dimanche 22 juin 2014

Gros attentat au Liban-sud


Un attentat meurtrier s’est produit peu avant midi dans le village de Dar El Baïdar, au Liban, à 7 km de la rédaction de Metula. L’agression, qui semble avoir procédé d’une attaque suicide, visait un barrage des Forces de Sécurité Intérieure libanaises (FSI), et, plus précisément, le directeur de la Sûreté Générale, le général chiite Abbas Ibrahim. L’explosion s’est produite immédiatement après le passage du véhicule du général, elle a fait un mort et trente-quatre blessés mais Ibrahim s’en est sorti indemne. La charge placée dans une voiture était très importante, de l’ordre de 25 à 30 kilos selon les premiers éléments de l’enquête...
 
  Fait très curieux, le quotidien libanais An Nahar (la rivière), dans sa livraison de ce matin, rapportait les propos d’une journaliste israélienne d’origine libanaise, Julia Abou Araj, qui affirmait que des terroristes liés aux Brigades Abdallah Azzam, du camp palestinien d’Aïn el Hiloué (l’œil de la belle) à Sidon, projetaient instamment l’assassinat d’un haut responsable sécuritaire libanais. 
Julia Abou Araj, qui est employée à I24News à Jaffa, se serait basée sur une note qu’elle aurait obtenue du Mossad. 
Les Brigades Abdallah Azzam répondent aux ordres de leur guide spirituel, le cheikh Sirajeddine Zreikat. Cet organisme a déjà revendiqué plusieurs attentats visant le Hezbollah chiite. 
Suite à cet incident majeur, de nombreux axes de communication de la région de Beyrouth, notamment celui conduisant à l’aéroport international, ont été fermés par des barrages de l’Armée. 
Le général Abbas Ibrahim, natif du village sud-libanais de Kaoutariyet al Siyad dans la banlieue de Nabatiyeh, à 22 km de la rédaction, est connu pour son attachement au mouvement Amal ainsi qu’à la milice du Hezbollah, tous deux chiites. 
Bien que l’intéressé prétende œuvrer dans l’intérêt de tous les Libanais et sans considération politique ou confessionnelle, ses adversaires affirment qu’il joue un rôle instrumental dans la récupération d’unités des forces armées nationales au profit du Hezbollah et, plus particulièrement, au sein du renseignement. Une sphère extrêmement disputée entre les sunnites, qui y sont représentés en nombres, et les chiites.  
A la décharge du général, nous mentionnerons qu’il jouissait de la confiance absolue de feu le président chrétien Elias Hraoui et du Premier ministre sunnite assassiné par le Hezbollah Rafic Hariri. 
C’est un autre président chrétien, Emile Lahoud, qui nommera Abbas Ibrahim à la tête du Régiment de lutte contre le terrorisme, un poste qu’il occupera quatre années durant. 
Ibrahim entretenait des relations privilégiées avec la communauté palestinienne au Liban ; il fut notamment le premier officier supérieur à se risquer à l’intérieur du camp d’Aïn el Hiloué. 
Mais tout cela, c’était avant l’implication directe du Hezb dans la Guerre Civile syrienne et le conflit ouvert entre l’Etat Islamique en Iraq et au Levant, sunnite, et les chiites du sud de l’Iraq. 
Les Brigades Abdallah Azzam du cheikh Sirajeddine Zreikat sont connues pour se situer dans la mouvance d’Al Qaeda, à l’instar d’autres groupuscules sunnites libanais, qui combattent les chiites au Liban comme les chiites combattent les sunnites en Syrie. 
Israël pouvait aussi, en théorie, avoir intérêt à faire disparaitre Abbas Ibrahim à cause de l’influence pro-Hezbollah qu’il exerce au sein des Forces Armées libanaises, mais en apparence seulement, car, à Jérusalem, on considère ce général comme un personnage équilibré exerçant une influence stabilisatrice dans la région.  
De plus, on hésitera cette fois à Beyrouth à condamner l’Etat Hébreu pour cet attentat alors que c’est le Mossad qui a prévenu les autorités libanaises de son imminence par l’intermédiaire de Julia Abou Araj. 
On imagine mal, en effet, que cette journaliste ait fracassé les coffres forts de l’agence israélienne de renseignement, alors qu’il est largement plus plausible qu’une main bienveillante lui ait remis le rapport en question afin de prévenir les autorités libanaises.  
On reste donc, ce vendredi, après cette nouvelle secousse majeure, dans un Liban de plus en plus impliqué dans les conflits régionaux religieux opposant, en Syrie et en Iraq, chiites et sunnites.  
Avec un tiers de Libanais appartenant à chacune de ces deux obédiences, un Etat quasi inexistant, une armée fantomatique, on ne pouvait que rêver que ce conflit régional ne traversât pas nos malingres frontières. Et, malheureusement, tout laisse à penser que la situation va encore se détériorer durant les prochains mois, à moins qu’il ne s’agisse de semaines.
 

Source Mena Press