mercredi 28 mai 2014

TF1: le reportage sur Jérusalem bidonné par Patrick Fandio


Voilà quelques semaines j’ai été contactée par une équipe de TF1 qui tournait un sujet sur le tramway de Jérusalem. Etant française et habitant sur la ligne du tramway, à Pisgat Zeev, les journalistes voulaient m’interroger sur ce moyen de transport et ma vie en Israel. Rendez-vous était donc pris à Mahané Yehuda pour retourner ensemble chez moi à Pisgat Zeev en tramway tout en parlant de mon quotidien...
 

L’interview par Patrick Fandio (qui a déjà été pris la main dans le sac dans une affaire de Pallywood) a duré deux heures et a porté sur des sujets variés.
Certaines questions étaient un peu “hors sujet” et tendancieuses, notamment sur la situation de Pisgat Zeev, si près du mur de séparation, des arabes etc…Mais je repondais toujours en montrant que la vie sur le terrain à Jesusalem et encore plus à Pisgat Zeev, est plurielle. Le mélange des populations est un fait bien réel et bien vécu ici.
En voyant le reportage ce dimanche au journal de 13 heures, je suis tombée de haut !

Pour voir le reportage : 
http://videos.tf1.fr/jt-we/2014/zoom-sur-jerusalem-ville-de-melanges-8424071.html

Tout ce qui reste de ces deux heures d’interview, est une phrase sortie de son contexte.
Par contre, les commentaires off, vont bon train et on m’attribue des phrases que je n’ai jamais pronnoncées: Pisgat Zeev est “un quartier israélien de colonisation…”  “ Elle (moi) a écrit un guide sur Jérusalem, tout Jérusalem y compris pour elle cette implantation juive…” “ Une colonie de peuplement avec ces grands appartements bon marché construits en terrotoire palestinien occupé…  ” .

Voilà comment on intervient dans un reportage sur le tramway, pour se voir transformer en colon, profiteur.
Pas la peine de rappeler que là ou se trouve Pisgat Zeev actuellement était vide de tout habitant et occupé par la Jordanie avant 1967.
Patrick Fandio, en cherchant une française de Pisgat Zeev, n’avait visiblement aucune intention de montrer la réalite de la vie le long du tramway, du moins de ce coté de la ligne, contrairement à ce qu’il  laissait entendre. Il ne cherchait qu’un visage à montrer en écho de ses commentaires, déjà tout préparés. Ou plutot, de ses clichés, véhiculés inlassablement et si facilement par TF1 et d’autres médias français.
Il faut un peu de courage quand on est journaliste pour oser regarder la situation telle qu’elle est sur le terrain – ni blanche ni noire – et la rapporter même si ça ne doit pas plaire à tout le monde.
Suis-je complètement surprise? Non pas vraiment. On sait bien que sur deux heures d’interview, seules quelques minutes seront à l’antenne. Mais on ne s’attend pas à devenir malgré soi, le visage d’une réalité falsifiée, que l’on n’incarne pas et qui n’est pas la nôtre!
On espère toujours que ce qu’on dira lors d’une interview sera compris, ou au moins seulement écouté.
Cette lettre ouverte est une façon de dire à Patrick Fandio qu’on ne peut pas jouer impunément avec l’image des personnes qu’on interroge.
Le journalisme, le vrai, demande une certaine éthique. Mais sur certains sujets “brulants” il semble que ce soit trop demandé !
Cette lettre est surtout destinée à mettre en garde tous ceux qui seront contactés par des journalistes de médias francophones pour parler de leur vie en Israel, quant à ce qu’ils pourraient estimer être la sincerité et l’ouverture d’esprit de ces journalistes.
Si vous voulez savoir ce qui se passe réellement en Israel, venez sur place vous faire votre propre opinion. Vous serez surpris par la réalité !

Source JerusalemPlus