300% de taux d’occupation : au cœur de l’hiver, les services d’urgences des hôpitaux israéliens annoncent une affluence record de malades. Comment en est-on arrivé là ? Pour les spécialistes de la santé publique, la nouvelle n’est pas surprenante : la faillite du secteur hospitalier en Israël est annoncée dans différents rapports publiés ces deux ou trois dernières années par des experts, à la fois israéliens (comme la Banque d’Israël) et étrangers (comme l’OCDE)...
Tous les spécialistes, qui se sont penchés au chevet des hôpitaux israéliens, sont arrivés à la même conclusion : la faiblesse des investissements publics, qui perdure depuis plus d’une décennie, conduit les hôpitaux israéliens tout droit à la faillite. Laissons parler les chiffres.
LITS D’HÔPITAUX : À PEINE PLUS QU’AU MEXIQUE
Les hôpitaux israéliens disposent de 1,9 lit pour 1.000 habitants. C’est un des taux les plus bas des 34 pays développés membres de l’OCDE qui affichent une moyenne de 3,3 lits pour 1.000 habitants. Seuls le Mexique et le Canada font pires avec 1,5 lit pour 1.000 habitants. Depuis la fin des années 1990, presque aucun lit supplémentaire n’a été ajouté dans le secteur hospitalier en Israël alors que, sur la même période, la population israélienne a augmenté de 30%.
TAUX D’OCCUPATION : LE PLUS ÉLEVÉ DES PAYS OCCIDENTAUX
L’insuffisance des lits d’hôpitaux est la raison principale pour laquelle le taux d’occupation des lits en Israël est très élevé, obligeant parfois les hôpitaux à déployer des lits dans les couloirs. Selon l’OCDE, Israël détient le triste record du taux d’occupation : 96,6% d’occupation en moyenne annuelle, soit loin devant la moyenne de 75,1% dans les pays de l’OCDE. Et il ne s’agit que d’une moyenne annuelle : en hiver, ce taux double voire triple facilement.
MÉDECINS : EFFECTIFS EN BAISSE
En 2012, l’OCDE faisait remarquer que l’effectif moyen de médecins en Israël était semblable à la moyenne occidentale : 3,3 médecins pour 1.000 habitants. En revanche, le ministère israélien de la Santé estime que ce taux va diminuer au cours de la prochaine décennie car de nombreux médecins sont proches de l’âge de la retraite. Dans la plupart des pays de l’OCDE, c’est la tendance inverse qui est constatée : l’effectif des médecins devrait augmenter au cours des prochaines années.
INFIRMIÈRES : LANTERNE ROUGE (DEVANT LE MEXIQUE)
L’effectif d’infirmières en Israël est relativement bas : 4,8 infirmières pour 1.000 habitants, soit très en dessous de la moyenne de l’OCDE qui est de 9,1 infirmières pour 1.000 habitants. Israël devance seulement le Mexique qui ferme le classement des pays de l’OCDE avec 2,6 infirmières pour 1.000 habitants.
IRM : CINQ FOIS MOINS QUE LA MOYENNE OCCIDENTALE
Dans la médecine moderne, l’imagerie médicale occupe une place de plus en plus importante. L’appareil IRM, parfois désigné sous le nom de « scanner », (en Israël, on dira plutôt MRI selon son appellation anglaise : Magnetic Resonance Imaging) est devenu indispensable pour détecter certaines maladies. Pour s’équiper d’un appareil de MRI, un hôpital israélien doit recevoir l’agrément du ministère de la Santé. Or celui-ci donne son accord au compte-goutte, même lorsque le MRI est offert par un riche donateur.
Résultat : en 2014, Israël disposait de 18 appareils de MRI, soit moins de 3 pour 1 million d’habitants. C’est cinq fois moins que la moyenne des pays de l’OCDE (14 appareils pour 1 million d’habitants) ; seuls le Mexique et la Hongrie sont moins équipés qu’Israël.
INVESTISSEMENTS : 2,6 FOIS MOINS QUE LA MOYENNE OCDE
Il y a quelques jours, la Banque d’Israël a publié les résultats d’une étude sur le financement des investissements dans le secteur de la santé. La conclusion des chercheurs est accablante : l’investissement public dans le secteur de la santé se monte à 31 dollars par tête et par an en Israël, contre 82 dollars par tête dans les pays de l’OCDE. Difficile, dans ces conditions, de renouveler le matériel, de se moderniser ou d’agrandir les locaux des hôpitaux publics.
Résultat : l’État dépense de moins en moins pour la santé de ses administrés et c’est le secteur privé qui prend la relève. C’est ainsi qu’au début des années 2010, l’État d’Israël finançait moins de la moitié (45%) des investissements réalisés dans la santé. La majorité des investissements (55%) sont financés par des sources privées, comme les donations de l’étranger et d’Israël, ainsi que les revenus du secteur hospitalier privé.
Jacques Bendelac (Jérusalem)
Source Israel Valley