lundi 2 novembre 2020

Haut-Karabakh : Moscou met en garde Ankara


Alors qu’Erdogan insultait Emmanuel Macron, Moscou a envoyé un message fort au chef de l’État turc : il est allé trop loin au Haut-Karabakh. La région séparatiste d’Azerbaïdjan, à majorité arménienne soutenue par Erevan, est en proie à des combats meurtriers depuis désormais un mois........Décryptage........

Trois cessez-le feu ont échoué depuis que la guerre s’est rallumée au Haut-Karabakh, le 27 septembre, où la majorité des 150 000 habitants a fui à l’Ouest, vers l’Arménie. 
Les troupes de l’Azerbaïdjan - à l’origine de ce nouvel épisode d’un conflit centenaire - ont sensiblement progressé à l’intérieur de ce micro-territoire enclavé, en rupture de ban avec Bakou. 
Mais elles pourraient bientôt marquer le pas. Après la plaine, elles font face aux montagnes du centre. 
Depuis ses deux bases aériennes en Arménie, la Russie est entrée dans la danse pour neutraliser ses drones armés d’origine israélienne et turque, instruments de sa domination.
« Deux pays, une Nation ». Dans une campagne de communication, le gouvernement turc vante son soutien à l’Azerbaïdjan au nom de liens ethniques et religieux. 
En creux, c’est aussi une allusion à l’ennemi héréditaire commun : l’Arménie catholique. 
Ankara, qui a également envoyé quelques milliers de ses miliciens islamisés du nord de la Syrie, passe sous silence une autre raison majeure. Cette année, Bakou est devenu son premier fournisseur de gaz naturel. 
Grâce à l’Azerbaïdjan, le pays a diminué sa dépendance énergétique historique envers la Russie. 
En 2015, Moscou s’en était servi pour l’obliger à baisser d’un ton après l’affaire du chasseur Sukhoï abattu à la frontière syrienne.
Le président Erdogan avait alors joué Moscou contre Washington, et vice et versa, pour avancer ses pions. 
Retrouver son influence de la Méditerranée orientale à la mer Noire. Redevenir le leader des sunnites. 
En 2018 et 2019, il envahit le nord de la Syrie pour en chasser les Kurdes. Les Américains approuvent. 
L’opération freine la reconquête de l’armée syrienne et de son allié russe. Erdogan s’enhardit. 
Début 2020, il approvisionne en armes son allié islamiste de Tripoli en Libye, malgré l’embargo de l’Onu. Son navire de recherche sismique et son escorte militaire multiplient les incursions dans les eaux économiques grecques et chypriotes.
À plusieurs reprises, cette politique du fait accompli a heurté les intérêts français. En juin, un incident sérieux se produit entre une frégate française et des bâtiments turcs. 
Emmanuel Macron hausse le ton, sans passer aux actes. Après une pause, Erdogan l’insulte de nouveau. 
Mais au Haut-Karabakh, il est sans doute allé trop loin. Lundi dernier, le Kremlin lui a envoyé un avertissement. Son aviation a bombardé une milice pro-turque dans la poche d’Idleb, en Syrie. 
Bilan : plus de 70 morts et une centaine de blessés. Au même moment, Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, s’affichait avec le Premier ministre grec, autre cible favorite d’Ankara.
Il y a fort à parier qu’Erdogan ne courbera pas l’échine si facilement. Son armée, que l’on disait affaiblie après les purges politiques de 2016, démontre actuellement ses capacités en mer, sur terre et dans les airs. Nos marins sont aux premières loges pour le constater.

Source Le Telegramme
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