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Le pays traverse une nouvelle crise majeure: un dictateur malade (Ali Khamenei) qui tente d’assurer sa succession; une situation économique qui frise l’effondrement total, suite aux sanctions ainsi que sous l’impact de la corruption et de la mauvaise gestion économique; la deuxième vague de pandémie de coronavirus; sans oublier les conséquences néfastes de plusieurs procès pour corruption, très médiatisés, impliquant des membres du clergé ou leurs proches, qui ont occupé ou occupent actuellement des postes de haut niveau au sein du gouvernement ou du système judiciaire. Ils sont accusés de corruption de portant sur plusieurs milliards de dollars.
En outre, l’actualité a récemment été dominée par le suicide/meurtre d’un ancien juge et ecclésiastique, Gholamreza Mansouri, à Bucarest.
Des rapports sur sa mort apparaissent à côté de photos des appartements et des villas de luxe associées à un procès en cours.
Dans ce dernier étaient nombreuses les allégations de ses liens avec d’autres religieux et personnages haut placés non-membre du clergé, corrompus et ayant tous des liens avec l’une ou l’autre des nombreuses factions de la République islamique.
Ironiquement, sur de nombreux sites d’information, on trouve également des photos de travailleurs du sucre et de mineurs se plaignant de la faim de leurs familles – conséquence directe du non-paiement de leurs salaires – ainsi que des protestations contre la privatisation.
L’ironie réside dans le fait que le chef suprême, Ali Khamenei, semble avoir l’illusion de présider un gouvernement «post-révolutionnaire», qui est arrivé au pouvoir en promettant l’«égalité».
Dans tout ce gâchis, le point culminant de la semaine de fin juin a été la défense par Ali Khamenei des chefs actuels et anciens de l’appareil judiciaire du pays: les ayatollahs Ebrahim Raisi et Amoli Larijani [président du Conseil de discernement de l’intérêt supérieur du régime].
Depuis de nombreuses années, les Iraniens sont au courant des allégations de corruption majeure parmi les hauts responsables du système judiciaire. Toutefois, l’arrestation de l’ancien député de Amoli Larijani, Akbar Tabari, en juillet 2019, pour des délits financiers, ainsi qu’un important procès pour corruption financière impliquant plusieurs juges de haut rang accusés de détournement de fonds et de corruption ces dernières semaines, ont suscité un mécontentement généralisé parmi les Iraniens ordinaires.
L’un des coaccusés dans l’affaire Abkar Tabari était le défunt Gholamreza Mansouri, connu pour avoir infligé de longues peines de prison à des militants syndicaux, des journalistes et des opposants politiques au régime.
Ces dernières années, il a été chargé d’enquêter sur les tortures dans les prisons iraniennes – bien qu’il y ait des allégations selon lesquelles il aurait lui-même été responsable de ces tortures infligées aux opposants politiques du régime.
A l’approche du procès, Gholamreza Mansouri a quitté l’Iran – les autorités l’accusant de s’être enfui avec un demi-million d’euros.
Il a d’abord prétendu être en Allemagne pour y recevoir un traitement médical, mais juste après le début du procès Abkar Tabari, le mois dernier, il est apparu à Bucarest.
Selon certaines informations, il se serait rendu à l’ambassade iranienne – peut-être pour tenter de négocier un accord permettant son retour en Iran. Si tel était le cas, il n’y a certainement pas eu d’accord, car les autorités iraniennes ont demandé à Interpol de les aider à l’extrader.
En conséquence, Gholamreza Mansouri a été arrêté.
Il devait comparaître le 10 juillet 2020 lors d’une audience au tribunal concernant son extradition, mais le 19 juin 2020, son corps a été retrouvé sur le sol devant l’hôtel Duke à Bucarest.
Apparemment, il était tombé de six étages.
L’enquête initiale suggérait un suicide, mais depuis, des doutes sont apparus. Selon certaines informations, il y avait une valise pleine dans sa chambre, ce qui suggère qu’il s’apprêtait à fuir.
