lundi 4 novembre 2019

Maurice Laval, une flamme résistante s’est éteinte


Le résistant déporté a traversé le XXe siècle en homme libre. Maurice Laval est mort, jeudi soir, à Quimper, à l’âge de 99 ans. Militant politique, élu, homme de presse, franc-maçon, cet indéfectible optimiste s’est battu sans relâche pour défendre un idéal républicain......Détails.......


« J’ai un moral increvable. Ma vie a été assez active mais elle est derrière moi. Il en reste un état d’indignation, comme disait mon ami Stéphane Hessel. Je continuerai à défendre l’idéal de la Résistance. 
J’essaie de transmettre un optimisme qui m’a permis de vivre », confiait-il, début mars 2014, dans sa maison de Kerfeunteun, à Quimper, alors qu’il venait d’être fait Commandeur de la Légion d'honneur.
Enfant au travail dans une imprimerie de Montrouge à 13 ans, militant socialiste dès 16 ans, secrétaire général du comité laïque des auberges de jeunesse à 20 ans, Résistant au même âge, survivant de quatre camps de concentration et d’une marche de la mort à 24 ans, cofondateur de l’hebdomadaire L’Observateur (futur Nouvel observateur) et élu municipal à 30 ans, pionnier du magazine 50 millions de consommateurs (devenu 60 millions) à 50 ans…

Homme de réseaux

Maurice Laval a traversé le XXe siècle à cent à l’heure, en homme de gauche, résolument pacifiste et anticolonialiste. 
Cet insatiable promoteur de l’esprit républicain et des droits humains était attaché à la justice sociale. 
Ces convictions-là ont imprégné ses parcours mêlés de militant, résistant, politique et journaliste.
Il fut un homme de réseaux. Réseaux clandestins, en agent de la France libre et combattant volontaire de la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale puis en agent des services spéciaux une fois le conflit terminé.
Réseaux politiques variablement socialistes : depuis son engagement aux Faucons rouges à Paris en 1936 jusqu’à la présidence du comité de soutien à Bernard Poignant lors des municipales 2014 à Quimper. Le trotskiste (« Ni Hitler ni Staline ») s’impliqua dans plusieurs partis (POI, SFIO, PSA puis PSU, Parti socialiste). 
Et s’il sut exprimer des désaccords avec les lignes officielles, il garda toujours Léon Blum et Pierre Mendès France pour mentors.

Il faut absolument lutter contre l’antisémitisme, la xénophobie, l’islamophobie

C’est avec la même volonté de contribuer à changer la société que Maurice Laval s’est investi dans la presse : par exemple à Combat, où il côtoya Albert Camus, au côté d’un autre Résistant Claude Bourdet qu’il suivit à L’Observateur, devenu France Observateur puis Le Nouvel Observateur. 
Cofondateur et directeur administratif puis commercial de l’hebdomadaire de gauche entre 1950 et 1967, il vit son bureau plastiqué par l’OAS pendant la Guerre d’Algérie, fut assigné en justice, à plusieurs reprises, par Maurice Papon.

« La barbarie reste à fleur de peau »

Réseau maçonnique aussi. Maurice Laval a entrevu la franc-maçonnerie « comme une pédagogie pour retomber sur mes pieds » après les horreurs de la guerre. 
Il cheminera des décennies avec la Grande Loge de France.
Les horreurs de la guerre, le Résistant déporté les a longtemps enfouies. Jusqu’à ce qu’il reçoive, en 2000, la Médaille de la Résistance qui lui avait été attribuée en… 1947. 
Il a alors ressenti le besoin de témoigner auprès de la jeunesse finistérienne, en écho au Concours national de la Résistance et de la Déportation. « J’ai essayé de montrer dans les écoles que la barbarie reste à fleur de peau, qu’il faut absolument lutter contre l’antisémitisme, la xénophobie, l’islamophobie », soutenait-il.
L’une de ses dernières apparitions publiques remontait au 11 janvier 2015. Ce jour-là, il se joignit à la marche de 25 000 citoyens, à Quimper, pour défendre la liberté d’expression. En homme libre, mais secoué par les attentats survenus à Paris quatre jours plus tôt.

Pratique
Locus Solus publiera, en février 2020, un livre retraçant le parcours de vie de Maurice Laval. Ses obsèques auront lieu le 7 novembre à Quimper.

Source Le Telegramme
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