L'armée égyptienne a bombardé des bases contrôlées par des groupes se réclamant de Daech en Libye, suite à l'exécution de 21 chrétiens coptes. Le président Al-Sissi, appuyé par François Hollande, souhaite désormais que l'ONU prenne de «nouvelles mesures»...
Des camps, des sites d'entraînement et des arsenaux appartenant à des groupes affiliés à Daech, ont été la cible ce matin de bombardements menés par l'aviation égyptienne. Ces frappes font suite à la revendication par Daech de l'assassinat filmé de 21 chrétiens coptes sur une plage libyenne. Le président égyptien Al-Sissi avait dès hier réuni son état-major dans le but de préparer une riposte immédiate.
Une action, qui s'inscrit néanmoins dans un cadre plus large, L'Égypte, étant engagée depuis de longs mois dans la lutte contre Daech. La présence de jihadistes dans le Sinaï et la bande de Gaza, et l'émergence de groupuscules liés à Daech en Libye laissent en effet planer la menace d'un «encerclement» de l'Égypte à plus ou moins long terme. Une menace, qui a conduit à la remilitarisation du Sinaï, à un rapprochement avec Israël et à l'achat, effectif hier, de 24 avions Rafale à la France (lire ci-dessous).
Conseil de sécurité de l'ONU
Mais si l'Égypte s'engage concrètement contre les jihadistes, elle ne souhaite pas le faire seule. Le président Al-Sissi, soutenu par François Hollande, a en effet demandé une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies, ainsi que de «nouvelles mesures» et «une intervention ferme» pour lutter contre Daech. Présent hier au Caire, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a rappelé «la nécessité d'être vigilant, et d'être allié avec les pays de la coalition, comme l'est l'Égypte». Une collaboration efficace avec Le Caire semble en tout cas cruciale au vu de la situation en Libye. Les monarchies du Golfe et l'Iran ont pour leur part condamné ces actes, les Émirats Arabes Unis annonçant même «mettre tous leurs moyens» au service de l'Égypte.
Dans le chaos le plus total depuis la révolution de 2011, et le renversement de Kadhafi, la Libye, dont les côtes se situent à seulement 350 kilomètres de l'Italie, est depuis lors sous l'influence de jeux d'alliances et de luttes tribales complexes. Un Parlement, reconnu par la communauté internationale existe bel et bien, mais le pays est, de fait, sous le joug de coalitions armées, auxquelles viennent s'ajouter des groupuscules indépendants, ayant récemment prêté allégeance à Daech. Actuellement ces derniers ne disposent d'une base fixe que dans une seule ville (Derna, à l'est du pays), et multiplient les actions sur l'ensemble du territoire libyen, visant en particulier les raffineries. Mais ils ne comptent pas s'arrêter là.
«Nous sommes au sud de Rome» a ainsi affirmé l'un des bourreaux apparaissant sur la vidéo des meurtres, en promettant de partir bientôt à la conquête de la capitale italienne. «Laisser la situation en l'état en Libye (…) représenterait une menace claire pour la sécurité internationale et la paix» selon le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri. Plus uniquement cantonnée à l'Irak et à la Syrie, l'expansion préoccupante de Daech pourrait bien contraindre l'ONU à prendre des mesures beaucoup plus concrètes.
L'Europe menacée
Le gouvernement italien serait prêt à envoyer 5 000 soldats sur le sol libyen, et même à prendre le commandement d'une coalition internationale, dans le cadre de l'ONU. «Dépêcher des militaires en Libye devient urgent» a précisé Roberta Pinotti, ministre de la Défense. Le ministre de l'intérieur, Angelino Alfano, a lui dénoncé le risque qu'un califat se forme aux portes mêmes de l'Italie.
Ancienne colonie jusqu'en 1951, la Libye a toujours entretenu des liens étroits avec la Péninsule, notamment sous le règne de Kadhafi. Très attentif à l'évolution du pays depuis 2011, le gouvernement transalpin vient par ailleurs d'annoncer la suspension des activités de son ambassade à Tripoli, ainsi que le rapatriement de l'ensemble de son personnel diplomatique.
Source La depeche du Midi