Hadi Shirzad, qui dirige le département international de police iranien, a déclaré la semaine dernière que selon les informations fournies par Interpol, Mansouri avait sauté par la fenêtre de son hôtel.
Les opposants au régime voient des similitudes avec la mort de Saeed Emami, un officier de renseignement du ministère de l’Information qui était accusé d’avoir orchestré une série de meurtres politiques en Iran.
Lui aussi se serait suicidé, dans la prison Evin de Téhéran, alors qu’il attendait son procès en 1999.
Des sections de la presse iranienne ont laissé entendre à l’époque qu’Saeed Emami avait été réduit au silence pour l’empêcher d’impliquer d’autres agents des services de renseignement.
L’accusation concernant Gholamreza Mansouri est qu’il a été tué pour l’empêcher de dénoncer des complices dans des scandales de corruption impliquant de hauts fonctionnaires du gouvernement et de la justice.
Indépendamment de la véracité des allégations, personne ne peut douter de la volonté d’Ali Khamenei de pardonner aux personnes accusées de corruption majeure – tant qu’elles lui restent fidèles, bien sûr.
Un très bon exemple est celui de Mohammad Bagher Ghalibaf, qui, avec l’ouverture du nouveau majles (le parlement islamique iranien), est le nouveau président. Mohammad Bagher Ghalibaf aime toujours mettre en avant ses compétences militaires et politiques – en tant que pilote qualifié, ancien maire de Téhéran, chef de la police nationale et chef du quartier général national de lutte contre la traite des êtres humains.
Cependant, la plupart des Iraniens se souviennent des diverses accusations de corruption et de détournement de fonds portées contre lui.
En 2018, le majles a traité une motion demandant une enquête sur son époque en tant que maire de Téhéran, lorsqu’il aurait accordé à des associés proches plus de 500 millions de dollars de biens immobiliers dans les banlieues riches de la capitale, à des prix réduits.
La motion parlementaire a été abandonnée sous la pression des députés conservateurs.
Le journal américain Foreign Policy a rapidement tiré profit de la nomination de Mohammad Bagher Ghalibaf à la présidence du majles.
Dans un article intitulé «La corruption est une qualification professionnelle dans l’Iran d’aujourd’hui», nous trouvons cette affirmation: «Le nouveau président du parlement iranien est largement connu pour être un escroc – mais un fidèle.» Cependant, le soutien d’Ali Khamenei à des fonctionnaires corrompus bien connus suit sa propre logique.
L’échec de l’accord nucléaire iranien – du Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOE : l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien ou plan d’action conjoint) – et l’imposition de nouvelles sanctions sévères par les États-Unis coïncident avec une période où l’Iran s’affronte à des revers militaires en Syrie et perd des alliés politiques en Irak.
La nouvelle situation a ouvert la voie à l’ascension d’une nouvelle direction de droite dure au sein du régime.
L’ère du «réformisme islamique» touche à sa fin.
Ebrahim Raisi (photo ci-dessus) – un ecclésiastique et juge connu pour son implication dans le massacre de prisonniers politiques à la fin des années 1980 – est le nouveau chef du pouvoir judiciaire.
Ebrahim Raisi, qui s’est battu et a perdu les élections présidentielles de 2017, serait le favori de Khamenei pour devenir le prochain vali faghih (chef suprême). La campagne de lutte contre la corruption d’Ebrahim Raisi – un processus qui a commencé par le limogeage puis l’arrestation d’Akbar Tabari, ancien chef adjoint du pouvoir judiciaire – est liée à ses tentatives d’éliminer ses rivaux pour succéder à Ali Khamenei.
Il n’est pas étonnant que cette dernière tentative d’éradiquer la corruption ne soit pas prise au sérieux par la plupart des Iraniens. (Article publié dans Weekly Worker, le 2 juillet 2020; traduction rédaction A l’Encontre)
Par Yassamine Mather, enseignante à l’Université d’Oxford
Source A l'encontre
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