Des plaques à la mémoire des Juifs déportés en 1944 de Transylvanie, région du nord-ouest de la Roumanie cédée à la Hongrie de Miklos Horthy en 1940, ont été érigées dans plusieurs gares roumaines, a-t-on appris mardi de source officielle. « Il s’agit d’un hommage à la mémoire des quelque 132.000 Juifs de la Transylvanie du nord morts à Auschwitz, le premier geste officiel de l’Etat roumain à leur égard depuis 70 ans », a déclaré à l’AFP Alexandru Florian, le directeur de l’Institut Elie Wiesel pour l’étude de l’Holocauste en Roumanie, à l’origine de cette initiative...
Au total 11 plaques seront installées d’ici le 3 juin dans autant de gares de Transylvanie, théâtre en 1944 de la déportation de 80 % des Juifs de cette région.
« En mai et juin 1944, 131 639 Juifs –hommes, femmes et enfants– du nord de la Transylvanie, placée sous l’occupation fasciste du régime Horthy, ont été déportés par la gendarmerie hongroise et remis aux autorités nazies. Quasiment tous ont été exterminés », peut-on lire sur l’une de ces plaques.
« Que la mémoire de cette tragédie reste vive, comme un avertissement pour les générations futures », poursuit ce texte.
Selon le rapport d’une commission internationale d’historiens dirigée par le Prix Nobel de la Paix Elie Wiesel, les Juifs du nord de la Transylvanie ont été rassemblés dans des ghettos à partir du 3 mai 1944, avant d’être embarqués dans des trains, moins de deux semaines plus tard.
« Chaque train transportait 3 000 Juifs, entassés dans des wagons de marchandises, à raison de 70 à 80 par wagon », indique ce rapport, décrivant la brutalité des gendarmes lors d’une opération « minutieusement préparée ».
Selon ce texte, entre 280 000 et 380 000 Juifs roumains et ukrainiens sont par ailleurs morts sous le régime du maréchal pro-nazi roumain Ion Antonescu dans les territoires contrôlés par la Roumanie.
Une ville hongroise a décidé mardi de débaptiser sa place centrale, qui portait depuis 2012 le nom de Miklos Horthy, dirigeant hongrois allié des nazis pendant la Seconde guerre mondiale.
« C’était une erreur, je m’excuse pour tous ceux qui se sont sentis blessés », a déclaré Levente Gyenes, maire de Gyomro, une quarantaine de kilomètres à l’est de la capitale hongroise.
La principale place de la petite bourgade de 15 000 habitants avait été baptisée Place Miklos Horthy sur proposition du parti d’extrême droite Jobbik, troisième force politique au Parlement hongrois.
Elle portera à partir de dimanche le nom de « place principale », selon la décision du conseil municipal.
Un référendum local pour faire changer le nom de la place avait été invalidé début 2013, faute de participation suffisante.
Sous la régence de Miklos Horthy, des lois antijuives avaient été adoptées en Hongrie dès les années 1920, et plus particulièrement en 1938. Au total, plus de 500 000 Juifs hongrois ont péri dans l’Holocauste.
En Hongrie, on assiste depuis peu à la renaissance d’un culte de ce dictateur, à l’initiative du Jobbik, mais endossé aussi par des responsables du parti conservateur Fidesz au pouvoir, et qui va de pair avec une multiplication des incidents à caractère antisémite.
Une loi hongroise interdit depuis 2013 de nommer des rues ou des places du nom d’un personnage historique associé à un régime dictatorial. Mais le texte ne concerne pas Horthy, qui n’est pas considéré officiellement comme un dictateur.
Source Times Of Israel