cependant, est trop petit pour légitimer l’idée qu’à l’extérieur d’Israël il y a encore de communautés juives vibrantes au Moyen-Orient.
Mariage a Alep
Alors, quelle est la meilleure façon de se rappeler la vie juive sous la domination musulmane au Moyen-Orient? C’est une question qui a flotté à travers les salles du monde universitaire juif pendant au moins 30 ans, qui a alternativement provoqué des versions idéalisées de la vie pacifique dans le monde arabe et des contes dramatiques de persécution. En particulier parmi ceux qui se consacrent à l’histoire juive européenne, qui peinent encore à comprendre la tragédie qui a frappé la communauté juive européenne au 20ème siècle, il y a une tendance à voir la vie sous le règne musulman comme une vie extrêmement pacifique, marquée par la coexistence et même le respect mutuel. En dehors du monde universitaire, la question tend à adopter des contours politiques, avec des gens qui cherchent à placer le blâme soit sur le mouvement sioniste soit sur les populations arabes qui ont expulsé leurs anciennes communautés juives après la création de l’Etat d’Israël.
Il est clair que, pour les Juifs, Alep a été perdu en 1948. La récente destruction de monuments antiques de la ville est un simple rappel de ce qui avait déjà été perdu. Alors que la communauté d’Alep en Israël est loin d’être aussi conséquente ou puissante que celle de Brooklyn – la plus importante communauté juive d’Alep dans le monde – leur proximité avec la Syrie et leurs relations avec les Juifs originaires d’autres pays arabes donnent aux événements dans leur ville perdue, une autre sensation.
Comme pour la communauté d’Alep à Brooklyn, l’idée d’Alep vit dans les écoles et les synagogues de la communauté en exil en Israël. Au cours de notre conversation, Assis a relayé des histoires de son adolescence quand il allait ici et là au Moyen-Orient. « Quand je suis arrivé à Beyrouth et Istanbul, je me suis trouvé bien plus savant que n’importe quel autre enfant de mon âge», a-t-il dit. «Nous avons eu une éducation juive très forte, nous lisions la Bible et la traduisions sur le champ au grand étonnement de nos professeurs ».
grande synagogue d alep avant sa destruction
Les synagogues d’Alep, en particulier en Israël, se sont efforcées de protéger les aspects uniques de leur observance religieuse. Le matin du Shabbat d’hiver, nichés au fond des rues sereines du quartier Nahlot de Jérusalem, les Juifs syriens chantent Bakashot, la poésie kabbalistique originaire d’Espagne. La Grande Synagogue de la communauté juive d’Alep à Jérusalem, créée en 1901, maintient ceux-ci et d’autres traditions, comme le chant liturgique fortement influencé par l’arabe, connu sous le nom séfarade Hazanut.
Pour des gens comme Assis, le maintien de cette tradition n’est rien d’une obligation. « Le monde juif sous l’Islam a disparu« , a-t-il dit. «Vous pouvez pleurer le monde juif entier sous l’islam, il ne reste rien. Qu’advient-il des cimetières, des synagogues, des livres, de tout? D.ieu seul le sait ».
Source : Meteor Mag