Depuis quelques années, les oligarques russes se précipitent en Israël pour trouver une Terre promise loin de la tourmente de la sainte mère Russie. En avril 2015, on apprenait que Roman Abramovich, le milliardaire russe qui possède le club de Chelsea, avait acheté un hôtel pour 25 millions de dollars dans la banlieue Neve Tzedek proche de Tel-Aviv...
Cet hôtel sera transformé en villa privée et cela a provoqué la colère des communautés locales. Mais le propriétaire de Chelsea est simplement le dernier d’une longue série d’oligarques qui ont débarqué en Israël pour acheter des propriétés à la pelle.
Et les 25 millions de dollars de Roman Abramovich ne sont rien comparé au prochain manoir de Valery Kogan à Caesarea, une ville au bord de la mer qui attire les millionnaires de tout poil. Valery Kogan est le propriétaire de l’aéroport Domodedovo à Moscou et on estime que cette propriété lui coutera la bagatelle de 100 millions de dollars.
La plupart des oligarques russes, qui achètent une forteresse privée sur la Terre promise, y passent seulement quelques semaines par an.
Mais cela ne les empêche pas de tenter d’obtenir la nationalité israélienne. Étant donné que la plupart de ces oligarques ont des origines juives, ils sont couverts par la Loi du Retour qui est un droit garanti à tous les juifs d’immigrer en Israël. Le gouvernement israélien veut absolument attirer les hommes d’affaires juifs dans le pays, mais pendant de nombreuses années, la plupart se contentaient de donner à des causes philanthropiques.
Et les Américains juifs étaient les plus sceptiques puisqu’ils sont partisans de l’adage : Il faut une grosse fortune pour faire une petite fortune en Israël.
Dans un effort d’attirer les personnalités et leur montagne de fric, les autorités ont adopté la posture : Pas de question sur votre fric. Récemment, les entreprises technologiques sont aussi devenues une source légitime de financement pour des investissements. Et les oligarques cherchent constamment de nouveaux pays qui pourraient les accueillir en fermant les yeux sur leur fortune.
Et plus de l’accueil chaleureux des autorités, les oligarques cherchent également la sécurité physique en Israël.
Cela semblerait ironique, mais en général, les oligarques sont protégés par autant de gardes du corps que le président américain.
Après tout, il est facile de se retrouver avec du polonium dans le thé qu’on boit le matin. Et personne ne l’avouera jamais, mais les services de renseignement russes ne se risqueront jamais à attaquer des oligarques puisqu’ils ne peuvent pas rivaliser avec le Mossad ou le Shin Bet.
Un officier russe, s’exprimant sous l’anonymat, a simplement déclaré qu’il est très rare de pouvoir assassiner quelqu’un en Israël surtout si celui-ci bénéficie de la protection des autorités.
Les oligarques sont souvent obligés d’être pour ou contre Poutine ou supporter l’une des factions qui se battent actuellement en Ukraine. À cet égard, Israël est une zone neutre où tout le monde peut se rencontrer sans craindre une extradition.
Mais les membres du gouvernement israélien ont soulevé les problèmes sur le laxisme fiscal qui peut faciliter le blanchiment d’argent. Le mois dernier, le ministre israélien des finances a tenté de convaincre le cabinet d’adopter sa proposition d’annuler une exonération de 10 ans pour déclarer les revenus et les biens des migrants en Israël. Le ministre de l’Immigration, Ze’ev Elkin, a bloqué le plan en estimant que cette exonération fiscale n’est pas pour attirer les oligarques.
Ces derniers peuvent trouver des paradis fiscaux dans le monde entier.
Mais certains sont sceptiques. Les autorités fiscales d’Israël reconnaissent que les Israéliens détiennent une richesse équivalente au 5e du PIB du pays. Une partie de l’argent se déverse dans la société, mais la majeure partie contribue à une spirale effarante des prix de l’immobilier.
De plus, on s’inquiète aussi de l’influence des oligarques sur la politique locale. Ezriel Levi, un ancien de l’Israel Land Authority, estime que le pays laisse entrer de l’argent sale qui permet aux oligarques d’accéder aux politiciens. Depuis des années, les politiciens tentent de contourner la limite des fonds destinés aux campagnes électorales.
Plusieurs politiciens israéliens incluant un ancien président et 3 premiers ministres ont subi des enquêtes pour corruption. La plupart des accusations concernaient le fait d’avoir accepté de l’argent provenant de magnats juifs à l’étranger.
Ehud Olmert, l’un des anciens premiers ministres, va faire appel de sa peine de prison pour avoir accepté de tels paiements. En devenant le terrain de jeu des oligarques, Israël va connaitre de nombreux types de scandales dans le futur. La Terre promise n’a pas le même sens pour tout le monde.
Source Actualite Houssenia Writing