dimanche 14 juin 2015

De la prison à la pub télévisée : la nouvelle carrière de Shoula Zaken

 
À peine libérée de prison, l’ex-secrétaire de l’ex-premier ministre Ehoud Olmert entame une nouvelle carrière: présentatrice de spot publicitaire. La publicité télévisée est destinée à promouvoir un produit ou une entreprise ; le choix d’une personnalité réputée pour faire de la pub est aussi une stratégie qui peut être payante pour l’annonceur. À condition de ne pas tomber dans le mauvais goût. Pourtant, une enseigne israélienne d’ameublement n’a pas hésité à confier la présentation de son dernier spot publicitaire à une personnalité pour le moins controversée : Shoula Zaken, l’ex-assistante de l’ancien Premier ministre Ehud Olmert, qui vient tout juste d’être libérée de prison...
 


RECONVERSION DANS LA TV

Souvenons-nous des faits : Shoula Zaken a servi Ehoud Olmert qui fut le Premier ministre israélien de 2006 2009, et qui fut contraint de démissionner sous l’accusation de corruption. La fidèle assistante Zaken fut aussi accusée de complicité de corruption ; après un procès très médiatisé, elle fut condamnée à 11 mois de prison ferme. Bénéficiant d’une libération conditionnelle, elle a quitté la prison de Névé-Tirza en janvier dernier, après sept mois d’enfermement.
La reconversion professionnelle de Shoula Zaken n’a pas tardé ; elle vient d’enregistrer un spot publicitaire qui vante les mérites de l’enseigne israélienne de meubles, Urban. La marque dispose de 15 magasins dans le pays qui vendent des meubles au design moderne, destinés principalement à un public jeune.

BUSINESS IMMORAL ?

Les médias israéliens se sont immédiatement emparés de la « nouvelle affaire Shoula Zaken » : une délinquante condamnée par la justice peut-elle servir d’exemple à la jeunesse israélienne, même si elle a purgé sa peine ? Non, s’insurge Assa Kasher, professeur de philosophie à l’université de Tel-Aviv et spécialiste d’éthique.
L’opinion publique aussi s’est émue de voir une personnalité condamnée dans l’une des pires affaires de corruption de l’histoire du pays (l’affaire Holyland), apparaître sur le petit écran. D’autant plus que le texte de la pub rappelle étrangement les protagonistes de la corruption qui a conduit à la condamnation de Zaken.
Du reste, ce nouveau business pourrait ne rien rapporter à Shoula Zaken ; en Israël une loi interdit à un ex-condamné de tirer un quelconque bénéfice d’une fraude ou malversation dont il s’est rendu coupable. La justice devra donc trancher.

HOUTSPA ISRAÉLIENNE ?

Shoula Zaken n’a rien innové en matière de « houtspa » israélienne : au moins deux précédents ont fait la une des médias israéliens. Dans les années 1990, un autre cas similaire avait soulevé la colère de l’opinion publique. Ronnie Leibowitz, cambrioleur de banques, avait été condamné à 14 ans de prison après avoir dévalisé une vingtaine d’agences bancaires du pays, s’enfuyant toujours en enfourchant sa moto.
Il est resté célèbre sous le nom de Ofnobank, combinaison des mots hébraïques “moto” and “banque”. À sa libération, une marque de motocyclettes a embauché l’ancien voleur de banque pour figurer dans un spot publicitaire vantant les avantages de la moto.
Autre précédent qui ne fut qu’une tentative avortée : Moussa Halperon, ex-gros bras de la pègre israélienne, fut sollicité pour figurer dans une pub commandée par une salle de remise en forme et musculation. Sous la pression de l’opinion publique, la pub n’a pas vu le jour.
 
Jacques Bendelac (Jérusalem)

Source Israel Valley