Si vous faites partie du million de personnes, et même plus, qui ont été émerveillées par chaque spectacle de l'Atelier des Lumières à Paris, vous devriez aller faire un tour à Bordeaux, à deux heures de la capitale en TGV. Ne serait-ce que pour comparer. Le spectacle numérique « Gustav Klimt, d'or et de lumière » — suivi d'un autre, inédit et splendide, sur Paul Klee — y est repris dans une version très proche, mais dans un espace… huit fois plus grand........Détails........
Culturespaces, la société qui gère l'Atelier des Lumières parisien ainsi que les Carrières de Lumières aux Baux-de-Provence (Bouches-du-Rhône), lance un troisième centre d'art numérique en France ce mercredi 10 juin : les Bassins de Lumières, nichés dans l'ancienne base sous-marine construite par les Allemands en 1941 à Bordeaux pour y planquer leurs sous-marins dans l'estuaire de la Gironde, à l'intérieur des terres.
Une puissance de décor de cinéma
En lui-même, ce lieu devenu friche, qui abritait déjà des manifestations culturelles, immenses bunkers sur l'eau, dégage une puissance de décor de cinéma. Vastes murs à nu, béton sali, humidité, et cette petite inscription en allemand au détour d'une passerelle, d'époque…
La petite-fille de Chagall n'aurait d'ailleurs pas souhaité, pour l'instant, que l'exposition numérique créée aux Baux-de-Provence et consacrée à son grand-père juif, qui avait dû fuir la France pour New York cette même année 1941, vienne à Bordeaux dans ces alvéoles ayant abrité une armada de guerre.
Mais la base sous-marine fait partie de l'histoire et du patrimoine de Bordeaux. A l'abandon après-guerre, elle a abrité des entreprises puis des expositions très courues depuis une vingtaine d'années. La Ville a confié quatre des alvéoles — autant d'abris pour sous-marin autrefois — aux Bassins de Lumières.
Des jeux de reflets dans l'eau étourdissants
Quand la répétition du show numérique commence, ce jeudi, on est surpris, en marchant d'un point de vue à l'autre, de voir surgir de l'ombre sur de petits vélos électriques, tant la distance à parcourir est grande, un ou deux techniciens procédant aux ultimes réglages. Ce Klimt se regarde donc très différemment qu'à Paris.
On est moins près des surfaces, l'image ne vient pas du sol, et pour cause : elles se reflètent des murs dans l'eau des bassins en y créant des jeux de lumière étourdissants.
La couleur vous fouette moins en gros plan mais sculpte les verts intenses du peintre autrichien qui mettent en scène ces souterrains dans lesquels pourrait être tourné un polar ou un film d'anticipation, sur des musiques de Beethoven à Mahler. Le génie du lieu.
La distanciation physique ne devrait pas poser de problèmes insurmontables dans ces 11 200 mètres carrés et 13 000 mètres d'écran retraçant la vie de Vienne au moment de l'avant-garde artistique de la Sécession, et les grands portraits et fresques de Gustav Klimt (1862-1918).
Le public devra être masqué et la jauge a été réduite à 385 personnes simultanément, contre 890 en théorie avant le confinement. Le premier week-end affiche déjà complet.
Environ 25 000 tickets avaient déjà été réservés avant l'ouverture prévue le 16 avril, et les spectateurs n'ont pour la plupart pas voulu être remboursés, attendant juin.
« Finalement ce délai nous a permis de souffler et de faire encore mieux pour les finitions », pointe Augustin de Cointet de Fillain, directeur des Bassins de Lumières, qui a dirigé ce chantier privé de 14 millions d'euros, complexe à cause de l'humidité et du sel marin, mauvais pour les projecteurs placés dans des caissons étanches.
Sans parler de l'immensité des espaces pour amener les câbles électriques, et des réverbérations du son.
« Techniquement, c'est plus compliqué que Paris ». Plus spectaculaire aussi. Le patron des lieux a aperçu un énorme silure dans l'eau. S'il pointait ses nageoires quand défilent les poissons géants de Paul Klee, on se dirait que la pêche est miraculeuse.
Bassins de Lumières à Bordeaux (Gironde), ouverture le mercredi 10 juin, la projection dure 45 minutes (on peut rester plusieurs fois).
Tarif : 13,50 euros.
Source Le Parisien
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