Le mont Sinaï occupe une place importante dans l’histoire du peuple juif, puisque c’est le lieu où D.ieu, apparaissant en personne à Moché, lui remit la Torah. L’emplacement exact du mont Sinaï a longtemps fait controverse parmi archéologues et historiens. Après plusieurs années d’enquête, confrontant descriptions bibliques et découvertes sur le terrain, le Pr Sim’ha Jacobovici, qui enseigne à l’Université Huntington du Canada, pense en avoir localisé le site avec précision. Plusieurs montagnes de la péninsule du Sinaï prétendent être lieu du don de la Torah. S’agit-il du Djébel Moussa, comme le prétendent les Chrétiens – et les voyagistes ? Ou plutôt du Djébel Sinn Bishr comme l’estiment les Pr Ménaché Har-El et David Fairman ? D’autres encore affirment qu’il s’agit du Djebel Serbal...
Premier cercle
Pour le Pr Jacobovici, « le point faible de toutes ces théories, c’est qu’elles ne coïncident pas exactement avec les précisions qui figurent dans la Torah ». Et d’expliquer que « le verset de Dévarim (1,2) nous apprend que le mont Sinaï est situé à onze jours de marche de Kadech Barnéa. Ce dernier lieu est parfaitement identifié par tous les chercheurs : c’est Ain el-Qudeirat dans le nord du Sinaï. Selon le Haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, une foule très nombreuse ne saurait se déplacer plus de 15 kilomètres par jour. Le mont Sinaï ne doit donc pas se trouver à plus de 165 km de Kadech Barnéa. Ce qui élimine déjà bien d’autres montagnes. À partir de ce point, on peut donc tracer un premier cercle de 165 km de rayon. »
Second cercle
Par ailleurs, continue le Pr Jacobovici : « Il existe dans nos textes d’autres précisions : ainsi le mont Sinaï se situe à 14 jours de marche d’Élim, avant-poste du désert de Tsin. La Torah nous apprend que les enfants d’Israël sont arrivés dans le désert de Tsin trente jours après leur sortie d’Égypte, c’est-à-dire le 15 Iyar. Pour arriver à pied du mont Sinaï le 1er Sivan, ils ont dû marcher pendant 14 jours – soit 210 km – depuis Élim. Traçons donc un second cercle à partir d’Élim. » Le troisième point géographique nous est fourni par le verset de Chémot (3,12), où l’on voit Moché, qui faisait paître les troupeaux de son beau-père Ytro, être interpellé par la vision d’un buisson qui brûle sans se consumer. D.ieu lui dit alors : « Quand tu auras fait sortir ce peuple de l’Égypte, vous adorerez le Seigneur sur cette montagne même. »
Troisième cercle
Pour identifier ce dernier lieu, la Torah précise qu’Ytro qui vivait « au bord du désert [אחר המדבר] » était un exilé de Midiane (Chémot Raba). Or aucune trace archéologique d’une telle tribu n’a été localisée dans la péninsule du Sinaï. Avec une exception : Timna. Le Pr Jacobovici a alors interrogé des tribus bédouines proches de ce lieu, qui lui ont confirmé qu’ils ne s’avançaient jamais à plus de 60 km de Timna avec leurs troupeaux. « Je savais alors où planter le centre de mon troisième cercle. J’étais sûr que dans la zone de leur intersection nous trouverions une montagne qui serait l’authentique mont Sinaï. » Et effectivement, après triangulation, l’équipe du Pr Sim’ha Jacobovici arrive devant un mont, appelé Hachem el-Tarif, qui fait face à un immense plateau pouvant accueillir plusieurs centaines de milliers - voire de millions - de personnes (Chémot 12,37).
Autres preuves
Il y a plus : la tradition qui nous apprend que la hauteur du mont Sinaï était modeste. Le fait que le Djébel Hachem el-Tarif ne culmine qu’à 874 mètres, alors que nombre d’autres montagnes de la péninsule sont bien plus hautes, pourrait bien signifier qu’il s’agit du lieu où fut révélée la Torah. Par ailleurs, sa topographie rend assez facile l’ordre donné à Moché de tracer une frontière autour de la montagne (הגבל את ההר, Chémot 19,23). De plus, parmi les roches qui composent le Hachem el-Tarif et qui auraient pu servir à Moché pour sculpter les Tables de la Loi, on trouve une espèce de calcaire, de couleur blanche et au grain très fin, nommée « travertin » qui a la particularité de laisser passer la lumière quand il est taillé en plaques très minces – ce qui est conforme à la tradition, qui affirme que l’on pouvait lire le texte d’un côté comme de l’autre. Enfin, de nombreux ordonnancements de pierres ont été retrouvés au pied du Djebel Hachem el-Tarif, qui suggèrent qu’un grand nombre de personnes ont campé pendant plusieurs mois dans le voisinage de cette montagne. À ce jour, le Djébel Hachem el-Tarif est le seul lieu proposé comme site du mont Sinaï qui soit conforme aux précisions géographiques données par la Torah.
Source Hamodia