lundi 21 septembre 2015

« Tu sais que tu es Tunisien quand… » vs « Tu sais que tu es Ashkénaze quand… »


« Tu sais que tu es Tunisien quand… » vs « Tu sais que tu es Ashkénaze quand… »


La vogue des groupes Facebook « Tu sais que tu es… quand… » ne se dément pas, la preuve avec 2 récents succès sur le réseau social : les Tunes et les Ashkés (Jewpop est évidemment membre des deux). Nos 2 chroniqueuses de choc Jackie Schwartz et Sharon Boutboul ont squatté les 2 entités...
 
 
Les juifs de la Corniche vs les juifs des cornichons
 
Chez les Tunes, le ton est donné dès le début avec la description du groupe : « Honorez la mémoire de vos ancêtres à travers ce groupe et que d’en haut avec Baba Salé… ». Bon, Baba Salé, ça n’a rien à voir avec celui aux lentilles avec du porc dedans, c’est un barbu. Alors que chez les Ashkés, pas besoin de savoir à quoi sert le groupe, c’est comme une analyse : « commence déjà… et après tu verras bien où ça mène ! ».
Pour ce qui est des barbus, il ont été éradiqués il y a bien longtemps. Les Ashkés se tapent dessus dès qu’il s’agit de religion, c’est Auschwitz qui en fait… office, et met tout le monde d’accord. Et les histoires de communistes aussi ! D’ailleurs il y a un Goldman chez eux, mais c’est pas le frère de Jean-Jacques, le chanteur, c’est Ariel… qui devrait bientôt prendre la tête du FSJU. Le Fond Social Juif Unifié, c’est un peu le Bund qui se serait émancipé de la ligne du parti, non ?
Il faut dire que pour succéder au président sortant, le tunisien Pierre Besnainou, Ariel Goldman devrait peut-être s’inscrire dans le groupe « Tu sais que tu es Tunisien quand… ». Parce que sinon, pour la transmission des dossiers, laister, le pauvre Ariel, il va pédaler dans l’akoud !
 
La loi du nombre
 
Force est de constater qu’en quelques jours, le groupe des Tunes a vu le nombre de ses membres augmenter à une vitesse inouïe, avec, peu après sa création, un peu plus de 7000 profils. A côté, les Ashkés en sont péniblement à un peu moins de 1000 membres.
Ces derniers, avec leur morgue coutumière, vous répondraient que « ce n’est pas la quantité qui compte, mais la qualité », si ce n’est que les Tunes, c’est un peu les Palestiniens des Ashkés, ils ont l’avantage du taux de natalité. Bref, ils domineront le monde si ça continue, et faut pas compter sur les Ashkés pour repeupler le Yiddishland.
C’est vrai que maintenant qu’ils savent que le nouveau-né, c’est un futur-mort, ça tue toute velléité de famille nombreuse, même virtuelle… Au masculin comme au féminin, le ou la Tune est bien l’avenir du peuple juif !
 
 
La bouffe
 
Des photos foodophiles dans tous les sens, entre la mloukhia et le pied de veau en gelée, on a le cœur au bord des lèvres dans les 2 groupes. Mais chez les Ashkés, tout est toujours pire. En contemplant ces photos de carpes farcies gélatineuses, tu comprends mieux pourquoi la gastronomie ashké est en perte de vitesse.
Déjà, parce qu’un restau qui s’appelait l’International n’aurait pas pu survivre à la chute du Mur, mais aussi parce que depuis la Shoah, il y a moins de monde pour l’apprécier, et en… faim, parce que la kémia accompagnée d’une pkaïla, ça a beaucoup plus de goût et de gueule que des boulettes de pain azyme qui surnagent dans une eau chaude jaunasse.
Il n’y a qu’à bouffer à tous les râteliers et être inscrites, comme nous, aux deux groupes, pour s’en rendre compte immédiatement en comparant les photos.
 
  
L’art de la vanne
 
Autant la vanne ashké peut – quand elle n’est pas en yiddish – être compréhensible du commun des juifs, autant si tu n’as pas fait judéo-arabe 2ème langue, piger les blagues tunes, c’est dead. Exemple avec cette histoire de Sandrine Fellous (reproduite avec son accord) : « il y a Fritnai et Freha qui attendent l’arrivée du convoi funèbre pour l’enterrement de leur cousine Paulette, le convoi prend 2h de retard, enfin le convoi arrive, Fritnai soulagée, dit a Freha : « yai freha jete jete Colette ! ». Freha répond « chibahleye amra touil ! » (rires enregistrés). 
Niveau vannes chez les Ashkés, on comprend à peu près tout, mais c’est de l’humour pas marrant, surtout quand ce sont des vannes que racontent les parents ou les grands-parents. Exemple avec cette histoire rapportée par Fajga Rozenblatt (nom modifié pour préserver l’anonymat de ce membre) : « Chez nous, on a pas d’oiseaux en cage car quand les cosaques ont incendié le village, ils ont aidé a éteindre le feu en amenant de l’eau dans leurs petits becs » (rires enregistrés).
Finalement, il y a des fossés culturels infranchissables. Les Ashkés ne comprendront jamais l’humour des Tunes, et les Tunes n’oseront jamais rire aux vannes des Ashkés, à chaque fois, ça leur donne l’impression d’être antisémites !
  
C’était le bon temps
 
Après un rapide tour du groupe des Ashkés, on se dit qu’il a été sponsorisé par Claude Lanzmann. Bon, forcément, les souvenirs de la Shoah y sont légion, ce qui plombe parfois un peu l’atmosphère.
Heureusement, la légendaire gaieté ashkénaze reprend vite le dessus avec de bonnes vieilles histoires de pogroms (cf. plus haut paragraphe « L’art de la vanne »). Côté tune, la nostalgie n’est pas en reste, on se souvient combien c’était chouette, le temps des colonies, oups pardon, du « protectorat » (ndt : « quand on vivait en harmonie complète avec les Arabes »).
 
Le point de vue de Jackie : les Tunes écrivent en français avec beaucoup plus de fautes que les Ashkés, comme des Arabes en fait, et après ils se plaignent que c’est nous les intellos.
Le point de vue de Sharon : les Ashkés trouvent les Tunes trop bruyants, mais si leur page Facebook était sonorisée, tu les entendrais hurler de douleur devant un tonneau de cornichons vide.

Le point de vue de Jewpop : les Algériens, trop snobs, ont un groupe qui compte… 41 membres (c’est pire que le Silencio pour y rentrer) et les Marocains dépassent tout le monde avec 7984 membres ! Mohamed VI a du leur filer des t(h)unes.
 
Par Jackie Schwartz et Sharon Boutboul


Source JewPop