La littérature concernant les rapports entre les Juifs et le IIIe Reich encombre les rayons des bibliothèques de prêt comme des Centres de Documentation et d’Information des établissements scolaires : ne pensez-vous pas le sujet épuisé ?
Il faut bien lire le titre de mon ouvrage : Aspects IGNORÉS des Juifs sous le IIIe Reich. Aviez-vous entendu parler du Saint-Louis : pas le roi de France, mais le paquebot battant pavillon à croix gammée emmenant des passagers juifs outre-Atlantique ?
Et de l’hôpital juif de Berlin, qui sous le contrôle des autorités nationales-socialistes a fonctionné jusqu’à sa « libération » par l’Armée soviétique ?
Enfin des 150 000 « Mischlinge » (« Juifs partiels ») ayant servi sous l’uniforme de la Wehrmacht durant la guerre ?
Pouvez-vous préciser ce qu’étaient ces « Mischlinge » ?
Le mot existait avant le IIIe Reich, avec la signification de « sang-mêlé » désignant les descendants d’unions entre Européen(ne)s et Africains : en français, il correspondrait donc au terme « mulâtre » ou « métis », mais pour être précis, j’ai fabriqué la formule « Juifs partiels », plus explicite.
Comme je l’expose dans le livre, ils constituaient, tant pour eux que pour les autorités allemandes de l’époque, un problème qui ne s’était guère posé auparavant : on aurait pu dire jusqu’à la fin de la Ire Guerre mondiale « Heureux comme un Juif en Allemagne ».
Les choses vont alors changer, et je m’efforce d’exposer pourquoi, alors qu’en général, on se contente d’une réponse de type « démonologique » pour une question complexe.
Et cet hôpital juif ?
Ici encore les choses ne sont pas aussi simples que l’on s’efforce généralement de le faire croire et que se l’imaginait le brave soldat rouge arrivant sur place : « Nichts Juden. Juden Kaputt ».
Il avait bel et bien subsisté un « Hôpital de la Communauté juive » à Berlin, dont les patients, les soignants et le corps médical, ainsi que le directeur (Dr Lustig), étaient uniquement composés de Juifs.
Et pas dans la clandestinité, mais supervisé par le responsable aux questions juives, Adolf Eichmann, que le public connaît au moins du fait de son enlèvement après-guerre en Amérique du Sud pour jugement et exécution en Israël. Et ledit hôpital était inspecté par lui-même ou son représentant, le SS-Sturmbahnführer (commandant) Günther.
Enfin, qu’en est-il du Saint-Louis que vous comparez à l’Exodus ?
Dans les années précédant le deuxième conflit mondial, les autorités allemandes ont cherché à se « débarrasser » de la population juive du pays sans violences inutiles : la célèbre « Nuit de Cristal » du 9 novembre 1938 a été une exception spontanée, déclenchée par l’assassinat d’un diplomate en poste à Paris par un jeune israélite.
En revanche des mesures discriminatoires ont été progressivement prises depuis l’accession d’Hitler au pouvoir, ceci dans le but de pousser les Juifs à quitter le pays. Ainsi, en mai 1938, un paquebot de la Hamburg-Amerika Linie appareillait à destination de Cuba avec pour passagers des familles juives aisées.
Elles pensaient être en règle avec les services de l’immigration du pays, mais seront victimes (déjà) d’une forme de trafic d’êtres humains, qui pour certains – en particulier des officiels – devait « payer ».
Je détaille dans mon texte cette affaire plutôt compliquée, mais peux vous livrer la conclusion : l’on ne se bousculait pas pour accueillir ces réfugiés, y compris parmi les pays qui seront en guerre avec le IIIe Reich dans les années suivantes, et dont les représentants siégeront aux tribunaux chargés ensuite de condamner les « crimes contre l’Humanité ».
Aspects ignorés des Juifs sous le IIIe Reich, Louis-Christian Gautier, Éditions Dualpha, 172 pages, 25 euros.
Source Eurolibertes
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