Au micro de Sputnik, trois experts — égyptien, saoudien et israélien — sont revenus sur les conséquences qu’aurait sur le Moyen-Orient le développement de l’arme nucléaire par la Turquie.
Auparavant Erdogan avait regretté que la Turquie soit privée de la possibilité de développer sa propre arme nucléaire.
D’après le diplomate égyptien Rakha Hasan Ahmed, ancien collaborateur du ministre des Affaires étrangères du pays, il est important de «surveiller toute nouvelle déclaration du Président turc et information à ce sujet».
«Par exemple, si la Turquie dispose d’uranium et des moyens pour l’enrichir, ou non. Il faut collecter toutes les données dans un contexte de manque d’information», a-t-il dit.
«À mon avis, il ne s’agit que de déclarations fortes pour regagner la popularité perdue après l’intervention en Syrie.»
Selon Rakha Hasan Ahmed, l’utilisation d’armes nucléaires par tout pays du Moyen-Orient «frappera toute la région, en raison de la densité de population et aux particularités géographiques». Il a en outre précisé que des États voisins et l’UE s’élèveraient contre des «projets nucléaires d’Ankara».
Sanctions en vue
Pour le directeur du Centre de recherche russo-arabe en Arabie saoudite Majed at-Tarak, «la déclaration du Président turc peut être considérée de plusieurs points de vue: national, régional et international».
«Dans le golfe Persique, on réagit avec une grande inquiétude aux informations selon lesquelles ses pays ont le droit de posséder l’arme nucléaire en réponse aux activités de la Turquie.
Tout ça mène à des conflits et à la course aux armements», a-t-il dit. Et de poursuivre:«Je ne pense pas que la Turquie soit en réalité occupée à essayer d’obtenir l’arme nucléaire. […] Mais si la Turquie en prenait finalement la décision, alors un certain nombre de pays imposeraient des sanctions à son encontre.»
Le politologue israélien Ilay Nisyan, estime que si Ankara développait sa propre arme nucléaire, cela «pousserait d’autres pays du Moyen-Orient et certains autres États à la course aux armements».
«L’Arabie saoudite et certains autres pays veulent aussi détenir l’arme nucléaire. […] Le Moyen-Orient souffre déjà d’un manque de sécurité et stabilité. Des déclarations et activités pareilles ne feraient qu’aggraver la situation», a mis en garde le politologue.
Auparavant, intervenant dans la ville de Sivas, le chef d'État turc avait qualifié d’«injuste» le fait que la Turquie soit privée de la possibilité de développer sa propre arme nucléaire.
D’après lui, il n’existe aujourd’hui «presque pas» de pays développés qui ne disposent pas de l’arme nucléaire.
Recep Tayyip Erdogan a également souligné que son pays était en train d’œuvrer pour le renforcement de ses capacités militaires.
À titre d’exemple, il a cité le récent achat de systèmes de missiles russes S-400 en dépit des pressions américaines.
Pour rappel, la Turquie est depuis 1980 signataire du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).
Source Sputnik News
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