La journaliste Stéphanie Trouillard a adapté en bande dessinée son documentaire consacré aux lettres de Louise Pikovsky, jeune juive de Boulogne-Billancourt déportée à Auschwitz avec sa famille. Il y a dix ans, en voulant faire du vide dans une armoire du lycée Jean-de-La-Fontaine (Paris XVIe), une prof de maths tombe par hasard sur un ensemble de lettres et de photographies. Les documents ont l'air anciens et semblent reposer là depuis des décennies......Détails.......
En effet : ils appartiennent à une ancienne élève nommée Louise Pikovsky, qui a fréquenté l'établissement dans les années 1940.
Les courriers, ce sont ceux qu'elle a échangés, plusieurs mois durant, avec Mme Malingrey, sa professeure de lettres avec qui elle avait tissé une relation privilégiée.
Des craintes d'autant plus fondées que Louise Pikovsky est juive. Bouleversantes, les lettres sont servies par la plume mature d'une élève brillante, toujours première de sa classe.
«Un bon moyen pour toucher un autre public»
Son dernier courrier date du 22 janvier 1944, le jour où la lycéenne de 16 ans est arrêtée avec ses parents, ses deux sœurs et son petit frère, au domicile familial du 50, rue Georges-Sorel, à Boulogne-Billancourt. Internés à Drancy, ils sont déportés à Auschwitz, dont ils ne reviendront pas.
Cette histoire, Stéphanie Trouillard, journaliste à France 24, l'a racontée il y a trois ans dans un web documentaire auréolé de plusieurs prix.
Désormais, c'est en bande dessinée que « les Lettres retrouvées de Louise Pikovsky » reprennent vie. Un moyen de leur donner une autre dimension.
« Quand le web documentaire est sorti, plusieurs éditeurs m'ont contactée pour en faire un livre, rembobine Stéphanie Trouillard. Je me suis dit que ce serait une redite.
En revanche, j'ai pensé qu'une bande dessinée, ce serait un bon moyen pour toucher un autre public, surtout les plus jeunes. »
«Un style assez simple, plutôt coloré»
Si la BD peut tout à fait s'adresser à des adultes, les adolescents constituent un lectorat privilégié, qui peut aisément s'identifier à Louise.
« D'une certaine façon, elle représente tous les enfants qui vivaient en France et qui ont été déportés », appuie Stéphanie Trouillard. Les mots et le destin tragique de Louise Pikovsky rappellent ceux d'une autre jeune fille de son âge et de sa condition : Anne Frank.
Surtout que Louise est une jeune fille assez lumineuse : il ne fallait pas quelque chose de trop sombre, comme on voit souvent dans les BD sur la Seconde Guerre mondiale. »
Sortie le 11 mars, juste avant le confinement, « Si je reviens un jour… Les lettres retrouvées de Louise Pikovsky », est toujours bien en vue en librairies. En revanche, la crise sanitaire à quelque peu perturbé le programme de rencontres-dédicaces.
« Beaucoup de choses sont reportées à la rentrée, constate l'autrice. Mais on sait déjà qu'on sera au salon du livre de Boulogne-Billancourt en décembre. »
L'idée de rendre un hommage permanent à la famille Pikovsky, rue Georges-Sorel, fait aussi son chemin.
« Je suis en contact avec la ville de Boulogne-Billancourt sur le sujet, confie Stéphanie Trouillard. Mais comme le bâtiment est privé, ce n'est pas forcément évident.
Ça pourrait être un pavé de la mémoire, comme on en trouve dans d'autres villes … » Une plaque a en revanche déjà été posée, fin 2017, au lycée Jean-de-La-Fontaine.
« Si je reviens un jour… Les lettres retrouvées de Louise Pikovsky », de Stéphanie Trouillard et Thibaut Lambert, éditions Des ronds dans l'O, 112 pages, 20 euros.
Source Le Parisien
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