Malgré des prises de position extrêmement contestées et un engagement à gauche très prononcé, certains milieux religieux d’Israël réagissent avec respect au décès de Yossi Sarid, trouvant chez lui des côtés positifs...
Yossi Sarid z’l est décédé subitement, à l’âge de 75 ans, à son domicile. Ses obsèques se dérouleront ce dimanche à 15 heures au cimetière de Guivat Hashelosha. Il laisse une épouse, trois enfants et plusieurs petits-enfants.
Yossi Sarid est né à Rehovot.
Il a débuté sa carrière dans le journalisme en travaillant dans les années 1960 pour le journal de gauche Davar et à la radio israélienne. En 1974, il a été élu pour la première fois à la Knesset et il a ensuite mené une vie politique intense et suivie en siégeant comme député dans neuf parlements successifs, représentant au départ le parti travailliste avant de rejoindre la formation Ratz puis Meretz, orientée encore plus à gauche.
Il a été nommé ministre dans trois gouvernements, avec d’abord le portefeuille de l’Environnement avant d’obtenir celui de l’Education sous le mandat d’Ehoud Barak. En 1996, il a remplacé Shoulamit Aloni à la tête du parti Meretz et a quitté la vie politique deux ans plus tard, se contentant par la suite d’écrire des articles pour le quotidien Haaretz.
En dépit de ses opinions très marquées, il avait su créer des liens avec certains milieux religieux comme par exemple celui de Habad. Il avait même entretenu une correspondance avec le Rabbi de Loubavitch qui avait répondu à sa lettre en Tichri 5745 (1984) en lui envoyant ses bénédictions.
Un autre témoignage est rapporté sur le site Habad on line : « Il y a 11 ans, indique-t-il, les responsables Habad de Venise ont eu la surprise de voir arriver le député Yossi Sarid, escorté de son épouse et de ses gardes du corps. Ils sont entrés dans la Yeshiva qui se trouve sur la place du ghetto juif dirigée par le Rav Rami Banin qui les a invités à prendre part au repas du Shabbat ».
« Le député Sarid a demandé une Kippa et a fait Kiddoush. Puis il a déclaré en Yiddish : ‘Hier, Simh’at Tora, c’était mon anniversaire, et je suis très heureux d’être ici dans le ghetto juif en compagnie de Hassidei Habad’. Toute l’assistance a alors chanté Mazal tov avec émotion ».
Une autre histoire touchante montre la personnalité complexe de Yossi Sarid : celui du directeur d’un Talmud Tora de Bné Brak. Le Rav Yerah’miel Belinov a indiqué qu’il y a 18 ans, il avait ouvert son école et les difficultés financières ne manquaient pas. « Je venais d’installer une salle-à-manger et j’ai décidé d’envoyer une lettre personnelle aux 120 députés de la Knesset. Le seul qui m’ait répondu était Yossi Sarid, alors ministre des Sciences, en m’envoyant un chèque de 1 000 shekels dans le cadre des œuvres d’une association liée au parti d’extrême gauche Meretz ».
« L’affaire avait d’ailleurs été évoquée à la radio, a-t-il poursuivi, et une journaliste lui avait même demandé comment il avait pu apporter sa contribution financière à une institution orthodoxe : il avait alors répondu très simplement que ‘lorsqu’il avait vu qu’il s’agissait de nourrir des enfants, il n’avait fait aucune différence entre un enfant orthodoxe et un autre’ ».
Le rabbin de Kiriat Shmona, Rav Tsefania Drori (sionisme religieux), voue lui aussi une grande reconnaissance à Yossi Sarid z’l. Il a raconté à Aroutz Sheva que Sarid était venu s’installer avec sa famille dans la ville lorsqu’elle était la cible de tirs de Katiouchas en provenance de terroristes du Liban. « Il a ouvert un bureau pour aider les habitants en détresse », a-t-il ajouté.
« En plus de ses fonctions de député, il enseignait également dans un lycée le droit civique. Contrairement à l’image qu’il donnait dans le public, il était un homme avenant toujours prêt à aider son prochain ».
Le Rav a précisé que lorsqu’il lui avait fait part de son intention de construire une Yeshivat Hesder, Sarid l’avait accompagné chez Shimon Pérès, alors ministre de la Défense, pour obtenir son accord.
Pendant le trajet, a encore indiqué le Rav Drori, Sarid lui avait confié que l’étude de la Tora lui tenait à cœur et que la construction d’une yeshiva à Kiriat Shmona « sauverait la ville ».
Malgré les déclarations parfois très virulentes de Yossi Sarid, le Rav Drori est resté en contact avec lui au fil des années. « Je n’ai pas apprécié ses propos très durs mais lorsqu’il était ici, il était fier de montrer aux autres députés qu’il avait permis la construction d’une Yeshivat Hesder en Eretz Israël ».
Le Premier ministre Binyamin Netanyahou a présenté ses condoléances à la famille de Yossi Sarid, soulignant qu’il avait joué un rôle très particulier au sein de la politique israélienne, étant un homme déterminé et parfois virulent. « Malgré nos grandes divergences sur de nombreux sujets, j’appréciais sa loyauté envers la voie qu’il avait choisie, sa vaste culture et son hébreu parfait tant dans ses déclarations que dans ses écrits ».
Le président de l’Etat Ruby Rivline, exprimant lui aussi ses regrets, a rappelé qu’il avait été ‘l’un des parlementaires et des hommes politiques les plus marquants d’Israël ».
Et d’ajouter : « Même lorsqu’ils lui adressaient des critiques acerbes, ses adversaires faisaient toujours preuve envers lui de respect. Sarid était un antagoniste difficile, profondément ancré dans ses convictions ».
Claire Dana-Picard
Source Chiourim